La main tendue [Yoshiki-Bou-Toshi Terminé]

Depuis ce jour horrible où Kaoru avait quitté Bou, il était devenu l'ombre de lui-même.

Il avait marché sur cette route, pendant une bonne partie de la nuit, en pleurant d'une façon qu'il n'aurait jamais osé faire devant quelqu'un. Arrivé en ville, il s'était rendu dans leur repaire.

Ses anciens compagnons faisaient partie d'un puissant groupe de mafioso dont le bizness principal était celui de la nuit. Tous étaient des humains normaux mais ils étaient au courant de ses pouvoirs puisque Kaoru avait été le chef de la bande de petites frappes qui l'avait retrouvé. Leur patron leur avait ordonné de le recruter, pensant qu'une recrue aux pouvoirs surnaturels lui seraient d'une grande utilité dans sa guerre contre d'autres groupes.
Il voulait faire de Kaoru son assassin flamboyant, une mascote effrayante à agiter sous le nez de ses adversaires.
Et on ne refuse pas la proposition d'un mafieux.

Kaoru avait commencé par refuser. Ils l'avaient menacé. Il avait répondu que Yoshiki pouvait tous les réduire à néant à lui tout seul.

Oui mais ça ne te rendra pas ton chéri que nous aurons assassiné avant !

Là il s'était senti piégé. Ils savaient où Bou venait faire ses séances photos. Ils pouvaient s'abattre sur lui à n'importe quel moment. Il s'était senti responsable. Bou risquait de mourir à cause de son passé de voyou. Ils lui avaient promis de le laisser tranquille s'il les rejoignait. Là était la raison qui l'avait obligé à jouer cette sinistre comédie.

Depuis qu'il était là, il était un mort-vivant. Le boss l'avait placé dans une chambre, à l'étage d'une de ses boîtes de nuits. Il l'avait sous la main comme un chien à qui il n'avait plus qu'à dire "attaque" quand ça lui chantait. Il le tenait en laisse par la vie de Bou.

Kaoru n'avait plus rien à perdre. Il ne se défendait plus. Quand le boss ne lui demandait pas de lui faire une pipe pour s'assurer de son obéissance, il passait ses nuits dans la boîte. Drogue, tabac, alcool...en quelques jours, il avait rattrapé toutes les années de conneries qu'il n'avait pas eu à l'école.
Il avait beaucoup de succès. Il se faisait draguer dix fois par soirée par des hommes et des femmes. Il en ramenait dans sa chambre ou les suivait chez eux. Il s'en foutait complètement. Il les baisait avec violence et ils aimaient ça.

Le jour, il se terrait comme un animal dans sa chambre, souvent malade à cause d'une surdose d'extasy. Il ne s'était plus rasé depuis son arrivé, à peine lavé. Tout ce qu'il espèrait à présent, c'était de crever très vite d'une overdose. Il était destiné à devenir une loque et son destin l'avait rattrapé. Il voulait juste en finir.

Cela faisait déjà... seize jours aujourd'hui...
Seize jours que Kao avait détruit le cœur de Bou et quitté sa famille...
Seize jours que le pauvre jeune homme sombrait...
Quatorze jours que Yoshiki et Toshi essayaient de le maintenir en vie...
Quatorze jours que les recherches avaient commencées...

Yoshiki avait eu beaucoup de mal à trouver des renseignements, ne sachant pas trop où chercher en priorité mais finalement, il y était parvenu...
Et il avait finit par plus ou moins comprendre l'étendue des dégâts, quand, par hasard, il avait entendu que le clan de mafieux du coin était en train de devenir le plus puissant de la région.
Étrange retournement de situation pour eux qui n'étaient pas vraiment très haut placés...
Mais depuis deux semaines environ ,ils avaient apparemment une nouvelle arme... humaine et surnaturelle...

Oh Kaoru, dans quoi t'es-tu embarqué?

Lui qui n'avait pas vraiment pensé à pousser ses recherches dans un tel environnement avait alors joué de son charisme, de ses contacts et de sa force pour s'infiltrer dans ce milieu... et il l'avait trouvé...
Kaoru, pauvre petite arme...

