Retour aux sources ( Sugizo-Uruha-Elwyr)-Taliésin) Terminé.

Elwyr avait retiré sa capuche, et était assis dans l'herbe.
Il avait eu la désagréable impression d'avoir été en apnée durant toute la visite.
C'était terriblement douloureux de se savoir chez lui, près de sa famille, mais de ne pas pouvoir s'en réjouir.
Alors qu'il repassait les derniers évènements en boucle dans sa tête, un bruit de pas le fit se redresser.
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant la princesse un peu plus loin.
Son cœur se mit à tambouriner contre sa poitrine, et il en oublia de remettre sa capuche.
Étrangement, il ne voulait pas lui mentir.
Elle ne le connaissait pas... Et pourtant...
Il se sentait ce lien invisible les relier.

Sylvia, se sachant découverte, osa enfin s'approcha jusqu'à venir s'asseoir à côté d'Elwyr. Sa curiosité se battait avec sa timidité. D'habitude, elle fuyait les inconnus surtout les hommes. Elle vivait recluse dans le palais, surprotégée par sa mère qui ne savait pas quoi faire d'elle. Quant à son frère, il avait mieux à faire que de se soucier de sa bizarre de soeur.

Elle voyait parfaitement le visage d'Elwyr et elle était de plus en plus troublée. Comment un étranger pouvait-il à ce point leur ressembler ?

Elle se mit à parler avec des signes. Elle voulait savoir comment il s'appelait mais elle était bien consciente qu'elle serait difficile à comprendre.

( Dis-moi Elwyr tient son prénom de ses parents ou ce sont les nomades qui l'ont élevé qui l'ont appelé comme ça ? )

(Oui, il le tient de ses parents.)

Il la laissa s'approcher, se contentant simplement de l'observer.
Elle était vraiment charmante, et cette fragilité ne la rendait que plus belle.
Alors qu'il se demandait où tout ça allait les mener, la princesse se mit à faire des gestes.
Elle lui parlait en langage des signes ?
Elwyr se mit à réfléchir rapidement, puis lui fit signe de ne plus rien faire.
Fermant les yeux, le garçon récita une incantation, puis déposa son index contre le bout de celui de sa sœur.

- Voilà. Écris ce que tu veux me dire du bout de ton doigt.

Il lui fit un exemple en traçant un "bonjour" au dessus de leur tête.
Une poudre dorée suivait son index, donnant forme aux lettres qu'il traçait.
La communication serait beaucoup plus simple.

Sylvia resta un moment stupéfaite de découvrir les pouvoirs d'Elwyr. Les siens étaient...détraqués. Sa magie l'avait rendue fragile et terriblement instable émotionnellement. Elle n'avait jamais pu apprendre à l'utiliser.

Elle ne sut pas quoi dire pendant plusieurs secondes. C'était difficile de commencer...elle semblait craindre de parler en même temps qu'elle en avait envie. Puis elle se mit à écrire :
" Je suis désolée...je sais que je suis un peu folle. Comment vous appelez-vous ?"

En fait, elle avait des tas de choses à dire mais par écrit c'était difficile de tout exprimer.

Un peu folle ?
Elwyr chassa le mot d'un mouvement de main et répondit :

- Je n'ai jamais rien pensé de tel.

Il hésita un instant, puis avoua :

- Je m'appelle Elwyr.

C'était peut-être un peu risqué, mais puisqu'il était l'aîné, sa sœur n'avait peut-être jamais entendu parlé de lui ?
Enfin, il l'espérait...
Et puis, il était mort aux yeux des gens d'ici.

(Je fiel au boulot ! Bisou !)

(Bisous ! )

Elwyr...
Heureusement ou malheureusement, Sylvia n'avait jamais su qu'il y avait eu un autre garçon avant Vadius. Croyant Elwyr mort, ses parents avaient décidé de ne plus jamais parler de lui à qui que ce fût.

Quelque part, elle était un peu déçue que son nom ne lui dise rien. Alors pourquoi avait-il à ce point retenu son attention ? Il était de Samoel, elle n'y avait jamais mis les pieds. Sûrement une énième étrangeté de sa part qu'elle ne pouvait s'expliquer. Elle "sentait" très facilement les gens par leurs pouvoirs et elle savait instinctivement que ceux d'Elwyr étaient forts. Mais elle avait cru qu'il y avait plus...

