Je ne comprends pas... [Kaoru][Terminé]

Bou chantonnait tranquillement devant son miroir.
Il était aux anges, réellement.

Depuis deux semaines, il avait débuté dans son nouveau métier... et adorait ça!
On lui faisait mettre tellement de jolis vêtements et il adorait se faire coiffer et maquiller!
Et puis, les photoshoots étaient amusants, les mise en scène jolies et enfantines, parfois trash mais c'était rigolo quand même.
Et, mieux que tout... il pouvait souvent repartir avec les tenues qu'on lui faisait porter!

Et aujourd'hui, il se retrouvait dans un adorable petit ensemble tout neuf composé d'une jupe écossaise un peu trashisée avec quelques chaînes et des épingles à nourrice, d'un adorable petit chemisier, habile mélange de féminin et de masculin, d'un noir profond, le tout complété par d'énormes loose socks et d'une petit casquette noire type "cheminot" quasi recouverte de badges divers et autres fanfreluches.
Bref, il se trouvait adorablement rock n roll et ça lui plaisait beaucoup!

ET puis,la find e l'année scolaire approchait aussi...dans deux mois,il serait avec Kao tout le temps!
ET ça, ça le ravissait au plus haut point!

Amiyu continuait à grandir, babillant de plus en plus... Il avait même appris de nouveaux mots!
Une sorte de chose qui ressemblait à "Pa!" quand il voyait Kaoru et un adorable "meumeum" lorsqu'il s'agissait de Bou.
Ah et aussi, il avait appris à dire "nan" et s'éclatait à refuser tout pleins de choses, juste pour pouvoir parler ^^"

Bref, la vie était belle, vraiment.
A cela près que depuis un jour ou deux, Kaoru semblait un peu distant, distrait, perdu dans ses pensées...
Bou mettait cela sur le compte des examens qui approchaient et se montrait deux fois plus adorables.
Il servait presque comme une gentille petite bonne son Kao, le chouchoutant pour qu'il n'ait à s'occuper de rien et restant d'une tendresse inouïe envers lui... très câlin aussi.
Il s'offrait à lui parfois plusieurs fois dans la même nuit et tant pis pour les cernes le lendemain!
Au travail, ils camouflaient ça très bien avec le maquillage d'ailleurs ^^
Certains auraient pu trouver cela peut-être légèrement étouffant mais Bou savait que Kao aimait ses attentions... du moins, il l'espérait, car l'air froid qu'il vit sur son visage quand il rentra ce soir là lui fit avoir un frisson.

-Kao? Tu as eu une mauvaise journée? demanda-t-il doucement, Amiyu jouant dans son petit parc posé au sol.

Deux jours...Deux jours que sa vie était un enfer. Du moins, l'antichambre seulement car Kaoru savait que ça ne faisait que commencer. Le pire allait arriver ce soir. S'il attendait plus longtemps, Bou allait finir par se faire tuer et par sa faute.

On sait où il bosse...On pourrait facilement l'attraper dans la rue, lui défoncer son joli petit cul avant de l'étrangler et de le balancer dans une poubelle.

Son passé l'avait rattrapé de la pire des façons. Il s'était cru sauvé mais il semblait qu'on n'échappe jamais à ce qu'on est. Il fallait maintenant qu'il fiche le camp et qu'il lui fasse mal. Oh si seulement Bou pouvait le hair...s'il pouvait lui cracher dessus et le renier, il se sentirait mieux. Il allait mourir de chagrin s'il le voyait pleurer.

Kaoru était resté un temps interminable devant la porte de leur chambre à se composer le visage qu'il fallait, à essayer de se cuirasser le coeur pour ce qui allait venir. Heureusement que Hiro n'était pas avec eux ce soir. Ca ferait un détruit de moins.
Ouvrir la porte fut l'un des acte les plus pénible qu'il ait jamais fait. Mais son visage avait quand même l'expression qu'il fallait.

Quand Bou lui demanda si ça allait, Kaoru ne répondit pas. Il passa devant lui, glacial, sans un regard ni pour lui ni pour son fils. Lui, s'il le regardait jouer, c'en était fini de sa résolution.
Toujours muet, il s'assit sur son lit et glissa son portefeuille dans sa poche. Il n'y avait pas grand-chose dedans mais c'était tout ce qu'il pouvait emporter.
Il savait que Bou allait essayer de le materner et il rassemblait ses forces...

Les yeux de Bou s'écarquillèrent en voyant Kaoru passer devant lui sans même un regard.
Ni un mot.
Il ne dit pas non plus bonjour à son fils qui attendait son câlin quotidien de son papa et s'était arrêté de jouer en tendant ses petits bras vers lui mais... rien.

