L'attente... [Toshi - Yoshiki][Terminé]

Le temps nous jour parfois des tours bizarres...
Tantôt il paraît affreusement court... parfois, atrocement long...
Et lorsque l'on attend, sans réellement savoir quoi, suspendu aux secondes et aux minutes qui égrainent alors, rien n'est plus cruel que le temps qui passe...

Du moins, c'était ce qu'il semblait être actuellement...

Yoshiki était plongé dans son inconscience, sa semi-mort depuis ce qui semblait être une éternité, pour tous...
Pourtant, seulement cinq jours s'étaient écoulés pour l'instant mais... Cinq jours sans lui, c'était si long...

Ils avaient pourtant déjà appris à se passer de lui, un peu, durant sa longue absence si récente encore mais là... Là, tout était différent...
Car plus le temps passait, et plus l'espoir s'amenuisait...

Malgré tout le travail qu'il restait à accomplir pour que l'école puisse bientôt reprendre sa fonction... Malgré les soins dont ils avaient tous besoins... Malgré la faiblesse de Toshi et les premières heures de vie de Léara, pauvre petit ange dont la venue au monde s'était faite dans d'atroces conditions... Malgré tout cela, ils avaient l'impression que le temps se jouait d'eux et ne faisait que s'étirer paresseusement...

Toshi dormait encore,fatigué et Anélya soignait son fils.
Ses plaies étaient encore suintantes pour certaines bien qu'Uruha ait réussi à réparer beaucoup de dégâts... Mais pas tous...
Et le coeur, l'esprit et l'âme du directeur semblaient encore bien inaccessibles...

Hizaki, lui, était debout depuis longtemps déjà, et donnait le biberon à sa petite sœur qui s'était éveillée bien trop tôt pour son propre papa.
Il était heureux de la tenir ainsi dans ses bras, et c'était probablement la seule chose, avec l'amour de son frère, qui le faisait encore tenir.
Car au fond, il avait l'impression d'avoir tout perdu... Sa vie s'était écroulée, comme celle de tous les autres et son coeur le serrait affreusement...

Devaient-ils encore garder espoir?

Quelques heures plus tard, Toshi se réveilla.
En temps normal, il se serait remis de l'accouchement. Mais depuis cinq jours, il souffrait d'un épuisement permanent que même des heures et des heures de sommeil ne parvenaient pas à soulager.

Il commençait sérieusement à penser que ce n'était pas normal, que c'était peut-être dû à l'état de Yoshiki. Le lien puissant qu'il avait avec sa fille avait sûrement diminué considérablement les effets désastreux que le coma de Yoshiki aurait dû avoir sur lui. Mais cet épuisement était sûrement un effet secondaire qui ne pourrait s'effacer que si Yoshiki se réveillait et recommençait à l'aimer comme avant.

La fatigue avait des répercussions sur son moral. Il n'arrivait pas à manger beaucoup, c'était Anelya qui devait le gaver. Mais il s'accrochait désespérément à l'espoir que Yoshiki reviendrait parmi eux. S'il perdait cet espoir, il y avait un gouffre sans fond sous ses pieds d'où il ne pourrait jamais ressortir.

Il passait toutes ses journées dans l'appartement, n'ayant ni l'envie ni la force de mettre le nez dehors. Et il ressentait une reconnaissance éternelle pour tous ceux qui restaient là et l'aider à s'occuper du bébé car il n'aurait jamais pu y arriver seul. Léara se réveillait toutes les quatres heures, c'était épuisant...

Pieds nus comme d'habitude, les cheveux en bataille, il sortit de la chambre pour aller s'occuper de son bébé. Il tenait absolument à assumer son rôle le plus possible quel que soit son état.

Mais Léara dormait encore. Elle aussi s'accrochait de toutes ses forces à sa minuscule vie. Elle était tellement petite que Toshi avait peur pour elle à chaque minute. Mais il sentait confusément qu'elle était vraiment bien lorsqu'il la tenait contre lui. Du coup, il ne la lâchait plus tant qu'elle était réveillée.