L'hôtel miteux dans lequel il atterrit après avoir suivit les informations donnés par ses contacts lui fit avoir une grimace de dégoût.
C'était plus un bordel ou un hôtel de passe miteux de seconde zone qu'autre chose...
Il entra néanmoins, se débrouillant pour se renseigner sans trop en avoir l'air et bientôt, il grimpait aux deuxième étage (sans ascenseur, bien évidemment XD) où devait se trouver la chambre de Kaoru.
Les cadavres de bouteilles qui jonchaient le sol... parfois assortis de leurs alcooliques... les cafards qui pullulaient... les cris faux des prostituées qui résonnaient à travers les bien trop minces cloisons... il cru même voir passer un rat!
Tout cela lui donnait envie de vomir mais il restait digne, fier, presque hautain et charismatique... et c'est donc ainsi qu'il frappa à la porte qu'on lui avait désignée.

Kaoru...
Je vais te sortir d'ici mon garçon, je te le promet...

Kaoru était sur son grabat encore sous le coup de sa dose d'extasy. A tout moment, il croyait entendre un bébé qui lui rappelait son propre fils.

Il avait tant d'excès qu'il avait vomi toute la nuit. Le manque des gens qu'il aimait était tellement fort qu'il avait l'impression que tout son corps n'était qu'une immense douleur.
Il ne dormait presque pas, il délirait seulement.

Quand il entendit frapper des coups, il crut que c'était son patron qui venait encore lui demander de se prostituer pour lui. Il mourait d'envie de le tuer. Il ne l'avait pas fait à cause de Bou mais pourrait-il encore tenir longtemps ? Sa haine était si forte qu'il avait rêvé plusieurs fois de l'étrangler à pleine mains avant de mettre le feu au bâtiment. En restant dedans.

Il se traîna plus qu'il ne marcha vers la porte qu'il ouvrit. Et il faillit s'écrouler quand il vit qui c'était.

- Yoshiki...

Yoshiki avait un mal fou à faire la part des choses dans cet endroit.
Les sentiments glauques qu'il percevaient de partout lui donnaient mal à la tête... et cela n'avait pas l'air d'être mieux à l'intérieur de cette chambre dont il attendait patiemment que l'occupant vienne lui ouvrir.

Il entendit des pas lourds et sentit une présence... déchirée s'approcher du panneau de bois qui finit par s'ouvrir dans un grincement sinistre sur un Kaoru absolument, méconnaissable.

- Yoshiki...

Le blond sourit doucement et entra, refermant la porte derrière lui sans un mot mais sans la moindre hostilité bon plus.
Définitivement, le petit semblait avoir besoin d'aide, et de rien d'autre...
Du moins, pas tout de suite.

-Tu es dans un état épouvantable. souffla-t-il doucement en le détaillant.

Mon dieu Kao, mais qu'es-tu devenu?!

Kaoru voyait flou et son esprit était trop embrouillé pour qu'il soit capable d'expliquer posément à Yoshiki ce qu'il faisait là.

En titubant, il alla s'affaler sur son matelas avec une énorme envie de pleurer. L'apparition de Yoshiki ramenait également virtuellement toute sa famille.

- Tu es venu pour m'engueuler..., dit-il d'une voix sans timbre, ses yeux voilés fixant un point indéfini. Et t'aurais bien raison... Ou sinon, malin comme tu es, tu as déjà deviné pourquoi j'ai fait ça.

Il hésita très longtemps avant de poser une question qui lui brûlait douloureusement les lèvres. Mais finalement ce fut plus fort que lui

- Comment ils vont ?

Le jeune homme était vraiment dans un état atrocement lamentable qui serra le cœur de Yoshiki.
Il le regarda tituber jusqu'à son lit ou du moins, l'horrible chose qui avait vaguement dû s'y apparenter un jour, et ne bougea pas, restant là, droit, à le regarder, à l'écouter...
Kaoru semblait au trente-sixième dessous...

- Tu es venu pour m'engueuler..., Et t'aurais
bien raison... Ou sinon, malin comme tu es, tu as déjà deviné pourquoi
j'ai fait ça.
-Non. répondit-il doucement. Je ne suis nullement venu pour te faire la morale, Kaoru.

