La main tendue [Yoshiki-Bou-Toshi Terminé]

Yoshiki était resté en retrait mais ne pouvait s'empêcher d'observer la scène... Kaoru était... il ne trouvait même pas de mot pour décrire le trou béant de son cœur.
Pauvre enfant...

Néanmoins, il fronça les sourcils... Pour lui, Toshi lui en disait trop pour l'instant, Kaoru était encore si faible, il fallait le ménager mais ce qui était dit l'était et il soupira intérieurement.

Ils ramenèrent Kaoru à sa chambre... avant de voir débarquer un petit bout de chou dont les paroles crevaient le cœur... mais Kaoru eut un élan d'amour pur envers lui qui fit sourire Yoshiki malgré le drame de la situation.

Dormir ici?

-Non, coupa Yoshiki. Hiro, ton papa a besoin de se reposer... Je suis désolé poussin mais... Ce soir, tu retournes dans ton lit, d'accord? Tu peux dormir avec Toshi et moi si tu veux, mais laisse Kaoru...

C'était horrible de dire ça mais... Kaoru s'était drogué, le manque ne tarderait probablement pas à se faire sentir, et il était hors de question que Hiro assiste à ça!

Hiro plissa un petit nez déçu :

- Mais ze ferai pas de bruits...

Toshi s'y mit aussi :

- Chaton s'il te plaît...il vaut mieux que Kaoru dorme seul ce soir crois-moi.

Hiro bouda un peu mais il finit par aller faire un gros bisou à Kaoru :

- Tu m'as manqué...
- Toi aussi bébé...
- Ze vais dormir avec vous alors ! lança Hiro à Toshi et Yoshiki avant de partir s'installer dans leur chambre.

Toshi aida Kaoru à se relever et le coucha dans son lit :

- Maintenant il faut absolument que tu te calmes et que tu te reposes d'accord ?

Kaoru acquiesça mais eut besoin d'ajouter :

- Toshi...je suis drogué... j'ai peur d'avoir..des réactions...
- Ca ne m'étonne pas vraiment vu l'endroit où t'as traîné... dit Toshi d'une voix douce. Ne t'en fais pas, on va faire ce qu'il faudra pour te débarasser de cette saloperie.

Yoshiki fut soulagé que Hiro n'insiste pas trop.
C'était vraiment une perle cet enfant!

Il sourit tendrement en le voyant s'éclipser guillerettement puis soupira à la phrase de Kaoru.

La drogue...
Réellement le pire fléau de cette putain de planète!

Il s'assit sur le lit du jeune homme, caressant distraitement son front.

-Kaoru, est-ce que tu te souviens de ce que tu as pris? En quelle quantité?

Ce serait bien de savoir...
Car certaines drogues, tu sais ,peuvent créer des états de manque... mortels...
Et il serait bête de te perdre maintenant que nous t'avons retrouvé...

Ce fut dur pour Kaoru de réfléchir à tout ça dans l'état où il était.

- Je sais plus...je crois...que j'en prenais tous les soirs. Avec de l'alcool quand. Je passais la nuit dans cette putain de discothèque et il y avait des tas de trucs qui traînaient. Parfois le boss m'en donnait pendant la journée. J'en ai pris...ce matin...c'est pour ça que j'étais encore sous l'effet quand tu m'as trouvé...

Il frissonna. Il avait une nausée persistante.

- Je...je me battrai contre le manque. Je ne veux pas que les enfants ni que Bou sachent que je suis devenu un camé.

Yoshiki soupira.
Mouais, ça n'avançait pas trop le problème, ils ne savaient toujours pas quel genre de drogue Kaoru avait bien pu ingérer...

Néanmoins il ne dit rien et se contenta d'un sourire apaisant.

-Je sais que tu te battras, ça, je n'ai aucun doutes... et tu pourras compter sur notre soutiens... Néanmoins, se sortir de la drogue tu sais, ça prend du temps, je pense qu'il faudra le leur dire, ne serait-ce que pour expliquer ton état et qu'ils ne s'inquiètent pas trop...

Il déposa un léger baiser sur son front, souriant toujours.

-Tu n'es pas un grand drogué non plus. ajouta-t-il avec un clin d'œil. Et je n'ai pas vu de traces de piqûres... Par voix orales, ce ne sont pas les plus dures dont je pense qu'il n'y aura pas trop de problème... Allez, dors maintenant, à moins que tu veuilles manger quelque chose avant?