" J'ai cru pendant un moment que je vous connaissais. J'aurais dû mal à vous l'expliquer, vous me ressemblez..."

Et comme elle avait bien vu qu'Elwyr avait été assez secoué :

" Je suis désolée pour Vadius. Il n'a jamais été très délicat."

Sylvia ne réagit pas en entendant son prénom.
Ça signifiait qu'on ne lui avait jamais parlé de lui.
Il était presque déçu...
Même s'il savait qu'il valait mieux gardait son identité secrète, il aurait espéré qu'ici, on ne passe pas son existence sous silence.
Le garçon se contenta donc de hausser les épaules et inventa :

- Je viens d'ici. Mais quand mes parents sont morts, ce sont des gens de Samoel qui m'ont recueilli. Alors je suis parti habité là-bas.

Vadius ?
Ah oui, il avait eu une sacré trouille sur le coup.

- C'est de ma faute. Je lui ai manqué de respect.

Il hésita un instant, puis demanda :

- Tu as des pouvoirs toi aussi ?

Le visage de Sylvia s'assombrit considérablement lorsqu'Elwyr la questionna sur ses pouvoirs. Elle détestait en parler. Elle avait toujours pensé que ses parents et son frère la méprisaient secrètement parce que sa magie était "détraquée", c'était toujours le mot qu'elle utilisait pour parler d'elle parce qu'elle le trouvait très approprié.

Et comme c'était très douloureux, elle préférait carrément faire comme si elle n'en avait pas du tout. Elle n'écrivit rien parce qu'elle était bien incapable d'exprimer de façon raisonnée ce qu'elle ressentait. Elle se contenta de secouer vigoureusement la tête avec un visage fermé. Non pas de pouvoirs et pas envie d'en parler !

Le silence de la princesse lui serra le cœur.
Il avait l'impression que c'était plus un fardeau qu'autre chose...
Lui, malgré tous les problèmes que la magie lui avait apporté, il prenait ça comme un don.
Mais peut-être qu'ici ce n'était pas le cas...
Perplexe, Elwyr pensa bon de changer de sujet.

- Quel âge as-tu ?


(Je pense que je vais bientôt faire intervenir Vadius... A moins que Sylvia n'ait d'autres questions ?)

(Non non vu le caractère que je lui imagine, je ne dois pas la faire trop bavarde. Tu peux ramener Vadius.)

Sylvia écrivit qu'elle avait 13 ans. Elle avait encore des traits d'enfant et sa trop grande minceur n'en paraissait que plus poignante. Elle avait l'air de manquer de l'énergie nécessaire pour grandir et s'épanouir. Depuis qu'Elwyr l'avait rencontré, elle n'avait jamais souri.

Elle détestait la compagnie des inconnus en tant normal mais près d'Elwyr, elle n'avait pas peur. Elle préfèrait largement rester là, assise dans l'herbe avec lui plutôt que de retourner dans la palais où elle serait releguée dans sa chambre pour ne pas gêner les invités par son état qui n'était pas à la fête.

Pendant ce temps, Sugizo s'ennuyait ferme dans cette réception mais le cachait avec toute la distinction que lui avait donné l'habitude de ce genre de moments. Il jetait fréquemment des coups d'oeils à toute la salle en se demandant ce qu'Elwyr était en train de faire. Il se sentait un peu coupable de lui avoir mis dans la tête l'idée de venir à Aphysias.

A côté de ça, Vadius s'était permis une petite excursion hors de la salle du trône.
Il n'avait pas apprécié la façon dont ce gamin avait échappé à son autorité.
Pire encore, il était presque certain que sa sœur y était pour quelque chose.
Sylvia n'était pas du genre à s'intéresser aux inconnus.
Alors pourquoi ?
Lui-même se sentait presque mal à l'aise...
C'est au bout de quelques minutes de marche et de réflexion que le roi tomba sur une scène des plus étonnantes.
La princesse discutait avec le disciple de ce mage.
Et ce visage...
Il en fut foudroyé sur place.
Mais sa surprise fut plus vive encore quand il entendit son nom.
Elwyr... Non. C'était impossible ! Son frère était mort !
Un imposteur venant lui voler son trône alors ?
Ne voyant que cet alternative, le jeune roi entra dans une sombre colère et s'avança rapidement vers eux.
Sans prévenir, il attrapa le poignet de sa sœur et la fit se relever.
Elwyr, prit de court, leva de grands yeux affolés vers le roi et recula par réflexe.