Il gardait un ton calme et aussi doux que possible.
Autant ne pas le briser plus qu'il ne semblait déjà l'être.

-Quant à tes raisons... je suppose que nous en discuterons plus tard...

Le plus urgent, c'est de te sortir de là.

- Comment ils vont ?

Yoshiki soupira et s'assit sur le matelas, près du jeune homme.

-Amiyu se porte bien... Tu lui manques je crois mais il n'a pas réellement conscience de ce qu'il se passe... Hiro pourrait aller mieux, mais il tient bon...
Quant à Bou...

Il plongea son regard dans celui de Kaoru.

-Il se laisse mourir... Et nous n'avons plus beaucoup d'espoir de le voir revenir un jour...

Il ne l'engueulait pas...c'était bien Yoshiki ça. On pouvait toujours compter sur lui même si on ne lui demandait rien.

Il se laisse mourir... Et nous n'avons plus beaucoup d'espoir de le voir revenir un jour...

Un haut-le-coeur affreux secoua une nouvelle fois Kaoru. Il se leva brusquement et alla vomir dans un coin de la chambre. Mais avec tout ce qu'il avait déjà rendu, il n'y eut plus que de la bile et un peu de sang à cause de son état lamentable.
Ses nerfs, déjà bien fragiles, lâchèrent et il éclata en sanglots, à genoux sur le sol et secoué de tremblements.

- Pourquoi ?!! cria-t-il d'une voix ulcérée. Pourquoi il ne me déteste pas ?! Je voulais qu'il me haisse !! J'ai pas fait ça pour qu'il se laisse mourir !!! Je voulais qu'il vive sans moi !!!

Sa voix se brisa, remplacée par d'incontenables sanglots.

Yoshiki restait calme malgré l'envie de serrer Kao contre lui, de le protéger... ou bien de lui coller une baffe monumentale en le traitant de tous les noms.
Mais oui, il restait calme.

Kaoru se leva soudainement et alla vomir ce que contenait son estomac, apparemment pas grand chose.
De toutes façons, le gosse puait la drogue et l'alcool et son visage creusé ne laissait place à aucun doutes quand à son état de santé.
Il soupira, et posa une main sur l'épaule du jeune homme visiblement à bout qui venait d'éclater en sanglots.

-Bou... a cru que tu l'avais abandonner à cause d'Amiyu. lui expliqua-t-il calmement. Il a eu le cœur brisé tu sais, j'ai eu un mal fou à le ramener, il était quasiment dans le coma quand nous l'avons trouvé. Kaoru... Il est persuadé d'avoir gâché ta vie et que tu le détestes à cause de ça... Imagine ce qu'il ressent, il t'aime plus que tout et il crois t'avoir détruit...

Ce n'était pas vraiment le moment pour avoir ce genres d'explications mais, Yoshiki se devait au moins de répondre à ses questions...

-Il ne te déteste pas, personne ne te déteste... Mais tu manques à tout le monde...

Chaque mot de Yoshiki s'enfonça droit dans le coeur de Kaoru. Même ce coup-là il l'avait raté. Sa dispute avec Bou n'avait absolument pas eu l'effet qu'il voulait. Bou l'aimait tellement qu'au lieu de lui en vouloir, il se faisait des reproches à lui-même

Qu'est-ce que j'ai fait...

Complètement à bout, il se jeta brusquement dans les bras de Yoshiki, secoué d'une véritable crise de larmes. Finie la fierté de macho.

- Ils l'ont menacé !! Ils ont menacé de le tuer si je venais pas avec eux ! Ils savaient l'endroit où il fait ses séances photos. J'ai eu peur...ils sont tellement puissants...ils auraient pu le tuer n'importe quand... Je voulais le protéger pas le faire mourir !! Yoshiki..je veux partir...il m'obligé...

A ce moment-là, la porte s'ouvrit de nouveau brusquement et un homme ventru d'une cinquantaine d'années au visage mauvais toisa Kaoru et surtout Yoshiki :

- Kaoru, dans mon bureau et que ça saute ! T'es qui toi ? dit-il d'un air agressif à Yoshiki. Fous-moi le camp de là, les étrangers n'ont pas le droit d'être ici !

