Je ne t'abandonnerai pas [Uruha]

Trois semaines avaient passé depuis que Toshi avait appris qu'il allait avoir un enfant et il avait eu le matin même sa première nausée.
Ce premier signe concret de ce qui était en train de lui arriver l'avait plongé dans un tel état de questionnement qu'il avait eu du mal à se concentrer sur ses cours qu'il avait absolument tenu à reprendre. Il aimait son boulot mais Yoshiki allait devoir lui trouver un remplaçant lorsque sa grossesse deviendrait trop visible.
Il ne supporterait pas de se présenter dans cet état-là devant ses élèves, qu'allaient-ils penser ?

Il se demandait même s'il n'allait pas tout faire pour cacher son état à toute l'école. Et après la naissance, il allait sans doute devoir arrêter de travailler pour s'occuper du bébé le temps qu'elle ait l'âge de rentrer à la maternelle.

Je vais devenir un homme au foyer quelle plaie...

L'idée ne l'enthousiasmait pas beaucoup. Encore heureux que la perspective d'avoir une fille le remplisse quand même de joie, si inattendue qu'ait pu être la découverte de sa grossesse.

Kaoru et Bou n'étaient pas au courant mais ils le seraient bientôt. Il incombait à lui seule d'annoncer la nouvelle à Uruha. Il n'allait pas pouvoir l'éviter pendant neuf mois !
Il connaissait sa fragilité, le besoin qu'elle avait de lui. Il espèrait qu'elle ne serait pas jalouse, qu'elle ne se sentirait pas délaissée. Il ferait tout pour la convaincre que ça n'allait rien changer du tout entre eux.

Il se rendit dans son ancienne chambre et frappa à la porte :

- Coucou toi ! ^^ Comment ça va ?

Il s'était déjà écoulé un petit bout de temps depuis la fête d'anniversaire de Toshi... et de sa rencontre avec les jumeaux.
Depuis, elle avait repris un rythme à peu près stable. Elle allait en cours plus régulièrement, et prenait le temps de discuter avec les autres élèves.
Aujourd'hui, par pur manque de motivation, elle avait décidé de rester dans sa chambre.
Après tout, elle avait déjà fait beaucoup d'effort !
C'est donc une robe très légère sur elle, et un livre entre les mains que la demoiselle s'installa sur le rebord de sa fenêtre.
Il faisait beau, mais le lac lui faisait encore un peu peur malgré sa curiosité.
Et elle ne voulait plus inquiéter Toshi.
Alors qu'elle plongeait dans le deuxième chapitre de son roman, un bruit lui fit relever la tête, et l'instant d'après, son cher professeur pénétrait dans la pièce.
Cette soudaine apparition fit naître un beau sourire sur son visage enfantin, et elle entonna :

- Bonjour papa ! Je bouquinais un peu... Tu vas bien toi ?

Viens me faire un poutou ! x)

Toshi s'approcha d'elle et l'embrassa sur la joue.

- Tiens tu te mets à lire ? Je déteins un peu sur toi ! XD

Il s'installa sur le rebord en face d'elle, une de ses mains dans les siennes.

Mon dieu...pourvu qu'elle le prenne bien...

- Ma puce...je suis venu te parler de quelque chose. C'est assez particulier..

La jeune fille reçut son bisou, et son sourire s'élargit un peu plus.

- Il faut croire... Mais ce n'est pas un mal.

L'avantage avec Toshi, c'est qu'il ne lui disait plus rien à propos des cours. x)
La demoiselle détacha totalement son attention du bouquin quand les mains de son aîné attrapa l'une des siennes.
Me parler de quelque chose ? Quelque chose d'assez particulier ?
Uruha perdit automatiquement son sourire et fixa son professeur d'un air perplexe.
Si Toshi abordait le sujet de cette façon, c'est qu'il craignait de la blesser...

- Qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas grave au moins ?

Toshi soupira légèrement :

- "Grave" n'est pas vraiment le mot qui convient. En fait, tout dépendra de comment tu réagiras. Pour moi, c'est plutôt une bonne nouvelle.