- Qui es-tu ? Pourquoi venir ici sous une capuche et te présenter à la princesse sous le nom de mon frère aîné décédé ? Parle ! Comptais-tu l'amadouer ? Et me voler mon trône ensuite ?
- N... Non... Je ne...
- Et c'est ce traitre de Sugizo qui tire les ficelles ?!
- Pas du tout ! Je vous assu...

Mais le garçon n'eut pas le temps d'en dire plus, une violente claque venant le faire taire.
Vadius, perdant totalement son sang-froid, attrapa le jeune homme par le bras et le tira jusqu'à la salle du trône.

- Souverain de Samoel ! Cria t-il fortement.

(Alors là, ça va jeter un de ces froids sur la fête ! XD)

Sylvia était particulièrement sensible aux actes brutaux et elle avait peur de son frère justement parce qu'elle connaissait la part sombre qu'il y avait en lui.

Elle ne put rien faire pour empêcher Vadius de s'emparer d'Elwyr mais elle leur courut après en émettant de faibles cris de supplications. Elle n'avait rien compris à cette histoire de frère caché et savait seulement qu'elle ne voulait pas qu'on fasse du mal à Elwyr.

Elle pleurait lorsqu'ils entrèrent dans la salle et la voix tonnante de Vadius jeta un froid glacial sur la réception. Tous les invités se turent et se tournèrent vers lui et Sugizo d'un air choqué et stupéfait.

Sugizo n'eut qu'à jeter un coup d'oeil à la scène pour comprendre que ses pires craintes s'étaient peut-être réalisées. Bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds par un gosse de seize ans, tout roi soit-il, il fit signe discrètement à Uruha de ne pas intervenir et s'avança, bien droit :

- Qu'est-ce que vous faites encore avec ce garçon ? Décidémment, vous êtes bien rancunier !

- Comment osez-vous ?! Tempêta t-il en relevant le menton du garçon vers l'assemblée.

Certains regardaient la scène avec incompréhension, d'autres ouvraient de grands yeux stupéfaits.

- Emmener ici un imposteur qui a les mêmes traits que mon frère ! Me pensiez-vous dupe ? Que tentez-vous de faire en agissant ainsi ? Me ravir Aphysias ? Samoel ne vous suffit-il pas ? Ou bien êtes-vous un de ces rois dont la folie des grandeurs entraîne la perte des autres ?!

Taliésin hésitait à intervenir.
Il devait laisser agir Sugizo...
Et puis...
Il jeta un coup d’œil vers la reine mère qui semblait perdue.
Allait-elle reconnaître son enfant ?

Sugizo hésitait beaucoup sur ce qu'il devait dire. Fallait-il avouer qu'Elwyr était vraiment son frère ? Vu la fureur de Vadius, un mensonge serait difficile à tenir. Et l'air de famille était tellement flagrant...

Les accusations de Vadius chatouillèrent sa fierté et il rétorqua sans broncher :

- Vous m'insultez en faisant de telles suppositions. J'ai risqué ma vie pour que mon pays vive enfin en paix après des années de guerre et de dictature. J'ai même fait la paix avec Arkorath ! Quel intérêt aurais-je à nuire à Aphysias ? Ne soyez pas paranoiaque, Samoel me suffit amplement !

Il regarda Elwyr en essayant de lui faire comprendre qu'il allait sûrement falloir tout dire.

- Ce garçon s'appelle Elwyr. Relâchez-le et ne craignez pas pour votre trône. Nous allons tous vous raconter et vous verrez que nous ne sommes pas venus pour vous agresser.

Vadius fit taire sa colère pour écouter les paroles de l'accusé.
Sugizo n'était pas roi pour rien visiblement. Il savait parler.
D'un geste négligeant, il relâcha le bras du garçon et le poussa vers le souverain de Samoel.