Kaoru s'agrippa à Yoshiki, devenu soudain presque fragile et lui murmura :

- C'est le chef des mafiosi. Je sais ce qu'il va me faire faire dans son bureau...

Il fut incapable de continuer sous peine de vomir encore.

Le désespoir du jeune homme était à cœur fendre mais l'amour brûlant qu'il semblait toujours éprouver pour Bou le rasséréna quelque peu.
Il y avait encore un bon espoir à son avis...

Lorsque Kaoru se jeta dans ses bras pour y pleurer tout son saoul, épuisé et mal en point, Yoshiki referma sur lui une étreinte tendre et paternelle en le laissant déverser ses larmes. Ça ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire.
Il passa une main douce dans ses cheveux loin d'être reluisant et continua à l'écouter avec calme.

Ainsi, il avait vu juste, ils l'avaient fait chanter... et lui s'était sacrifié finalement pour protéger sa famille.
Oh certes, il avait été stupide de n'en parler à personne mais, son courage et sa dévotion forçaient tout de même l'admiration.
Il ne pouvait qu'imaginer la douleur que les paroles qu'il avait dû balancer à Bou lui avaient occasionné... Lui-même en aurait été strictement incapable, même pour protéger la vie de Toshi...

Il s'apprêtait à le réconforter en lui disant quelques douces paroles quand la porte s'ouvrit brusquement sur un homme tout ce qu'il y avait de plus antipathique.
Le ton qu'il employa et le murmure de Kaoru ne firent que renforcer cette impression de dégoût et Yoshiki se redressa après avoir calé Kaoru contre le mur, imposant de charisme et le regard meurtrier.

-Je vous prierais de ne pas me parler aussi familièrement. fit-il d'une voix froide à en geler le Sahara. Quant à savoir qui je suis, cela ne vous regarde aucunement... Néanmoins,je serais assez amusé d'entendre votre défense concernant ce que vous avez fait à ce jeune homme... Et croyez-moi, vous avez intérêt à être convainquant...

Kaoru se blottit dans un coin. Il se sentait plus rassuré. Il avait une telle confiance en Yoshiki qu'il ne doutait que l'autre salopard n'allait pas avoir la moindre chance en face de lui.

L'homme sentit le charisme écrasant mais il eut plus l'effet de l'énerver que de l'intimider :

- Non mais je rêve ! Tu te prends pour qui p'tit snobinard ? T'es de la police ? Le gosse c'est ma p'tite pute si tu tiens à le savoir ! Et maintenant, je vais te faire regretter d'avoir mis les pieds ici.

Il sortit un revolver et tira. La balle traversa l'épaule de Yoshiki sous les yeux horrifiés de Kaoru qui se précipita :

- YOSHIKI !!

Les paroles de l'autre gros dégueulasse mirent Yoshiki dans une rage folle.
Ta pute?
Tu as FORCE Kaoru à faire ce genre de chose avec... ça...?
Nan mais tu t'es vu?
Ce mec est une bombe et toi tu...
ARGH!

Les yeux du demi-vampire s'étrécirent dangereusement et il le laissa lui tirer dessus.
La douleur fut vive, certes, mais ne l'empêcha pas de s'avancer vers lui.
Du sang... il ne lui manquait plus que cela pour réellement "péter les plombs"...

Il jeta un regard à Kaoru ,lui intimant muettement de pas approcher puis se retourna vers le vieux mafieux avec un sourire carnassier d'où dépassaient ses ravissantes canines...

Dans un mouvement si rapide qu'il paru instantané, Yoshiki envoya valser le révolver et se retrouva derrière l'homme qu'il immobilisa de ses bras surnaturellement puissants, ses crocs à quelques millimètres à peine de sa gorge.

-Kaoru n'est pas le seul à posséder des pouvoirs... murmura-t-il. Tu as déjà vu un vampire dis-moi?

Son ton était à glacer le sang et l'aura de puissance qu'il dégageait aurait fait fuir Chuck Norris, la queue entre les jambes!