Il laissa dormir et traversa le mur de la chambre pour aller dans celle de Yoshiki. Toujours aucune amélioration mais il avait besoin de se tenir contre lui.
Anelya était encore là mais il savait qu'il n'avait pas besoin de se retenir devant elle. Comme d'habitude, il grimpa sur le lit et se coucha près de son amant dont les plaies l'horrifiait toujours. Dire que c'était pour lui qu'il avait subi ça...

- Tu me manques tellement Yoshiki..., murmura-t-il d'une voix lasse, le nez dans ses cheveux. Qu'est-ce que tu attends pour revenir...?

Probablement que si Yoshiki avait pu entendre les autres... et sentir leur douleur de le voir ainsi, il se serait réveillé depuis longtemps...
Mais là où il était, rien ne l'atteignait...

Anélya se sentait déchirée à chaque instant, perdant le maigre espoir qu'elle avait pu avoir...
Son fils était mort, elle le sentait et pourtant... pourtant, il respirait encore.
Faiblement, si faiblement...

Mais un souffle de vie glissait encore dans son corps alors, même si elle ne voulait y croire, comme toutes les mères, elle ne pouvait se résigner à le perdre...

L'état de Toshi l'inquiétait aussi beaucoup.
Elle adorait son genre, elle l'aimait comme ses propres fils et le voir ainsi dépérir un peu plus chaque jour, son coeur meurtrit saignant inlassablement alors que Léara avait tant besoin de lui... C'était insupportable...

Léara, ma pauvre petite, que vas-tu devenir?
Si Yoshiki ne revient pas, j'ai bien peur que ton papa ne tienne plus le coup...

Elle ferma les yeux une seconde, pour se donner du courage, puis se leva, son éternel sourire bienveillant accroché aux lèvres.

-As-tu pris ton déjeuner, Toshi? demanda-t-elle doucement en posant une main sur ton épaule;

Il faut te nourrir, chéri... il le faut...

De leurs côtés, les jumeaux aidaient Tony à garder l'appartement en état de marche.
Le pauvre était débordé avec tout ce monde et puis, il était si malheureux pour son maître qu'il aimait tant...

Soudainement, on frappa à la porte et Kamijo, laissant sa Princesse terminer seule de refaire le lit, alla ouvrir.

-Oncle Kouki? s'étonna-t-il.
-Bonjour... je... Mon père m'a prévenu, pour Yoshiki... Je suis venu aussi vite que j'ai pu... Comment va-t-il?

Malheureusement, pas très bien...

Le Prince soupira et fit entrer son oncle dans l'appartement.

-Tu as l'air... épuisé Kamijo.
-Nous le sommes tous. Léara ne nous laisse pas beaucoup dormir et papa ne se réveille pas... Toshi aussi est dans un sale état, ce n'est pas facile...
-Léara?
-Grand-père ne t'a pas dit? Notre petite sœur est née.

Un bref sourire orna les lèvres tristes de Kouki alors qu'Hizaki revenait au salon.

-Oh, bonjour mon oncle. fit-il en s'inclinant poliment.
-Bonjour Princesse... répondit-il avec une certaine tendresse. Comment vas-tu?
-Mieux que certains...

Oui, enfin, vu les conditions aussi...

-Tu veux voir papa je suppose?
-C'est possible?
-Grand-mère et Toshi sont avec lui mais je ne pense pas que ce soit un problème... Viens, je t'accompagne.

Kouki acquiesça et suivit la Princesse jusqu'à la chambre où reposait son frère.
Et il cru en mourir de chagrin quand il le vit et surtout, quand il sentit...

-Yoshiki... souffla-t-il, tremblant.

Mon frère, ma moitié, mon double... Il ne sentait plus rien, son âme semblait s'être envolée, son esprit aussi et il n'y avait plus aucune aura de pouvoirs autour de lui...
C'était... c'était pire que s'il était mort...

-Kouki? s'étonna Anélya en le voyant. Que fais-tu ici?
-Papa m'a dit... Tu croyais vraiment que j'aurais pu rester aux États-Unis avec ce qu'il se passe?

La femme soupira mais de dit rien.
Il n'y avait rien à dire de toutes façons...

As-tu pris ton déjeuner, Toshi?

- Non pas encore, je viens de me réveiller.

Ensuite Kouki arriva. Il fallait s'y attendre avec quelque chose d'aussi grave. Ils ne s'étaient pas quittés en très bons termes la dernière fois mais dans le cas présent, Toshi l'oublia.