- Soit. J'attends vos explications.

Elwyr jeta un bref regard à Sylvia, puis se tourna vers Sugizo.

- Je... Je ne voulais pas vous causer d'ennuis... Je suis désolé.

Sugizo avait horreur du scandale et aurait largement préféré que tout ceci se passe en privé.

Trop tard malheureusement car les commentaires chuchotés allaient bon train parmi les invités qui grillaient de curiosité.

- Je... Je ne voulais pas vous causer d'ennuis... Je suis désolé.

Sugizo posa la main sur la tête d'Elwyr et murmura :

- Il faut leur dire à présent. Tu devras parler aussi pour les rassurer et leur dire que tu n'es pas venu semer le désordre.

Après quoi, il regarda particulièrement Héléna en comptant sur l'instinct maternel :

- Vadius frôlait la vérité sur un point mais la frôlait seulement ! Ce garçon n'est pas un imposteur, c'est votre véritable enfant que vous avez cru mort !

Il était bien décidé à ne pas dire un mot sur la responsabilité de Taliésin. Dans la salle, c'était l'effarement le plus total.

- Il a été enlevé et emmené à Samoel par des nomades qui l'ont élevé. Je l'ai rencontré et pris sous ma protection. Quand j'ai su que j'allais venir ici, j'ai estimé que je n'avais pas le droit d'empêcher Elwyr de venir voir sa famille. Il voulait vous voir, même de loin, même sans vous parler. C'est bien naturel dans un tel cas. Mais je vous assure qu'il n'a jamais eu la moindre prétention au trône.

Il jeta un regard à Elwyr parce qu'il devait parler lui aussi pour ôter tous les doutes à sa famille.

Toute l'assemblée semblait médusé, et Elwyr sentait son cœur battre de plus en plus douloureusement.
Taliésin était rassuré que son roi ne l'est pas évoqué comme la cause de la disparition d'Elwyr. Ça n'aurait fait très certainement qu'empirer les choses...
Vadius, qui n'avait pas perdu une miette des explications, tourna un regard effaré vers sa mère.
Comment cela était-il possible ?

- Mais les médecins l'avaient déclaré mort ! Le deuil a duré vingt quatre heures comme nos coutumes l'exigent ! Des centaines de personnes ont vu le cercueil de mon frère se faire emporter par le fleuve !

Tout ça était complètement absurde !
Elwyr s'avança alors vers la reine mère et souffla :

- Le souverain de Samoel dit la vérité. Les nomades voulaient réveiller un sorcier des temps anciens. Mais il leur fallait trouver une enveloppe charnelle... Une enveloppe charnelle qui résisterait aux pouvoirs du sorcier. Ils connaissaient vos coutumes et ont fait en sorte de faire disparaitre mon pou durant vingt quatre heures. Après ça, il leur a juste suffit de récupérer mon cercueil un peu plus bas...

- C'est... Impossible. Balbutia le roi.

Tout le monde y avait cru !

- Si c'est bel et bien la vérité, pourquoi ne pas l'avoir ramené quand vous l'avez trouvé ?

- Parce-que sa majesté ignorait que cet enfant était l'héritier d'Aphysias. Elwyr est arrivé à Tuléar à l'âge de dix-neuf ans et il était totalement amnésique. C'est moi qui lui ai fait recouvrer la mémoire. Coupa le mage de plus en plus agacé par Vadius.

Sugizo sentait lui aussi que personne n'avait l'air prêt à sauter au cou d'Elwyr. Après si longtemps et vu les circonstances, il fallait s'y attendre. Mais pauvre garçon...

La meilleure réaction vint de Sylvia. Elle pleurait encore mais plus pour la même raison que précédemment. Pour elle, cette révélation était un véritable choc puisqu'elle n'avait jamais su qu'il y avait eu un autre enfant avant Vadius. Mais elle n'avait aucun doute. Ca expliquait trop bien pourquoi elle s'était sentie immédiatement liée à Elwyr. Elle voulait tellement croire que ce beau garçon si gentil était vraiment son frère !