Kaoru ne bougea pas, cloué sur place par l'impressionnant pouvoir que dégageait Yoshiki.

Quand au mafieux, il se fit dessus tellement Yoshiki était effrayant. Il pouvait bien croire aux vampires après avoir vu u gamin qui contrôle le feu. Il se mit à beugler :

- A l'aide !!!

Et aussitôt, on entendit des bruits de pas monter en courant l'escalier :

- Yoshiki, ce sont ses hommes qui arrivent ! Ils sont tous armés ! cria Kaoru.

Il était dans un sale état mais la présence de Yoshiki l'avait revigoré assez pour qu'il se décide à bouger un peu. Yoshiki n'allait pas survivre à plusieurs revolvers pointés sur lui.

Il fit quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Il sortit de la pièce, se posta en haut des escaliers et se transforma en véritable torche humaine, prête à incendier le bâtiment :

- Pas un geste où vous êtes tous morts !!!!

Les autres, épouvantés, ne bougèrent pas. Kaoru se serait fait un plaisir de tous les tuer d'ailleurs. Seule la présence de Yoshiki l'en empêchait, il ne voulait pas devenir un meurtrier sous ses yeux.

Tout se passa tellement vite que Yoshiki n'eut pas vraiment le temps d'empêcher Kaoru de faire quoi que ce soit...
Et pourtant, il l'aurait bien voulu... Étaler ainsi ses pouvoirs n'était pas une bonne idée et puis, du feu dans un lieu aussi délabré était dangereux...
Mine de rien, Yoshiki savait que beaucoup d'âmes innocentes, bien que torturées, étaient présentes en ces lieux et il ne voulait pas courir de risque...

D'un geste, il envoya valdinguer le vieux bonhomme, ramassant le flingue au sol qu'il tordit sans le moindre effort pour le rendre inutilisable puis rejoignit Kaoru.

-Cesse cela Kao, ça ne sert à rien. dit-il fermement. Tu risques de tuer des gens qui n'y sont pour rien dans cette histoire.

Sans prendre le temps de voir si le gosse s'était calmé, il enclencha son fameux mode "turbo"... et un éclair plus tard, tous les hommes se retrouvaient à terre en gémissant, leurs armes inutilisables dans un joli tas de ferraille un mètre plus loin.

Il remonta ensuite et empoigna le chef par le col, le plaquant au mur.

-Écoutes-moi bien toi... Tu as de la chance, je suis calme ce soir. Je ne te tuerais pas bien que l'envie m'en démange mais... planter mes crocs dans ta chaire infecte ne me tente absolument pas. Kaoru vient avec moi. Et si j'apprends que toi ou l'un de tes hommes à essayer de l'approcher, de le menacer ou ne serait-ce que de le contacter, crois-moi, tu ne vivras pas longtemps et personne ne retrouvera ton cadavre... J'ai faim en ce moment...

Un nouveau sourire plus que prédateur plus tard, Yoshiki laissa l'homme s'effondrer au sol et dans un mouvement faisant claquer son long manteau de cuir noir, il se retourna et sorti de nouveau de la chambre.

-Et ça vaut aussi pour sa famille... Touchez à un seul de leurs cheveux et vous êtes morts, tous. ajouta-t-il froidement.

L'autre ne moufta pas, totalement terrifié.

Kaoru avait éteint son feu et il traversa avec Yoshiki la pièce sans aucune difficulté car les hommes s'écartaient de peur sur leur passage.

- Yoshiki ? demanda Kaoru une fois qu'ils furent dehors. On rentre à l'école ?

J'ai peur...

Il fut encore secoucé d'un nouveau haut-le-coeur mais plus rien ne sortit tellement il s'était vidé. Son estomac le brûlait terriblement et il avait la tête qui tournait. Il était malade et il espérait ne pas avoir choppé une saloperie grave avec la vie qu'il avait menée.

Yoshiki gardait son allure froide et hautaine, terrifiante...
Il sorti de l'hôtel miteux avec Kaoru puis soupira en s'adossant à un mur.

-Tu t'es mis dans de beaux draps... murmura-t-il.