Kaoru secoua la tête :

- Non, je ne pourrai rien garder sur l'estomac là...et la drogue, c'était souvent de l'extasy...Je prendrai pour...oublier que j'étais au fond du trou.

Toshi lui caressa doucement les cheveux :

- C'est bon, oublie ça pour l'instant, on verra tout ça demain. Si jamais tu te sentais mal, n'hésite pas à frapper à notre porte.
- Ok...

Kaoru remonta la couette et se tourna sur le côté pour s'endormir. Toshi prit Yoshiki par la main et le conduisit hors de la pièce. Il l'embrassa doucement sur la joue :

- T'as assuré comme d'habitude. Maintenant, nous savons qu'il les aime toujours et j'ai bon espoir pour Bou.

Yoshiki sourit tristement au pauvre gosse puis le borda avant de se laisser emmener par son mari.
Las, il se laissa chuter dans un canapé en soupirant.

-J'espère que son amour suffira à le ramener parmi nous... murmura-t-il, le regard un peu vague. Bou est tellement, tellement faible...

Y a-t-il encore une chance de le sauver?

Fatigué par tout ça, Yoshiki se bouina dans les bras de Toshi en s'agrippant à lui.

-Tu sais... ce soir... j'ai bien faillit tous les tuer... osuffla-t-il. Et Kaoru aussi... Il était dans un état... si tu avais vu, l'endroit où il vivait il... Toshi... Ils l'ont forcé... il servait de pute à leur chef... Comment tu veux qu'il se remette d'un truc pareil?

Toshi serra Yoshiki dans ses bras, le câlinant de son mieux en embrassant ses cheveux.

- Parce que Kaoru est un costaud. Il est endurci par la vie qu'il a eue avant de venir ici et même Bou n'a pas suffit à le ramollir. Je suis sûr qu'ils vont s'en sortir. On a déjà vu l'amour ramener à la vie quelqu'un qui était mort avec Sirius et Yasu. Kaoru saura forcémenent ramener Bou qui n'est qu'en catatonie.

Il le prit par la main :

- Viens, il est temps d'aller se coucher. Seulement Hiro dort avec nous alors ne te mets pas tout nu ! XD

Yoshiki soupira mais acquiesça.
Il voulait tellement y croire seulement au fond, il n'avait que peu d'espoir...
Ce n'était pas Toshi qui avait senti le gouffre béant qui brûlait la poitrine du pauvre petit Bou...

Néanmoins, il n'ajouta rien et suivit Toshi jusqu'à la chambre avec un sourire.

-Oui monsieur. répondit-il en enfilant un pantalon de pyjama par dessus son boxer.

Puis, après un dernier baiser, il se glissa sous les draps.
Hiro, lui, dormait déjà et vint se bouiner contre son torse ce qui lui fit avoir un sourire tendre alors qu'il replaçait doucement la couverture sur leurs corps.

-Je vous aime. murmura-t-il.

Toshi sourit tendrement et prit la main de Yoshiki par-dessus l'enfant qui dormait.
Ils s'assoupirent comme ça jusqu'au lendemain.

Hiro fut le premier réveillé. Il sourit en voyant qu'il était pris en sandwich entre Toshi et Yoshiki. Dans sa petite tête d'enfant, passa l'idée de les chatouiller pour les réveiller mais il se souvint de Kaoru.
Il préféra se lever rapidement pour courir dans sa chambre et voir comment il allait.

Comme Yoshiki l'avait craint, Kaoru commençait à ressentir le manque de drogue. Il était déjà levé et tournait dans sa chambre comme un lion en cage, ne sachant que faire pour se soulager de ce besoin viscéral qui le torturait. Il avait la migraine et son corps tremblait encore.

Hiro rentra dans sa chambre et dit aussitôt :

- Ca va Papa Kao ? T'es tout pâle...

Kaoru s'agenouilla près de lui.

- Hiro...je suis...un peu malade tu vois. Et...je risque d'être un peu bizarre pendant quelques temps. Ne m'en veut pas...
- Qu'est- ce que t'as ?
- J'ai avalé des choses pas bonnes du tout pour la santé. Ca peut me rendre nerveux.

Hiro ne comprit pas mais il fit quand même un gros câlin à Kaoru.