Après une pause, il expliqua d'une voix douce :

- Je t'ai toujours dit que je ne voulais pas d'enfant avec Yoshiki. Et j'étais sincère. Seulement...il y a peu de temps, on s'est aperçu que...que j'attendais un enfant.
Je ne sais pas comment ça s'est produit. Yoshiki m'a dit qu'il s'agissait d'un miracle magique qui survient à de très rares occasions quand l'amour entre deux hommes est vraiment fort.
Alors voilà...je sais même qu'il s'agit d'une fille. Et même si...je n'ai pas tout à fait souhaité la situation, j'ai décidé de la garder.

La première phrase ne lui avait rien laissé présager de bon... Mais la deuxième manqua la faire dégringoler de son perchoir.
Et ses craintes ne furent que confirmées au fil des mots de son professeur.
Un enfant ? Un enfant de vous deux ? Yoshiki et Toshi ?
Une petite fille ? Toshi maman en somme ?
Non... Ce n'était pas possible. Entre deux hommes... Entre... vous...
Ce doit être un cauchemar... Oui, c'est cela. Un affreux cauchemar.
La demoiselle tourna la tête vers les arbres du parc et ferma un instant les yeux, pour les rouvrir très vite.
Pourquoi ne se réveillait-elle pas ?
Ah... C'est peut-être la réalité finalement...
La demoiselle reprit possession de sa main, et figea ses iris sur la page droite de son livre.

- Félicitation monsieur Toshi.

Toshi comprit tout de suite que la nouvelle faisait mal à Uruha et son coeur se serra quand elle l'appela "monsieur Toshi".

- Pourquoi tu m'appelles comme ça ? Ce n'est plus "Papa" ? Ma puce...

Il lui caressa doucement les cheveux :

- Si c'est ça qui t'inquiète, je veux que tu saches que ce n'est pas parce que je vais avoir un enfant que je t'aimerai moins. Rien ne changera. J'aurais juste deux filles : une grande et une petite. Et tu pourras toujours compter sur moi.

Papa ?
Non, parce-que c'était la seule chose qu'elle pensait avoir de lui... seulement pour elle.
Une relation père/fille unique... Qui ne le serait plus désormais.
Les belles paroles qui suivirent ? Elles ne prit même pas la peine d'en saisir le sens.
A quoi bon ?
Elle savait parfaitement qu'une fois cet enfant ici, elle passerait une nouvelle fois en second plan.
Tout comme elle était passée après Yoshiki...
Cette situation ne lui plaisait guère...
Comment s'était-elle débrouillée pour croire que les choses changeraient ?
Vil tromperie...
La nymphe referma son livre et déposa un baiser sur la joue de son aîné.

- J'ai compris.

Et elle quitta la fenêtre pour ranger son bouquin.
Je crois bien... que je vous déteste.

Quelle froideur...

Elle m'en veut.

Toshi la regarda se lever et ranger son bouquin sans oser bouger tout d'abord. Il était malheureux que cette nouvelle ait blessé Uruha. Il pensait chaque mot qu'il venait de prononcer pourtant.

Comme la nymphe refusait de le regarder, il se leva avec prudence et la prit dans ses bras en la serrant aussi fort qu'il pouvait.

- Di-moi de quoi tu as peur, murmura-t-il. Dis moi si tu es fâchée mais ne joue pas l'indifférente comme ça.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la chambre, une paire de bras l'enlaça fortement, et la voix de Toshi résonna entre les parois de son crâne.
Peur ?
Elle ne savait pas bien... Était-ce de la peur plus que de la colère ?
Elle ne parvenait pas à se décider.
Pourquoi cet imbécile de professeur n'était-il pas niais jusqu'au bout ?
Pourquoi ne pas tout simplement jouer le jeu ?
La demoiselle planta son regard sur le mur qui leur faisait face et souffla :

- Pourquoi n'acceptez-vous pas les choses comme je vous les présente ?

Ce serait tellement plus simple.
Retournez donc vivre votre bonheur pathétique avec ce cher directeur et laissez-moi en paix.

Toshi la prit par les épaules et l'obligea à le regarder dans les yeux :

- On m'a souvent traité d'imbécile heureux dans ma vie et j'avoue que c'était parfois justifié. Mais si tu crois que je vais faire semblant là, tu me connais mal. Je n'accepte pas les choses comme tu les présentes parce que je m'aperçois très bien que tu caches ce que tu penses vraiment. Tu détestes savoir que je vais avoir un enfant parce que tu crois que je t'aimerais moins.

Son expression se fit triste

- J'ai pas envie que tu me fasses la gueule moi. Je suis sûr que tu ne me crois pas quand je te dis que ce sera pareil pour nous après la naissance. Et bien tu verras...