Il n'aimait pas ça, avoir à montrer l'étendue de ses pouvoirs à des humains, surtout de la pire espèce...
Si les êtres magiques vivaient caché, c'était pour une bonne raison, la mésaventure de Kaoru en était la preuve incontestable!

- Yoshiki ? On rentre à l'école ?

Il tourna un regard fatigué vers lui et lui sourit avec un peu de tristesse, effleurant doucement sa joue.

-Tu veux rentrer? demanda-t-il.

Il sentait la faiblesse du gosse et ne voulait qu'une chose, l'aider à remonter la pente, à se soigner, à reprendre des forces et surtout, à se désintoxiquer de toutes les saloperies qu'il avait dû ingérer mais... Kaoru avait encore un libre arbitre, il devait le respecter...

Le doute que Yoshiki émit fit mal à Kaoru qui pâlit encore un peu plus :

- J'ai pas voulu ça...Si tu savais...ce que j'ai enduré...quand j'ai dit toutes ces horreurs à Bou. J'ai même gueulé sur Amiyu...j'ai cru que j'allais crever !!! cria-t-il en se remettant à trembler sous l'effet de ses nerfs épuisés. J'ai nulle part où aller...à part là bas...Mais...j'ai peur que Bou ne me pardonne pas...il aurait bien raison... Mais...je veux rentrer...je veux lui dire de pas mourir. Je veux le revoir et revoir mon fils...

A bout de forces, il s'appuya contre Yoshiki, la respiration entrecoupée de sanglots et brusquement, il perdit connaissance.

La détresse de Kaoru était tellement palpable que les larmes menacèrent de monter aux yeux de Yoshiki.
Ses paroles étaient... déchirantes...

Il accueillit le jeune homme tremblant et sanglotant dans ses bras et le retint quand il s'évanouit.
Pauvre petit homme... il était totalement à bout, épuisé aussi bien physiquement que nerveusement.

Soupirant, il le souleva, constatant qu'il devait avoir perdu dix bons kilos, et repris le chemin de l'école, l'esprit tourmenté mais avec l'espoir que tout s'arrangerait.
Kaoru aimait Bou plus que tout... ils finiraient par se retrouver et par guérir, ensemble.

Une petite demie-heure plus tard, alors qu'on était déjà au beau milieu de la nuit, Yoshiki poussait la porte de ses appartements, étonné de voir que Toshi l'attendait encore dans le salon à une heure aussi tardive.

-Tu veux bien lui faire couler un bain? dit-il pour tout bonsoir. Il en a vraiment besoin...

Toshi bondit de son canapé. Sachant que Yoshiki voulait ramener Kao ce soir, il n'avait pas pu fermer l'oeil.
Il pâlit devant l'état lamentable dans lequel le jeune homme était. Il semblait ne pas s'être lavé depuis un moment et sa barbe le vieillissait de dix ans !

Il remit les questions à plus tard et alla vite fait faire couler un bain. Heureusement que tout le monde dormait pour ne pas voir ça et il fit son maximum pour ne pas faire de bruit.
Pendant que Yoshiki mettait Kaoru évanoui dans la baignoir, Toshi lui demanda doucement :

- Comment ça s'est passé ? Pourquoi est-il évanoui ? J'espère qu'il est revenu à de meilleurs sentiments.

Yoshiki amena Kaoru à la salle de bain et le déshabilla doucement.
Ses vêtements étaient plus que sales et il ne voulait même pas savoir l'origine de certaines tâches qu'il y voyait...
Il retint une vague nausée en voyant l'état de son corps... amaigrit, sale et emplis de bleus et autres égratignures...
Pauvre gosse...

Soupirant, il le déposa délicatement dans la baignoire et commença à le laver avec une certaine tendresse alors que Toshi posait des questions.

-Je te raconterais tout cela plus tard si tu veux bien. lui répondit-il d'un ton las. Mais pour résumer, nous avions eu raison: ils l'ont fait chanter en menaçant de s'en prendre à Bou et c'est pour ça qu'il a été aussi cruel. Il voulait que Bou l'oublie et refasse sa vie sans lui, pour le protéger... Ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté et je pense qu'il autant souffert, si ce n'est plus, que son amant... Il a vécu des choses vraiment horribles Toshi, il ne faudra pas le brusquer ni lui reprocher quoi que ce soit, il est fragile.