Regarder les yeux de ceux qui l'environnaient lui était de plus en plus pénible car il voyait que plus personne n'avait d'espoir. Il était le seul à y croire encore...peut-être en vain.

Sa main se cripsa sur le torse de Yoshiki et il serra les dents sous une montée de larmes. Non il ne pleurerait pas, il l'avait suffisamment fait comme ça ! Pas tant que Yoshiki n'aurait pas rendu son dernier souffle ! Il fallait qu'il reste fort...

Il sourit comme il put à Kouki et se redressa avec une tentative d'humour :

- Je reviens, je vais aller manger. Je n'ai pas faim du tout mais Anelya va me taper si je n'y vais pas ! Si tu veux aller voir ta nièce, elle est dans la pièce à côté. Elle dort mais tu peux entrer quand même.

Il se leva péniblement et sortit. Aussitôt, Tony qui savait quoi faire, lui apporta un énorme petit déjeuner bien que Toshi ne pouvait jamais en avaler la moitié.

Toshi se força à manger et jeta un oeil aux jumeaux :

- Vous êtes vraiment fatigué les enfants, vous devriez aller faire un somme. Je sais que vous vous chargez de beaucoup de choses mais je vais essayer de prendre un peu plus les choses en main aujourd'hui.

Il regarda particulèrment Hizaki :

- Tu te débrouilles comme une vraie maman avec Léara ! ^^

Kouki était purement et simplement dévasté aussi ne sourit-il même pas à Toshi qui s'éclipsa pour aller se restaurer.
Le coeur en miettes, il s'assit au chevet de son frère et lui pris la main... glacée...

-Maman... Comment... Comment il a pu en arriver là? souffla-t-il, désemparé.

Anélya soupira.

-Je ne sais pas mon chéri. Yoshiki... A toujours été un être de coeur et son amour pour Toshi lui a été fatal...

Toshi...
Pour le coup, Kouki le haïssait presque!
Comment un homme aussi banal que lui avait-il pu venir à bout d'un être aussi puissant que Yoshiki?

-Il ne reviendra pas hein? fit-il plus comme une constatation qu'une réelle question.

Sa mère ne répondit pas, il n'y avait rien à dire...

Les jumeaux, eux, sourirent doucement à Toshi.

-Merci. souffla Hizaki. Je fais de mon mieux mais Léara est un bébé adorable de toutes façons... Quand à prendre les choses en main, ne t'en fais pas pour nous Toshi. Il faut que tu te reposes avant tout et que tu regagnes des forces... Pour ta fille, et pour papa aussi... Nous allons bien.

Regagner des forces ?

- Je crains...que mon état soit lié à celui de votre père. Alors, il va falloir que je fasse avec.

Quand il ne put plus rien boire ni manger, il retourna dans la chambre de Yoshiki. Il n'avait rien à y faire de particulier mais, quand il ne s'occupait pas de son bébé, c'était le seul passe-temps qui l'intéressait.

Seulement, ça commençait à faire long ces jours qui se ressemblaient tous à veiller sur un corps inerte avec la peur au ventre...

Lié à l'état de papa?
Hizaki soupira.
Mais si... s'il ne se réveille jamais toi tu... tu deviendras quoi, Toshi?

Néanmoins, il n'osa pas faire part de ses inquiétudes à voix haute et vit le brun retourner au chevet de son aimé.
Chevet auquel Kouki était toujours...

-Toshi... fit-il sombrement en le voyant débarquer de nouveau. Tu ne devrais pas être là.

Tout ça... c'est de ta faute...
Je vais perdre mon frère par ta faute...

Toshi perçut clairement le ton hostile de Kouki et devina qu'il ne disait pas ça dans le sens "tu dois aller te reposer".

En levant les yeux vers lui, il se prit de plein fouet un regard noir. Aucun membre de la famille ne lui avait fait de reproches mais Kouki n'aurait pas cette indulgence. Il allait avoir ce qu'il méritait..

- Tu m'en veux n'est-ce pas ?

Anélya sentait l'orage venir mais ne savait trop comment réagir.
Elle n'en voulait pas à Toshi... l'amour était un bien précieux mais... Mais son fils, lui...