Bou pris son fils dans ses bras et l'embrassa sur la tempe comme pour compenser ce fait avant de le reposer dans le parc et de rejoindre Kaoru dans la chambre.
Son regard semblait... si dur...
Il sentit son cœur se serrer et il s'assit sur le lui à côté de lui, posant une main douce sur une des siennes.

-Kao... souffla-t-il. Qu'est-ce qui se passe? Tu as l'air tout triste...

Et ça, il ne supportait pas!
Voir son Kao si malheureux et si froid... non!

Il déposa un doux baiser à la commissure de ses lèvres et le regarda en souriant avec tendresse et encouragement.
Dis-moi mon amour ce qui te tracasse à ce point.

C'est pour leur sauver la vie...

Kaoru n'arrêtait pas de se répéter cette phrase comme un mantra pour tenir le coup. Les blesser pour les sauver... C'était pourtant si facile de faire marche arrière. Il n'avait qu'à sourire et embrasser Bou. Mais après ? Il ne pourrait pas être là en permanence pour le protéger et ce clan de mafieux était très puissant. Comment ses anciens compagnons de délinquance avaient pu se retrouver à travailler là ? Pourquoi avait-il fallu qu'il retombe sur eux ?

Ce n'était pas le moment des questions. Kaoru arracha sa main de celle de Bou et se leva brusquement pour échapper à sa tendresse.

- Fous-moi la paix ! cria-t-il. Je vais bien, j'ai juste besoin que tu me laisses respirer au lieu d'être sans arrêt sur mon dos ! Occupe-toi du chiard et oublie-moi un peu !

Le chiard...appeler son fils comme ça lui déchira le coeur et le pire c'est que c'était sorti tout seul. En plus, Amiyu se mit à pleurer en l'entendant crier. Sans avoir le force de le regarder, Kaoru lui jeta un "ta gueule" retentissant.

La réaction de Kaoru laissa Bou muet de stupeur.
Il...
Il était si... si différent si...

Kao...
Qu'est-ce qui t'arrive bon sang?!

Amiyu se mit à pleurer et Bou, en bonne maman, se leva pour aller le prendre dans ses bras pour le bercer tendrement.
La "ta gueule" qu'il avait lancé à son fils lui brisait le cœur mais le blondinet pensait, probablement à juste titre, que quelque chose tracassait vraiment son amant et qu'il devait être à bout de nerfs.
Ce n'était que cela...

-Kao. reprit-il doucement, son fils dans les bras. Tu devrais me dire ce qui va pas... Tu fais peur à Amiyu, ne cries pas comme ça, s'il te plaît...

Sa voix s'était faite plaintive et ses yeux étaient légèrement embués.
Il ne supportait pas qu'on lui crie dessus, encore moins Kaoru!

Amiyu s'était calmé et Bou se rassit sur le lit en le gardant dans ses bras, tendant une main vers Kaoru.

-Viens là et expliques moi tout... On est une famille non? Quoi qu'il se passe, on est là pour te soutenir...

Et puis, je veux savoir.
Je ne supporte plus de te voir comme ça!

Un rire horrible échappa à Kaoru. C'était une réaction purement nerveuse mais elle pouvait passer pour un rire cruel. Et bizarrement il eut pour effet de le faire continure sur sa lancée. Il ne fallait surtout pas qu'il fasse attention à la voix douce de Bou. Ni qu'il traîne là trop longtemps sous peine d'éclater en sanglots. Il fallait qu'il décoche les mots les plus terribles qu'il pouvait trouver. Un truc irréparable. Et il se souvint de la pire crainte de Bou.

- Ouais une famille ! répondit-il d'une voix aigre. Une putain de famille que j'ai jamais voulu ! Tu sais quoi ? Quand je vais en ville, je compte au moins une dizaine de filles et de mecs qui se retournent sur mon passage ! J'ai même pas vingt ans, je suis canon. Je devrais être en train de faire la fête, de boire et de baiser tout ce qui bouge !
Au lieu de ça j'ai quoi ? Je suis coincé là avec un chiard dont je n'ai même pas voulu et un foutu nain qui me sert de servante et de cul à baiser !

Tu voulait la vérité ben voilà : j'en ai marre de toi, j'en ai marre du môme ! J'ai raté trop de choses à cause de vous ! Le rôle du bon père de famille, c'était de la comédie parce que j'avais pas le choix mais c'est terminé ! Maintenant, je vais me casser d'ici et toi tu vas te démerder tout seul au lieu de me pomper l'air !

Le rire de Kaoru lui glaça les entrailles et même Amiyu sembla se faire tout,tout petit et silencieux.
C'était... terrifiant...
Et la suite... Oh mon dieu la suite!

Bou était tellement choqué qu'il ne sentit même pas les larmes couler sur ses joues.
Il n'éclata pas en sanglots, il ne dit rien, se contentant de darder un regard vide et ô combien douloureux sur le plus grand.