Quand Yoshiki se réveilla, Hiro n'était plus dans le lit.
Fronçant les sourcils, il se leva sans réveiller Toshi et parti à sa recherche... le trouvant bien rapidement, dans la chambre de Kaoru qui n'allait pas génialissimement bien...

Il soupira et pris Hiro dans ses bras.

-Hiro, mon ange écoute... Ton papa va être malade pendant quelques temps alors, on va le laisser se reposer... Vas prendre ton petit déjeuner, Tony va te le préparer d'accord?

Le petit garçon acquiesça et après un dernier bisous à la joue toute moite de Kaoru, fila sans demander son reste.

Yoshiki se rapprocha du jeune homme et lui pris la main en le forçant gentiment à s'asseoir sur le lit.
Il posa une main douce sur son front, faisant passer quelques ondes appaisantes dans son corps.

-Ça va... je m'attendais à pire. sourit-il gentiment. Mais les quelques prochains jours vont être difficiles... Néanmoins, je suppose que tu voudrais voir Bou non?

- J'aimerais bien oui. Je crève de trouille mais il faut que j'essaie de le sortir de cet état. Tant pis s'il ne me pardonne pas mais qu'il revive ! J'ai failli y aller en me levant mais j'ai préféré d'attendre...j'avais peur de l'achever. Allons-y maintenant s'il te plaît.

Kaoru se leva et entraîna lui-même Yoshiki dans la chambre de Bou qui n'avait pas bougé depuis la veille.
Il s'assit par terre à son chevet, atteré par son visage blême :

- Il n'a plus été conscient depuis que je suis parti ?

Yoshiki soupira en voyant l'empressement de Kaoru et le laissa un instant seul, revenant avec un flacon de potion.

-Bois ça. dit-il simplement.

Une petite chose contre le manque... ça t'aidera, durant quelques heures au moins. Et autant que Bou ne te vois pas dans le pire état dès son réveil!

-Bou est resté évanoui durant deux jours. lui répondit-il. Il ne s'est réveillé que rarement et de moins en moins ces derniers jours... Il ne veut pas vivre tu comprends?

Doucement, il s'assit sur le matelas du blond et lui caressa les cheveux.

-Bou... chaton... Réveilles-toi s'il te plaît...

Mais Bou restait inconscient.

-Aller, on se secoue... continua-t-il avec tendresse. Bou...

Il l'appela ainsi durant de longues minutes avant que le jeune homme ne papillonne faiblement des yeux... pour détourner la tête.

-Laissez... moi... murmura-t-il quasi inaudiblement.
-Non Bou, nous devons parler.

Bou soupira mais ne dit rien.

-J'ai retrouvé Kaoru.

Ses petites mains se crispèrent sur les draps.

-Il t'aime toujours... Écoutes-moi bien, Kaoru a dû partir, pour te protéger parce que des horribles gens voulaient s'en prendre à toi... Ce qu'il t'a dit, ce n'était pas vrai, c'était juste pour que tu l'oublies tu comprends? Il a beaucoup souffert tu sais, vraiment beaucoup ,et te voir dans un tel état, par sa faute, lui fait énormément de mal tu sais...

Quelques petites larmes, pourtant taries depuis longtemps, coulèrent sur les joues du pauvre blondinet. à bout de forces.

-Il... me... déteste... articula-t-il péniblement.

Kaoru resta à l'écart et silencieux et laissa Yoshiki essayer de préparer Bou à son retour.
Mais les paroles de son amant lui firent tellement mal qu'il fut incapable de se taire davantage.

Il s'approcha et se pencha sur lui mais il resta derrière sa tête pour ne pas l'effrayer par sa vue. Il ne fit que lui caresser les cheveux et murmura :

- Bou c'est moi... Je suis vraiment revenu...

Il prit deux secondes pour inspirer profondément et poursuivit :

- Je peux même pas te dire que je suis désolé...ce que je t'ai fait est trop grave. J'ose même pas te demander de me pardonner. Ecoute-moi seulement.

Il y a plus de deux semaines de ça, j'ai croisé d'anciennes connaissances. Ils sont devenus mafieux. Ils m'ont ordonné de rejoindre leurs rangs et de les aider avec mes pouvoirs. Si je refusais, ils te tueraient à la sortie d'une de tes séances photos. Ils en étaient parfaitement capables. Alors... j'ai tout fait pour que tu me jettes. J'ai pas voulu te mettre dans cet état. Je voulais juste que tu me haisses avant de disparaître. J'ai pensé que tu souffrirais moins de mon absence comme ça. C'est pour ça que je t'ai dit toutes ces horreurs.