-Kouki... souffla-t-elle simplement pour tenter de le calmer.

Mais le brun en l'entendait pas de cette oreille.

S'il lui en voulait?

-Oui. répondit-il sèchement. Oh Oui Toshi je t'en veux... J'ai cru, j'ai cru que Yoshiki était heureux avec toi, je l'ai vraiment cru mais regardes ce que tu as fait... Tu l'as tué Toshi, tu as tué mon frère... Ça, je ne pourrais jamais te le pardonner, jamais...

Toshi prit ces mots cruels en plein coeur et le peu de couleur qu'il avait sur le visage disparut.

Il vacilla et dut s'appuyer au lit pour ne pas tomber. Kouki lui renvoyait exactement les reproches qu'il se faisait depuis cinq jours et il sentait trop combien ils étaient justifiés.

- Il n'est pas mort..., balbutia-t-il encore comme un disque rayé. Il respire encore, il va revenir...

Il essaya de reprendre une respiration qui lui échappait :

- Il a disparu pendant trois mois...Il m'a abandonné sans une explication valable...pour mon bien soi-disant. J'ai souffert pendant tout ce temps, je lui en voulais tant d'avoir fait ça. Puis il a réapparu d'un coup, pendant que j'accouchais. Je l'ai très mal accueilli... Les loups-garou ont attaqué l'école et même si je venais de l'engueuler, il s'est fait mettre dans cet état par un lycan qui voulait s'en prendre à moi...

Ses mains tremblaient :

- Je n'ai jamais voulu ça...j'ai pas contrôlé mes mots, je souffrais tellement...j'ai pas compris qu'il souffrait lui aussi...et..j'ai rien pu faire pour le lycan...

Anélya resta sonnée par les paroles son fils tandis que Toshi semblait totalement désemparé.

Mais ses paroles ne firent qu'augmenter la fureur de Kouki.

-Mais tu ne comprends vraiment rien! Tu es stupide ou tu le fais exprès Toshi? Bon dieu, toi qui prétends l'aimer autant, tu ne sens pas? Ce n'est qu'une coquille vide Toshi! Son âme, son esprit et surtout son coeur son mort, MORT tu m'entends?! Il n'y a plus rien, rien du tout... Il t'aimait tellement... je ne comprends toujours pas pourquoi et toi... Toi tu l'as tué Toshi! Son corps respire mais c'est tout, il ne reviendra jamais!
-Ça suffit! s'exclama soudainement Anélya en se levant d'un bon. Kouki, ça suffit... Tais-toi, je t'en prie...
-Non maman! Tu le sais aussi bien que moi, se voiler la face ne sert à rien! Je ne sais pas pourquoi Yoshiki est parti mais tout ça, tout ça c'est parce qu'il l'aimait, lui... Toshi l'a brisé, il n'y a plus aucun espoir!

Des larmes de rage et de détresse coulaient désormais sur ses joues alors qu'il tremblait de tous ses membres.

Yoshiki...
Tu n'as pas le droit de nous abandonner, de m'abandonner, moi... Pas pour cet homme, pas comme ça...

Ce n'est qu'une coquille vide Toshi! Son âme, son esprit et surtout son coeur son mort, MORT tu m'entends?! Il n'y a plus rien, rien du tout...

Yoshiki...mort...

Son corps respire mais c'est tout, il ne reviendra jamais!

Pas de retour...

Toshi l'a brisé, il n'y a plus aucun espoir!

A cause de lui...

Toshi eut l'impressio qu'un vent glacé lui soufflait dessus en s'inflitrant dans les moindre recoins de son corps. Il pâlit à un tel point qu'il devint...transparent pendant quelques secondes.

Puis il s'effondra sans ajouter un mot, son corps prenant cet étrange transparence par intermittence.

Je veux mourir aussi...

-Toshi!

Anélya se précipita sur le corps du pauvre homme effondré au sol, ne comprenant pas trop ce qui lui arrivait.
Son corps était... translucide, c'était vraiment bizarre...
Mais il y avait bien plus important...

-Kouki! Espèce d'idiot! fit-elle, les larmes aux yeux. Je te jure que si Léara e retrouve orpheline par ta faute...