Toshi l'embrassa tendrement sur la joue mais tout d'un coup, une petite voix lui suggéra l'hypothèse qu'Uruha n'avait peut-être pas entièrement enterré ses anciens sentiments à son égards.

Mon dieu, dans quoi me suis-je fourré ? Comment je vais régler ça ?

Toshi la força à se retourner pour lui faire face, et tenta tant bien que mal de la convaincre.

- Vous me demandez de vous croire, alors qu'il y a peu je vous entendais dire que vous ne vouliez surtout pas d'un enfant trop jeune.

Un soupir passa ses lèvres, et elle détourna de nouveau le regard.

- Oui, je déteste savoir que vous attendez un enfant, et qui plus est de Yoshiki. Je déteste cet enfant alors même qu'il n'a pas encore inspiré l'oxygène de ce monde. Je ne supporte plus les mensonges...

Si elle avait écouté ne serait-ce qu'une seconde son instinct, alors sa main serait certainement partit s'abattre sur la joue de ce pauvre Toshi.

- Soyez réaliste... Un enfant ça demande de l'attention. Cette attention, c'est elle qui la recevra... Pas moi.

Comprenez-vous ?

Tous ces reproches, si injustes pour Toshi, l'atteignirent durement :

- Mais je ne t'ai pas menti. Je ne voulais pas d'enfant. Je suis tombé enceint sans le faire exprès. Qu'est-ce que j'aurais dû faire ensuite ? Avorter ? Avec Yoshiki qui irradiait de joie devant moi ? Tu sais..au moment où elle a été conçue, j'ai eu une vision d'elle telle qu'elle sera dans trois ou quatre ans. Après ça, l'idée d'avorter m'était insupportable. Je ne suis pas un meurtrier ! Et il s'agit quand même de ma fille !

Il s'éloigna un peu de la nymphe et mit ses mains dans ses poches :

- J'ai toujours su que tu n'aimais pas Yoshiki mais voilà que tu détestes aussi le bébé...dit-il d'une voix triste. Moi j'aurais bien voulu pouvoir te l'amener quelque fois. Je t'assure que je serais capable de te donner autant d'attentions qu'avant. J'ai de l'entraînement crois-moi. Entre Kaoru, Bou, Hiro et Amiyu dont je dois souvent m'occuper, je sais que j'ai un coeur assez grand pour que tout les gens qui comptent aient une place à eux. Et c'est valable pour toi.

Votre fille...
Justement. Ne comprenez-vous pas que c'est de là que vient mon mal ?
Moi, je n'ai aucun lien de sang avec vous.
Les mots de Toshi se succédèrent à une allure folle, entrant dans son cerveau avec force et créant une incompréhensible confusion.
Mais merde !
L'étudiante plaqua ses mains contre ses oreilles et hurla de frustration.
Oui, ça devait sortir... D'une façon ou d'une autre.

- Mais pourquoi vous entêtez-vous à ne pas comprendre ?! Ce n'est pourtant pas compliqué ? C'est mon égoïsme qui me pousse à agir ainsi ! J'ai toujours désiré ne vous avoir que pour moi ! Mais il y a eu ce brave Yoshiki, puis Kaoru, puis Bou, puis leurs enfants, les jumeaux ! J'étais capable de faire semblant jusque là. Mais maintenant c'est votre propre enfant qui s'immisce ! J'en ai assez monsieur Toshi ! Assez de devoir refouler mes sentiments pour paraître une gentille fille.

Elle avait envie de pleurer... Mais ne se le permettrait pas. Pas dans une telle situation.

Toshi sursauta de frayeur quand Uruha se mit à hurler.
Et ce qu'elle lui dit lui fit l'effet d'un coup de massue.

Elle ne l'avait jamais vu comme son père. Il avait seulement devant lui une femme qui, par amour, le voulait pour elle seule et ne supportait pas tout ceux qui l'approchaient. C'était normal d'être égoiste quand on aimait. Lui-même n'avait pas voulu d'enfant au départ rien que pour pouvoir garder Yoshiki pour lui seul.

Il n'osait plus la toucher. Il ne savait plus quoi faire.

- Tu es encore amoureuse de moi.., dit-il d'une voix atone.Ce rôle père-fille était de la comédie au fond. Quel dommage, moi j'étais sincère...