Terriblement fragile, et il va falloir du temps pour qu'il se reconstruise...

Ayant finit de décrasser le jeune homme, il attrapa un de ses propres boxer propres qui traînaient toujours dans la salle de bain et le lui enfila après l'avoir séché.
Puis il l'emmena dans une des chambres vides et le déposa sur le lit avant de soigner ses différentes plaies, certes superficielles mais qui demandaient réellement à être désinfectées.

Toshi prit délicatement le coton des mains de Yoshiki :

- Laisse-moi faire. J'ai l'habitude. Et tu es très fatigué.

Il lui caressa les cheveux :

- Allonge-toi et repose-toi un peu.

Un chantage. Un sacrifice incroyable de courage. Si Toshi avait eu l'intention de passer un savon à Kaoru, elle s'était envolée.

Kaoru finit enfin par émerger et ouvrit péniblement les yeux. Toshi lui sourit doucement et posa son index sur son front :

- Salut le fugueur ! dit-il. Ne t'agite pas, tout va bien maintenant. Mais tu sais quoi ? Tu es le mec le plus stupidement courageux que j'aie jamais vu.

Kaoru eut un pâle sourire :

- J'crois que je suis le mec le plus stupide tout court plutôt...j'aurais dû vous demandez de l'aide et tout ça ne serait pas arrivé. Seulement...
- Seulement tu n'as pas osé parce que tu aimes te débrouiller seul, complèta Toshi. Idiot va ! Mais ne parlons plus de ça pour l'instant, il faut que tu te reposes.

Kaoru ferma les yeux d'un air las :

- Où sont Bou et Amiyu ?
- Ici, répondit Toshi. Dans la pièce à côté et ils dorment. Tu ne les verras pas avant demain. Il faut d'abord qu'on dise à Bou qu'on t'as retrouvé.
- Je veux au moins les voir dormir...s'il vous plaît...

L'attention de Toshi le fit sourire et il le laissa s'occuper du jeune homme, pensant enfin à enlever son manteau et à se mettre un peu plus à l'aise.

Kaoru rouvrit bientôt les yeux et le dialogue qu'ils eurent avec Toshi le rendit un peu mélancolique, mais attendrit.
Deux anges finalement...

La dernière supplique de Kaoru lui fendit l'âme et il se releva de son fauteuil pour se rapprocher du lit.

-Tu tiens à peine debout. souffla-t-il. Et crois-moi, ce n'est pas une bonne idée que Bou te voit s'il se réveille.

Ça risquerait de lui faire un bien trop gros choc, le pauvre...
D'un autre côté, il se réveillait tellement peu souvent désormais que... arf!
Comment réellement refuser une telle requête à un homme qui avait tout perdu et vécu les pires atrocités?

Il soupira, puis aida Kaoru à se relever.

-Rien qu'une minute d'accord? Tu dois te reposer aussi... et demain, nous parlerons.

Kaoru acquiesça et se dirigea le coeur battant vers la chambre de Yoshiki et Toshi où dormait son fils.

Kaoru s'assit sur le lit et s'appuya au berceau qu'ils avaient mis tout près pour pouvoir mieux le surveiller. Amiyu dormait à poings fermés. Kaoru mourait d'envie de le prendre dans ses bras mais il ne voulait pas le réveiller.
Il passa juste la main sur sa petite tête couverte de cheveux blonds. Comment avait-il pu envisager de vivre sans lui ?

Les larmes lui montèrent à nouveau aux yeux et il bredouilla :

- Je sais que c'est vous qui vous en êtes occupés...merci...

Toshi sourit :

- C'est rien...c'était un plaisir de s'occuper de ton bout de chou. Et Hiro a beaucoup aidé. Je crois que cette histoire les a définitvement rapprochés.
- Oh Hiro...que lui avez vous dit ?
- Malheureusement, il a entendu Bou dire que tu les avais abandonné. Il a été profondément blessé.

Kaoru laissa échapper un sanglot mais il réussit à se reteni et se leva sur ses jambes fragiles :

- Il faut que je vois Bou..