Elle ne termina pas sa phrase, terriblement inquiète et bouleversée parce que qu'elle venait d'entendre.
Kouki avait vraiment été cruel et elle-même se sentait plus que chamboulée apr ses paroles.

-Bordel mais bouges-toi! rajouta-t-elle à son fils qui semblait totalement perdu.

Me bouger?
Mais pourquoi?
Pour sauver ce monstre qui m'a arraché mon frère?

-Kouki... fit-elle misérablement. Tu es stupide... Yoshiki a donné sa vie par amour pour Toshi... Tu crois vraiment que s'il meure ce sera mieux? Ton frère aimait cet homme plus que tout au monde bon sang! Par respect pour lui, tu pourrais au moins m'aider!

Kouki resta un instant figé puis se leva, un peu chancelant, et pris Toshi dans ses bras, le soulevant avec aisance avant de sortir pour aller le déposer dans sa chambre.
Les jumeaux poussèrent une exclamation horrifiée en le voyant dans cet état.

-Mon dieu Toshi! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé?
-C'est compliqué... fit Anélya qui suivait. Les enfants, occupez-vous de Léara, Toshi a besoin de soins.

La Princesse acquiesça tandis que Kouki avait déposé son fardeau dans son lit, le regardant avec une expression vide de tous sentiments.

-Toshi... souffla Anélya en caressant doucement son front. Je t'en prie chéri, je t'en supplie... ne nous laisses pas toi aussi... Bats-toi, au moins pour ta fille...

Et justement, Léara choisit juste ce moment pour se mettre à pleurer. Peut-être qu'elle avait senti ce qui se passait..

Ce fut peut-être ce son-là qui fit rouvrir les yeux à Toshi. Mais il ne put prononcer le moindre mot. Son corps continuait à osciller entre un aspect opaque et un aspect fantomatique.

- Yoshiki...

Tout était flou et les sons lui parvenaient comme à travers une épaisse porte fermée. Son coeur lui faisait mal à en mourir. Il regardait les gens sans les voir avec des larmes dans les yeux qu'il ne sentait pas. Kouki avait fait voler en éclats la faible protection derrière laquelle il se cachait pour rester fort.

Voir Toshi ouvrir les yeux fut un soulagement immense pour Anélya même si son état l'inquiétait terriblement.

Léara pleurait de son côté et Hizaki alla la chercher pour la bercer doucement.
Mais elle semblait inconsolable, comme si le lien qu'elle avait avec son papa la faisait souffrir.
Elle n'allait pas bien...

Soupirant, la Princesse alla dans la chambre où un drôle de spectacle l'attendait, le petit ange pleurant toujours dans ses bras mais plus faiblement.
Elle semblait... malade et épuisée...

-Grand-mère? fit Hizaki, inquiet. Léara...

Anélya, soupirant, se releva et vint voir sa petite-fille qui semblait avoir de plus en plus de mal à brailler ou ne serait-ce que garder les yeux ouverts.

-Pas ça... murmura-t-elle, désespérée.

Elle pris la petite dans ses bras et revint près de Toshi.

-Je t'en prie... Il faut que tu luttes Toshi... ta fille est fragile, tu vas la tuer...

Ma chérie...

Toshi tourna lentement la tête vers son bébé. Et s'ils mourraient tous les deux ensemble ? Ca libèrerait tout le monde et ils partiraient rejoindre Yoshiki.

Non ne fais pas ça...

La voix de la raison. Elle avait toujours été sacrément forte chez lui qui était si réfléchi. Mais comme il avait du mal à l'écouter cette fois !

Il tendit faiblement les bras vers Hizaki :

- Donne-la...moi...

Le bébé fut posé sur sa poitrine. Il gémissait faiblement et sembla se blottir délibérément contre lui en cherchant sa chaleur.

Avec des mains tremblantes, Toshi parvint à glisser Léara dans une ouverture de sa chemise, contre sa peau car c'était ça qui leur faisait le plus de bien à tous deux.

- Il faut que je tienne...

Mais à peine eut-il prononcé ses mots qu'il craqua, trop faible pour se retenir encore. Ses mains sur son bébé pour le réchauffer, il partit dans une véritable crise de larmes.

Toshi avait l'air si mal en point et pour Léara, ce n'était pas mieux...