Il se mordit les lèvres. Lui aussi avait envie de pleurer.

- Je peux pas te donner ce que tu veux...j'peux pas...si seulemet tu pouvais tomber amoureuse de quelqu'un d'autre.

Faute de ne pouvoir la calmer, les paroles de Toshi l'énervaient toujours plus, et elle rétorqua sèchement :

- Parce-que vous croyez que je n'ai pas essayé d'être sincère ?!

Elle aussi elle avait cru que ce rôle la sauverait... Mais elle s'était lourdement trompée. Ce n'était qu'une façon de plus de masquer la vérité...

- Je ne veux plus tomber amoureuse ! Je ne veux pas vivre ça deux fois ! Je n'ai pas besoin de ce genre de sentiments !

Laissez-moi ! Laissez-moi !
Je ne veux plus avoir à faire à vous, ni à qui que ce soit !
Je veux rentrer chez moi, et ne plus me mêler aux autres !

Toshi fut incapable d'ajouter quoi que ce soit d'autre pour la consoler. Il se sentait affreusement coupable, il aurait donné n'importe quoi pour que Uruha se sente mieux.

Sentant que sa présence ne faisait que l'énerver deux fois plus, il battit en retraite. Sans oser l'embrasser sur la joue comme avant, il recula lentement vers la porte

- Je voudrais te dire que tu trouveras un jour celui qu'il te faut mais tu vas m'engueuler...Je te fiche la paix mais je reviendrais plus tard. Parce que je m'nquiète pour toi même si ça doit te sembler impossible.

Il sortit de la chambre. Plus loin, sur les escaliers, il s'assit sur une marche et se prit la tête dans les mains. Il aurait tant voulu que ça se passe autrement.

( dis-moi ça fait bien longtemps que Emma et Uruha n'ont pas été ensemble comme au début. Je me demande même si elles se fréquentent encore à l'école ! XD Faudra essayer de les faire interagir un jour et si elles sont toujours amies, Emma pourrait peut-être essayer de la soutenir un peu ?)

(Je crois que je suis comme Uruha... Mon attention est braquée sur Toshi ! OwO Mais effectivement, le retour de Emma pourrait peut-être arranger les choses. Je compte bien faire faire quelques bêtises à Uruha...)

Revenir plus tard ?
A quoi bon ? Elle comptait bien quitter cette pièce sur le champ. Il y avait trop de souvenir entre ces murs... Beaucoup trop.
La jeune fille sortit à son tour de la chambre, passant en courant à côté de Toshi sans même le voir, et se dirigea vers la forêt.
Elle devait se vider la tête.
Elle devait faire le point... Que lui restait-il à présent ?
Sa seule raison de rester ici, n'était-elle pas Toshi à la base ?
Alors, à quoi bon se forcer plus longtemps ?

(Je te laisse décider de la suite. Ou Toshi retente de la raisonner et on continue ce sujet, ou c'est Emma qui s'en charge et dans ce cas on commence un autre sujet dans la forêt... ? Qu'est-ce que tu en dis ?)

( Je crois qu'on va essayer avec Emma. Je crains que Toshi ne puisse rien faire pour elle, si Uruha parle à quelqu'un d'autre ça ira peut-être mieux. Ouvre le nouveau sujet si tu veux, moi je crois que je vais aller me coucher, j'ai cours demain -_-)

Emma descendai les escaliers et y trouve Toshi, la tête dans ses mains, l'air accablé. Peu habituée à voir un prof dans cette position-là, elle s'approcha doucement :

- Professeur, quelque chose ne va pas ?

Toshi leva les yeux et la reconnut :

- Emma...dis moi, est-ce que tu es toujours amie avec Uruha ?
- Bien sûr ! Même si on ne se voit pas souvent. Elle s'isole depuis qu'elle peut bénéficier de votre appartement.
- Je sais...s'il te plaît veille sur elle.
- Pourquoi ?
- Elle te racontera peut-être. Mais elle ne va pas bien en ce moment. Elle est partie dehors et j'ai pensé que peut-être, ça lui ferait du bien si tu restais avec elle.

Emma ne comprenait pas mais elle n'hésita pas un instant :

- Bon d'accord je vais la voir !

Elle fila aussitôt à la recherche de la nymphe en se demandant ce qui avait pu bien se passer.

(Valà suite dans la forêt ! ^^ A demain ! )