L'amour qui émana de Kaoru lorsqu'il pu revoir son fils ému Yoshiki aux larmes même s'il se retint.
Il savait que Toshi le sentait mais s'en fichait, il n'avait aucun secret et aucune honte pour son mari.

Pauvre Kaoru... avoir été séparé de son fils... cela devait bien être la pire épreuve possible pour un père...
Il repensa alors aux jumeaux qu'il avait passablement négligé ces deux dernières semaines (pour cause!) et se promit d'aller les voir dès le lendemain, ne serait-ce que pour les serrer dans ses bras.

Le jeune homme tenant à peine debout, Yoshiki passa un bras fort autour de sa taille et le guida jusqu'à la chambre de Bou.
Il était là, pâle, ses cernes noires contrastant étrangement avec la blancheur fantomatique de sa peau, ses longs cheveux blonds, emmêlés, répandus autour de son visage au masque presque cadavérique.
Lui aussi avait maigrit, énormément... à vrai dire, il n'avait absolument rien mangé durant toute l'absence de Kaoru, ses protecteurs ne le maintenant en vie que grâce aux potions.
Bou ressemblait encore plus à un enfant ainsi, un pauvre petit ange déchu et mort sur Terre...

Kaoru tomba au sol à genoux quand il vit dans quel état était son amant. Son coeur aurait volé en éclat si ce n'était pas déjà fait.

- Non...souffla-t-il.

Il avança la main pour le toucher mais il se retint au dernier moment. Il lui semblait qu'il n'avait même plus le droit de le toucher après ce qu'il lui avait fait. Il était terrifié de la réaction de Bou si jamais celui-ci se réveillait et le trouvait là.

Toshi jugea qu'il ferait mieux de le sortir de là. Il le prit doucement par les épaules et Kaoru se laissa faire sans résistance. Toshi le reconduisit dans sa chambre et là, Kaoru craqua et fondit en larmes :

- Je l'ai quasiment tué... Je ne suis qu'un monstre...
- Non Kaoru, tu as cru lui sauver la vie. Seulement t'as pas compris comment fonctionnait Bou. Tu n'as pas compris qu'il allait s'accuser lui et pas toi. Tu sais le plus horrible ? Au début, il a carrément rejeté Amiyu et Hiro. Il les as rendus responsables de ton départ parce que tu avais dit que tu n'avais jamais voulu être père.

Kaoru ne put que répondre en pleurant deux fois plus. Et ce qui devait arriver arriva. Ses pleurs réveillèrent le petit garçon qui dormait à côté. Il ouvrit la porte et s'avança, non pas en courant mais avec un air grave sur le visage. Kaoru crut qu'il allait s'évanouir encore.

- Hiro...

Hiro sembla hésiter sur ce qu'il devait faire et finalement, il dit :

- Tu ne nous aimes plus Kaoru...

Pas de "Kao" ni de "Papa". Et pas de question non plus, c'était une affirmation. Kaoru se jeta à bas du lit et saisit Hiro dans ses bras en le serrant à l'étouffer et en l'embrassant pus de vingt fois:

- Hiro j'ai menti ! C'était pas vrai ! Je vous aime !! Je vous aime à en crever !!! Je t'aime mon enfant, mon ange...pardonne-moi de ce que j'ai fait...

Hiro sembla comprendre parce qu'il serra ses petits bras autour de Kaoru:

- Pourquoi t'es parti ?

Toshi jugea bon d'intervenir. Il détacha Hiro et le prit entre quatre yeux :

- Papa Kao est totalement épuisé chaton. Il a vécu des choses affreuses tu sais ? Il n'a pas la force de te raconter ce soir. Sache seulement qu'il a voulu vous sauver de grands méchants. Maintenant tu vas me faire une promesse : ne vas rien dire à Bou avant qu'on soit allés le voir d'accord ? C'est très important ne dis rien du tout ! Sinon le choc pourrait être trop fort pour lui.

Hiro acquiesça vigoureusement puis il se tourna timidement vers Kaoru :

- J'peux dormir avec toi ?

Kaoru répondit en le serrant dans ses bras :

- Bien sûr que tu peux.