Malgré sa douleur et sa rancœur, Kouki ne put s'empêcher de se sentir coupable... et d'avoir peur, aussi bien pour sa nièce que pour Toshi...

Sa mère avait raison, Yoshiki aimait cet homme, il en était mort... Il n"avait pas le droit de lui faire subir ça...

Et le coup de grâce lui fut porté quand le pauvre homme explosa en sanglots incontrôlables, faisant gémir le pauvre bébé.

Merde, mais qu'est-ce que j'ai fait?

-Toshi...

Mon dieu je suis désolé!

(Allez j'y vais aussi à plus ! )

Comment allait-il faire ? Si seulement il avait été libre de mourir, il ne serait déjà plus là. Mais qu'allait devenir Léara ? A qui la confier ? Comment s'assurer qu'elle vivait quand même ?

Et comment allait-il pouvoir vivre lui s'il ne pouvait pas mourir ?

Toshi serrait son bébé contre lui sans pouvoir s'arrêter de pleurer encore et encore comme s'il devait se vider de ses larmes. Au milieu de ses sanglots, on l'entendit hoqueter :

- Je l'ai tué...je ne peux pas...vivre sans lui...pas la force...Léara...j'y arriverai pas...

Les jumeaux assistaient à la scène, le coeur déchiré.

Toshi semblait aller si mal... et ses paroles hoquetantes étaient, tout simplement déchirantes...
Non, il, il y avait... encore de l'espoir hein?
Leur père était vivant, il allait revenir, il le fallait il...

Désespéré, Hizaki fondit en larmes, doucement, gracieusement, le visage caché dans le cou de son frère, anéanti.
Kamijo en tremblait, sentant quelques perles salées glisser aussi sur ses joues creusées par la fatigue.
Il ne voulait pas que tout soit finit, il ne voulait pas...

Anélya en pleurait aussi mais tentait de se maîtriser; il fallait bien que quelqu'un reste calme ici! Mais finalement, ce fut Kouki qui fit le premier pas...

Tremblant, il souleva doucement Toshi et le serra tendrement dans ses bras, jouant de sa ressemblance avec son frère et même sans ça... Ils étaient presque pareils finalement, leurs étreintes semblaient si semblables, leurs auras et leurs chaleurs aussi...
Doucement, il le berça, calant la petite puce entre eux pour ne pas la blesser et tenta de le rasséréner autant que possible, embrassant par moment ses cheveux emmêlés.

-Je suis désolé... Pardon... Pardon... ne cessait-il de répéter dans un murmure. Toshi... Je t'en prie Toshi... Il faut que tu tiennes... Pour Yoshiki, fais-le pour mon frère, fais-le pour l'amour qu'il a pour toi... Toshi... Fais-le pour ta fille, sa fille... Il vous aime tellement, tellement...

Maman a raison... Par respect pour son amour, nous devons nous montrer forts....

-Calmes-toi... Calmes-toi...

L'odeur de Kouki ressemblait beaucoup à celle de Yoshiki, c'était étonnant...

Toshi savait bien que ça ne changeait rien mais tout de même, cette odeur-là suffit à l'apaiser assez pour qu'il cesse de sangloter.

- Tes parents étaient trop gentils pour me dire tout ça Kouki mais c'est toi qui as raison. Chaque jour je me suis demandé comment quelqu'un d'aussi beau et d'aussi puissant que Yoshiki avait pu tomber amoureux de moi alors qu'il aurait pu avoir n'importe qui d'autre. Cet amour n'aurait jamais dû commencer, jamais...

Là-dessus, Léara émit une sorte de petit bruit presque indigné. Toshi baissa les yeux vers elle. Les siens étaient ouverts et le regardaient. Toshi était persuadé que Léara n'était pas un bébé comme les autres car elle n'avait pas les yeux flous des nouveau-nés mais un véritable regard comme si sa petite âme était déjà éveillée et bien consciente.

Il aurait juré qu'elle était en train de lui dire "Papa tu racontes n'importe quoi !" Une expression pareille chez un si petit bébé était vraiment quelque chose d'insolite.Que ce soit vrai ou pas, Toshi adorait y croire parce qu'il se sentait encore plus complice avec elle.
Un maigre sourire apparut sur son visage et il caressa la joue du bébé avec son doigt :

- Tu n'as pas de chance ma chérie... mais je vais au moins essayer de survivre pour toi...