Il lui caressa doucement la joue :

- C'est la solution la plus conne que j'ai jamais trouvée... Mais je veux juste te dire que je voulais vous protéger. Et que je n'ai jamais cessé de vous aimer. Moi aussi j'ai voulu mourir. Mais Yoshiki m'a trouvé et m'a dit dans quel état tu étais. Je voudrais que tu recommences à vivre maintenant. T'as le droit de me détester mais moi je ne te déteste pas. Je t'aime.

Il attrapa la main amaigrie de Bou et y posa un long baiser. Il ne savait pas quoi dire d'autre. Et Bou semblait trop faible pour être capable d'écouter un discours plus long. Il voulait juste lui faire comprendre qu'il l'aimait toujours.

Bou tremblait faiblement et la voix de Kaoru le fit tressaillir.
Il croyait être en train de rêver, une rêve bien cruel où Kao serait vraiment là, revenu, pour de vrai...
Il pouvait sentir ses douces caresses dans ses cheveux, sa présence, son odeur.
Il ferma les yeux.
Non, non... c'était beaucoup trop douloureux....
Vas-t'en méchant rêve, vas-t'en je t'en prie!
Je ne supporte pas je...
Laissez-moi mourir...

La voix de Kaoru s'éleva, Yoshiki se reculant quelque peu.
Il fallait que Kao soit fort et convainquant...

Mais Bou semblait un peu parti, très loin d'ici et il pris peur.
Le blondinet n'écoutait pas vraiment, son esprit se fermant de plus en plus et lorsque le discours du plu âgé se termina et qu'il embrassa la main si frêle de son aimé, un spasme le pris...

Yoshiki se précipita au chevet du petit blond et écarta le plus grand sans ménagement.

-Bou! Bordel Bou pas maintenant! Tu vas pas nous lâcher tu m'entends? Kaoru est là, il t'aime idiot, il est revenu! Il a besoin de toi, je t'en prie Bou... Bou... appela-t-il en sentant le désespoir le gagner.

Et merde!

Quand Yoshiki le poussa, Kaoru atterrit sur les fesses, horrifié de la réaction de Bou.
Tout d'abord, il n'osa plus s'approcher, convaincu de lui faire deux fois plus de mal s'il continuait de s'accrocher. Mais quand il entendit la voix désespérée de Yoshiki, il paniqua.
Bou allait mourir ? Et par sa faute ?

Même si Yoshiki l'avait poussé, il revint à la charge et attrapa la main de Bou en la serrant de toutes ses forces :

- Ne fais pas ça...Pourquoi tu meurs, pourquoi tu ne te bats pas ?!!! Bou je suis vraiment là, je t'aime !!!

Tout ce remue-ménage finit par réveiller Toshi qui débarqua en trombe, cheveux hérissés, yeux cernés et qui comprit tout de suite ce qui se passait. Il eut la présence d'esprit de fermer la porte à clef pour que Hiro n'entre pas puis il se précipita :

- Oh mon dieu c'est pas vrai ! Yoshiki prends mon énergie si tu veux ! On va faire comme le jour de l'accouchement, il faut qu'on essaye de le ramener !

Le désespoir de Kaoru faisait peine à voir mais Yoshiki en savait plus quoi faire et il secoua négativement la tête à la demande de Toshi.

-On peut pas... il ne veut pas vivre! Je peux pas lui donner une énergie qu'il refusera... Y a rien à faire... Il faut qu'il revienne de lui même... Kao je t'en prie, il n'y a que toi qui puisse faire quelque chose!

Que toi Kao que toi...
C'est ton amour qui le tue, il faut que tu le ramènes à la vie, il le faut!

Les forces de Bou, déjà quasi inexistante, semblaient fuir désormais... Il était sourd, aveugle, et s'enfonçait de plus en plus dans les méandres de l'obscurité...

Kaoru ne savait absolument pas ce qu'il pouvait faire. Mais quand Yoshiki lui demanda d'agir, il ne le fit pas dire deux fois.
Il souleva Bou de façon à s'asseoir sur son lit, callé contre le dossier avec lui dans les bras. Il était déjà léger en temps normal mais là il avait l'impression d'avoir une poupée de chiffon.