Parce que ce n'était pas tant ce qu'il lui avait dit qui le faisait souffrir... Après tout, au fond, il l'avait toujours su...
Non, c'était le fait qu'il lui ai menti pendant tout ce temps.
Il lui avait assuré, tellement, tellement de fois qu'il l'aimait.
Pour de vrai.
Et qu'il était heureux d'avoir un enfant avec lui.
Et Hiro dans tout ça?
C'était pourtant lui qui avait proposer d'adopter un autre enfant, cet enfant!
Et lui, pauvre idiot, il s'était accroché à tout ça, nageant dans le bonheur d'une vie future, pas à deux mais à quatre, dont ils avaient planifiés les moindres moments.
Leurs travails, leurs enfants... leur maison, à eux...
Une vraie vie de famille qu'ils avaient construits ensemble, dans leurs rêves mais apparemment, Kaoru n'avait fait que le mener par le bout du nez.
Il voulait juste... le baiser?
Et cette fois alors où il s'était laissé prendre par lui?
La tendresse réelle - car on en peut pas mentir sur ça! - qu'il lui avait accordé.
Ses larmes quand il l'avait cru mort...
Tout ça, tout ça était feint?
Non, il ne pouvait y croire alors quoi?
Juste... ils 'était enfin rendu compte de tout ça, juste maintenant?
Il lui avait fallu tout ce temps pour craquer et comprendre que... qu'il ne voulait pas d'eux...

-Mais je t'aime... murmura-t-il d'une voix brisée et faible.

Je t'aime tellement mon Kao...
Tu es, toute ma vie...
Qu'est-ce que je vais devenir sans toi?

Le coeur de Kaoru lui faisait mal à en crever. Il fallait qu'il fiche le camp le plus vite possible. Mais Bou semblait avoir encore des doutes. Il fallait qu'il le convainque bien que c'était fini.

- Ouais et moi je ne t'aime plus ! répliqua-t-il de son ton le plus mauvais. Je l'ai cru au début. Mais en fait, je m'étais forcé ! Après ton agression par Kyo, Yoshiki t'as foutu dans mes bras en me disant que puisque tu t'accrochais à moi, j'étais responsable de toi ! Il ne fallait pas que je te blesse, tu avais assez souffert comme ça et gnagnagna ! Et quand t'es tombé enceint, ça a été pire encore ! Un véritable piège !
J'ai assez sacrifié comme ça je crois ! Je me casse de cette académie, je voulais même pas y venir ! Salut ! Maintenant je vais vraiment m'amuser et faire ce que j'aurais dû faire depuis longtemps !

Incapable de rester davantage, il quitta la pièce à grands pas et claqua la porte derrière lui. Sans s'arrêter, il fila droit vers la sortie de l'école, vers le parc puis la forêt. Il courait pour être sûr que personne ne chercherait à la rattraper et pour s'enfoncer assez loin pour qu'on ne puisse plus lui courir après.

Il ne s'arrêta qu'en voyant la route qui menait vers la ville, beaucoup plus loin.
C'était fait. Il avait tout brisé. Il ne reverrait jamais ni Bou, ni son fils, ni Hiro...
A bout de nerfs, anéanti, le coeur en miette, il descendit sur la route déserte en marchant comme un somnanbule. Et tout d'un coup, il tomba à genoux et lança vers le ciel le long hurlement de l'homme qui a tout perdu.

Le cœur de Bou explosa en mille morceaux alors qu'il ne tentait même plus de consoler Amiyu qui pleurait, terrifié par la colère de son père.
Il le tenait machinalement mais plus aucune réaction de sa part.

Sacrifié...
C'était bien le terme qu'il avait employé.
Il s'était, sacrifié...

Et Bou s'en voulu tellement, tellement!
Il avait fait souffrir Kao, pendant tout ce temps et maintenant... maintenant Kao le détestait.
Maintenant qu'il l'aimait plus que sa propre vie, il s'en allait...

Jamais il n'avait eu aussi mal...
Pour le coup, il aurait préféré continuer sa vie, ne rien contrôler de ses pouvoirs... au moins, les autres n'avaient qu'une emprise sur son corps, et non sur son cœur.

Désormais, il était démoli et quand la porte claqua, sans qu'il ait ajouté quoi que ce soit, il se passa de longues, très longues minutes avant qu'il ne bouge.
Il se leva, déposa Amiyu qui pleurait toujours dans son parc... et s'effondra au sol.
Le choc avait été, bien trop rude... et il n'avait plus la moindre envie de vivre.
Les yeux clos, inconscient, seul son souffle encore régulier laissait deviner qu'il n'était pas mort.
Mais au fond, son âme venait de se briser...

[FIN]