Yoshiki...Je ne sais pas combien de temps je vais tenir comme ça...je me sens tellement mal...

Tout le monde sentit l'aura de Toshi s'apaiser un peu, les soulageant et faisant sourire Kouki.
Là, ça va aller...

Mais ses paroles lui plantèrent un poignard dans le coeur.
Comme toujours, il avait été stupides et ses mots, bien trop cruels...
Il avait toujours été comme ça... impulsif dans ce qu'il disait et il s'en voulait terriblement...

Reculant un peu, il pris le visage de Toshi en coupe entre ses mains et planta son regard dans le sien.

-Je t'interdis de douter du jugement de mon frère. fit-il aussi fermement que sa voix tremblante le lui permettait. Tu es un être exceptionnel Toshi, et il t'aimait avec une force invraisemblable... Yoshiki a toujours fait les bons choix même s'il parfois, il a commis d'énormes erreurs dans sa vie... Mais son coeur était le plus pur qui soit et s'il t'aimait, c'est que tu en valais le coup...

Une larme roula sur sa joue et il ferma les yeux une seconde pour reprendre sa respiration.

-Je suis désolé de ce que je t'ai dit je... Je suis vraiment désolé Toshi... J'aimerais garder l'espoir que tu avais encore, je le voudrais vraiment mais... Je suppose que je ne l'aime pas assez pour ça finalement, pas autant que toi apparemment... Toshi... Pendant tous les siècles passés, jamais je n'ai vu mon frère aussi heureux tu sais, jamais... Il t'aimait avec une force tellement... tellement puissante que je crois que finalement, j'ai dû en être jaloux, un peu... Je n'étais plus celui qui comptait le plus mais finalement, j'étais heureux pour lui. Heureux qu'il puisse vivre une chose aussi merveilleuse et aussi rare... Votre fille est la preuve vivante de cet amour, vous avez créé la vie Toshi... Et lui, lui il a donné la sienne pour vous protéger. C'était son choix, celui que son coeur lui a dicté et je crois que, même si cela nous fait terriblement mal, nous devons l'accepter.

Il déposa un baiser tremblotant sur le front du brun et tenta de lui sourire.

-Vos âmes sont liées, et elles le resteront à jamais, Toshi... murmura-t-il. Alors tu dois vivre, pour que nous puissions garder encore un peu espoir et puis... Tu es père maintenant, et c'est l'enfant de Yoshiki, l'enfant de l'amour... Bats-toi Toshi, bats-toi pour eux deux, tu es le seul à pouvoir faire en sorte que cet amour si exceptionnel ne meure pas avec lui...

Le corps de Toshi avait cessé de "clignoter" mais son chagrin était tellement immense que c'était comme une douleur physique.

Il savait qu'il devait faire ce que disait Kouki mais il ne pouvait tout simplement pas accepter l'idée que Yoshiki était mort. C'était trop pour lui, il ne pouvait pas encaisser ça.

Mais si c'était un cas de mort clinique ? Un cerveau mort et un coeur qui bat ?

- Tu n'as...plus d'espoir mais...qu'est-ce qu'on va faire de lui alors ? On peut pas...on peut pas...arrêter son coeur...non....laissez-le encore un peu. Ca ne fait que cinq jours...essayons encore.

Léara gigotait doucement contre le corps de son papa.
Elle ne semblait plus souffrir mais elle était... "perplexe" pouvait-il s'appliquer à un si petit bébé?
Probablement pas mais cette enfant était vraiment unique...

Elle regardait son père avec de grands yeux ouverts alors que le pauvre Toshi semblait encore anéanti.
Et sa douleur était plus que papable.

-L'espoir... repris Kouki, les yeux dans le flou. Yoshiki est puissant et il paraît que l'amour peut faire des miracles alors... Je garderais espoir aussi, tant qu'il le faudra...

Il embrassa de nouveau Toshi, sur la tempe cette fois et lui sourit tendrement.

-Je ne suis pas mon frère mais je suis là aussi... On est tous là Toshi, reposes-toi sur nous...

(on peut peut-être avancer un peu dans le temps maintenant non?)