Puisque les mots ne marchaient pas, il n'y avait plus que les gestes. Il embrassa Bou comme un désespéré, pendant d'interminables secondes. Il fit passer son souffle chaud dans sa bouche comme s'il pouvait véhiculer de la force vitale.
C'était pas facile d'encaisser tout ça pour lui car il n'était pas au top de sa forme non plus. Mais pour l'instant, l'angoisse avait supplanté les effets du manque.

- Reviens...bordel de merde reviens ! Bou...il faut que tu me croies...Je ferai tout ce que tu voudras pour me faire pardonner mais reviens !!!

Il l'embrassait, le serrait contre lui en sentant à peine ses larmes. Et si ça ne marchait pas ?

Yoshiki tenait la main de Toshi comme si sa vie en dépendait.
Jamais il ne s'était senti aussi impuissant...

Il ne pouvait rien faire d'autre que de regarder la scène déchirante qui se déroulait devant ses yeux.
Le pauvre Kaoru, anéanti, faisait de son mieux pour prouver son amour à Bou qui semblait perdu et dont Yoshiki sentait l'aura faiblir inlassablement.
Trop de douleur pour un pauvre petit cœur.

Et Kaoru qui pleurait pleurait!
Lui-même ne put retenir quelques larmes.
Après tout,les deux adolescents étaient comme ses enfants et les voir ainsi... il s'en serait tiré une balle!

Les minutes s'égrainèrent, longues comme des heures, et on entendit bientôt Hiro cogner désespérément à la porte.
Les pleurs d'Amiyu se faisaient entendre aussi, le bébé s'était réveillé et il voulait son biberon!

-Toshi, vas-y... Je reste là. souffla-t-il alors que Kaoru continuait vainement de tenter de ramener Bou à la vie.

Toshi se battait pour se retenir de pleurer. Et il fit bien car Hiro allait paniquer s'il le voyait pleurer.
Il embrassa Yoshiki. Il aurait voulu trouver quelque chose à dire mais il commençait sérieusement à craindre le pire.

Il sortit de la pièce en traversant le mur et Hiro lui sauta tout de suite dessus :

- Qu'est-ce qui se passe ?!

Toshi fit celui qui était calme et réussit même l'exploit de sourire :

- Rien de grave chaton, Bou est un peu malade tu le sais bien. Kaoru essaie de le soigner. Allez c'est pas grave, tu as bien mangé ? On va donner son biberon à Amiyu.

Hiro, rassuré par le ton faussement badin de Toshi le suivit sans discuter.

Mais dans la chambre, c'était un drame. Kaoru, épuisé, semblait dans un état second.

- Yoshiki...pourquoi je peux pas crever à sa place...dit-il d'une voix faible. Je pourrais pas lui donner ma vie pour qu'il s'en sorte ? La magie peut pas faire ça ?

Il serrait Bou toujours aussi inerte et l'embrassait partout sur le visage :

- Bou je t'en supplie... Réveille-toi..Qu'est-ce qu'il faut que je fasse putain ?!!!

S'il y a un dieu dans ce putain de monde, qu'il vienne à son aide !!! Qu'on prenne ma vie pour la lui donner mais je ne veux pas qu'il meure !!

Yoshiki se rapprocha des deux enfants enlacés quand Toshi se fut éclipsé et s'assit sur le matelas près d'eux, se contenant au maximum.
C'était tellement, tellement horrible...

-Je suis désolé... souffla-t-il à Kaoru. Je... Je ne sais pas quoi faire. avoua-t-il. Je... Kao, je pense qu'il n'y a que toi qui puisse l'aider, mais je ne sais pas comment... Je suis désolé...

Il posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune homme, anéanti, et tenta de lui transmettre force et calme même s'il était lui aussi au bord de la crise de nerfs.
Et Bou qui continuait à s'enfoncer...

Avec un dernier spasme, le petit blond cessa soudain de respirer, totalement inerte désormais, et Yoshiki se mordit les lèvres pour ne pas éclater en sanglots.

Non...
Bou...

Il réfléchit à toute allure alors que cette scène ne lui rappelait que de bien trop horribles souvenirs... puis une idée germa dans sa tête et il pris Kaoru par les épaules.

-Kao écoutes moi! fit-il rapidement. Je suis désolé mais... J'ai une idée... Kaoru, ça va faire mal mais il faut qu'on essaye...