( D'accord ! )

Toshi prit une grande et pénible inspiration et esquissa un fantôme de sourire en serrant la main de Kouki pour le remercier.

- Oui...je n'ai pas la force de faire autrement de toute façon. Heureusement que vous êtes là...

A partir de ce jour, les relations entre Toshi et Kouki qui avaient si mal commencé furent comme s'ils ne s'étaient jamais disputé de leur vie. Kouki était plus impulsif, plus cru dans ses mots que Yoshiki mais Toshi apprit à cerner son caractère.

Il était si malheureux que son état déjà pas brillant se dégrada encore. Il vivait comme un malade mais trouvait encore le moyen de rassembler ses forces pour s'occuper de sa fille avant de sombrer dans des sommeils qui ressemblaient à des évanouissements. Il lançait d'incessants appels mentaux à Yoshiki, espérant que l'un d'eux finirait par l'atteindre quelque part.

Kaoru et Bou avaient appris ce qui s'étaient passé. Kaoru devait aussi gérer la mort prochaine de son père. Si Yoshiki mourait à son tour, il allait vraiment se sentir orphelin. L' école suintait le souci et le chagrin par toutes ses fenêtres mais tout ce qu'il restait d'espoir se concentrait autour du lit de Yoshiki.

Kouki apprenait de plus en plus à apprécier Toshi malgré son état et comprenait son frère.
Cet homme était une perle rare et si tout l'amour du professeur n'appartenait pas à Yoshiki, peut-être aurait-il finit par tenter sa chance...

Néanmoins, ce n'était vraiment pas ce qui lui importait actuellement.
Non, il considérait finalement Toshi presque comme le petit frère qu'il n'avait jamais eu et, délaissant son travail et les gens qui l'attendaient aux États Unis, il avait lui aussi élu domicile dans l'appartement du directeur pour veiller sur le pauvre homme.

Les cours avaient fini par reprendre et les jumeaux venaient moins souvent désormais.
L'ambiance dans l'école était un peu pesante, Seiji faisant de son mieux pour la gérer mais il n'avait pas l'aplomb de Yoshiki et les problèmes se multipliaient.

Bou était terriblement triste pour Yoshiki et venait souvent aider Toshi à s'occuper de sa fille qui grandissait bien trop lentement.
Elle mangeait peu et semblait tout le temps malade, surtout lorsque Toshi allait plus mal... Et personne n'avait pour le temps trouvé quoi faire pour l'aider...

Alors, ils veillaient simplement sur elle et son père, autant qu'il était possible de le faire...

Du côté de Yoshiki, il n'y avait malheureusement pas vraiment de changements...
Cela faisait maintenant près de neuf semaines qu'il était allongé dans son lit, pâle comme la mort...
Son corps était plus froid que celui d'un vrai vampire et certaines de ses plaies ne s'étaient toujours pas refermées.
Sa mère le lavait et le soignait tous les jours, tentant par des potions et des onguents de lui faire reprendre des forces mais, si son corps parvenait à survivre, son esprit, lui, ne semblait pas prêt à revenir parmi eux...

Aujourd'hui, nous étions samedi et tout le monde était réuni dans le petit appartement.
Léara dormait paisiblement et Toshi était comme souvent étalé sur le canapé, sur les genoux d'un Kouki qui lui caressait tendrement les cheveux pour l'apaiser.
Il ne se prenait pas pour son frère mais il savait que ses gestes et son aura proche de celle de Yoshiki aidaient un peu Toshi à surnager.

Les jumeaux faisaient leurs devoirs dans un coin et Bou jouait avec ses enfants.
Hiro était très triste, il n'aimait pas l'ambiance qu'il y avait en ce moment... son tonton Yoshiki lui manquait et on ne le laissait pas voir son grand-père... c'était assez frustrant ^^"

Dans son lit, seul, Yoshiki était toujours immobile.

Et puis... une étrange lueur vint faire briller son corps.
Une lueur que personne ne vit et pourtant, elle était là...
Une poussière scintillante, comme si une fée venait de se pencher sur lui... et sa poitrine se souleva un peu plus vite, son coeur battit un peu plus fort...

Il ouvrit les yeux...

-Toshi... murmura-t-il.