Kaoru sentit presque son coeur s'arrêter de battre en même temps que celui de Bou. Mais il n'eut pas le temps de laisser éclater son désespoir parce que Yoshiki l'attrapa par les épaules et commença à lui dire qu'il y avait peut-être un dernier espoir :

- Tout ce que tu voudras ! criat-il. Je me fous de la douleur, je me fous d'en crever mais fais quelque chose !!! J'ai tout essayé, je sais pas quoi faire de plus !

Il allait falloir faire très très vite mais... Yoshiki avait bon espoir...
S son propre sang et sa protection avaient ramené Bou à la vie alors... le sang amoureux de Kaoru devrait pouvoir l'aider cette fois non?

Yoshiki fouilla dans la table de chevet à la va-vite et en sorti une dague.
Il pris le bras de Kaoru, le regardant dans les yeux... et l'ouvrit sur la longueur.
Désolé de te faire aussi mal, Kao...

Le sang jaillit et Yoshiki le fit couler dans la bouche du petit blond qui se retrouva tout barbouillé de rouge.
Puis il pris aussi son poignet et lui fit une petite entaille, permettant ainsi au sang de Kaoru de pénétrer directement dans son corps.

Il prononça quelques étranges paroles dans un murmure et une lumière dorée illumina leurs plaies.

-Vous êtes mariés maintenant... murmura-t-il.

En quelques sortes du moins... Il venait de lier leurs corps par la magie... et Kaoru n'allait probablement pas tarder à sentir son cœur se briser comme celui de Bou mais, s'il était assez fort, il le prendrait par la main et le ramènerait à la surface.
Dans le cas contraire - et il se mordit les lèvres en se maudissant de n'y penser que maintenant! - ils mourraient tous les deux...

Kaoru serra les dents quand Yoshiki lui entailla le bras mais ne poussa pas une plainte et se laissa totalement faire.
Bientôt un grand filet de sang s'échappa de son bras et coula dans la bouche de Bou.

Mariés ?! Dire qu'il avait toujours trouvé le mariage profondément ringard et ennuyeux...M'enfin c'était pas le moment de penser à ça et puis ça ne changerait rien dans les fait si jamais ils avaient le bonheur de reprendre leur vie d'avant.

Plus le sang coulait et plus Kaoru ressentait le vide à l'intérieur de Bou. Son visage pâlit de plus en plus, il sentit le monde tourner autour de lui mais il fit de gros efforts pour tenir le coup. Il saisit la main de Bou et posa sa tête sur le matelas, trop épuisé pour se tenir droit :

- Reviens...tu sens ma force maintenant non ? Tu sens peut-être que j'aime vraiment...Alors sors de ce néant et réveille-toi...

Yoshiki sentait Kaoru s'affaiblir et ne put qu'imaginer la douleur qu'il devait ressentir.
Après tout sentir réellement le cœur de l'autre brisé par sa faute devait être la pire des épreuves...

Il le laissa s'allonger, gardant un contact avec lui pour tenter de lui transmettre un peu de sa force et attendit.
Il n'y avait rien d'autre à faire...

Bou, qui s'était enfoncé au plus profond des ténèbres, entrevit une étrange lueur au loin.. et une voix, lointaine, si lointaine qui semblait l'appeler...
Une chaleur brûlante se déversa dans son corps, un amour si pur qu'il sembla le brûler de l'intérieur...

-Ka... o...

Yoshiki releva brusquement la tête.
Oui... oui, ils avaient réussi!

Fou de joie, il laissa un immense sourire orner son visage et nettoya le sang d'un geste de la main, refermant les plaise des deux amants.
Mais les cicatrices restèrent, marques de leur lien indestructible désormais.

-Bou... murmura-t-il en caressant son visage pâle. Allez... reviens maintenant...

Le petit blond se mit à tousser et Yoshiki l'aida à se redresser pour ne pas qu'il s'étouffe en lui frottant doucement le dos.
Et puis, il papillonnait difficilement des paupières mais ses yeux s'ouvrirent sur deux océans d'incompréhensions et de larmes.

-Là... tout va bien maintenant... murmura-t-il doucement. Kaoru est là, on est là et ça va aller...
-Kao?

Difficilement, Bou tourna la tête vers Kaoru, pâle, épuisé mais bel et bien là... et se jeta dans ses bras en pleurant toutes les larmes de son petit corps...