Sugizo crut bon d'ajouter autre chose, au cas où Héléna et Vadius n'auraient pas envie de voir Elwyr s'installer avec eux :

- Elwyr est appelé à devenir un magicien très doué. Il l'est d'ailleurs déjà !

Héléna sembla enfin sortir de sa stupéfaction :

- Pourquoi ? Est-ce qu'il serait réellement possédé par ce mage qui voulait son corps ?

- Non, la rassura Sugizo. C'est fini, Elwyr est totalement libre. Je parlais des pouvoirs qu'il a depuis sa naissance.

Sylvia s'était rapprochée d'Elwyr et lui avait pris la main. Elle le dévorait des yeux et pour la première fois, il y avait un sourire sur son visage.

Elwyr sentit la main de la princesse se glisser dans la sienne, et son cœur sembla s'apaiser à ce simple contact.
Elle le croyait...
Alors, prenant une nouvelle fois son courage à deux mains, le garçon avoua :

- Je ne suis pas là pour revendiquer le trône d'Aphysias. J'ai trouvé ma place à Samoel et près de son souverain qui m'a accueilli. J'ai encore beaucoup à apprendre de Taliésin... Je voulais juste... Voir de mes propres yeux ma terre d'origine... Et les gens de ma famille.

A ce dernier mot, il se tourna vers Sylvia pour lui sourire.
Elle était encore plus belle ainsi...

Le sourire de Sylvia s'agrandit encore et elle prit Elwyr dans ses bras sans s'occuper de la réaction que pourraient avoir sa mère et son frère.

Sugizo trouvait la scène adorable et jeta les yeux sur la reine mère. Celle-ci paraissait hésiter encore un peu. Enfin, elle s'approcha d'Elwyr qu'elle regarda jusqu'au fond des yeux.

-C'est un miracle..., murmura-t-elle en passant une main tremblante sur la joue d'Elwyr. Je perds un bébé et je retrouve un jeune homme.

Elle avait fait le deuil de cet enfant depuis tellement longtemps qu'elle ne savait plus comment réagir. Mais si Elwyr renonçait vraiment à son droit d'aînesse, il n y avait qu'à se réjouir.

Les autres invités souriaient, un peu déstabilisés, un peu touchés. Mais tous attendaient la réaction de Vadius pour savoir si l'heure était réellement aux réjouissances.

Une douce chaleur se répandit dans le corps du garçon quand Sylvia le prit dans ses bras.
Ses propres mains se resserrèrent sur la fine taille de la princesse, puis il plongea ses yeux dans ceux de sa mère.
Il aurait pu s'y noyer...
Les quelques mots qu'elle prononça lui firent l'effet d'un ouragan.
Elle le reconnaissait... comme son fils ?
L'émotion devenant trop forte, Elwyr se laissa enfin aller à pleurer, et n'hésita pas une seule seconde à se loger entre les bras de cette mère qui lui avait tant manqué !
Taliésin regardait la scène avec un sourire invisible.
Son petit protéger allait enfin pouvoir être pleinement heureux.
Quelques mètres plus loin, Vadius hésitait encore.
Savoir que son frère était en vie le remplissait de bonheur au fond... Mais il ne voulait tout simplement pas y croire.
Il jeta un bref regard à sa mère, puis annonça :

- Le sujet est donc clos.

Il fit signe aux invités de retourner à leurs occupations, puis s'éloigna pour sortir de la salle.
Elwyr, qui avait calmé ses pleures, demanda à sa mère :

- Pensez-vous que j'ai mis Vadius en colère ?

Ils étaient partis sur de mauvaises bases...

Sugizo poussa un énorme soupir de soulagement en voyant Elwyr dans les bras de sa mère et de sa soeur. La situation avait tellement mal commencé qu'il avait commencé à craindre sérieusement qu'il soit rejeté et que le scandale rejaillisse jusque sur lui-même.

Héléna serra son fils retrouvé dans ses bras, prenant enfin conscience de la chance incroyable qu'elle avait. Mais Vadius eut une réaction pour le moins destabilisante. Si insolite que personne ne sut vraiment s'il fallait l'écouter et reprendre la fête comme si de rien n'était. Les invités brûlaient de pouvoir parler avec Elwyr et lui faire raconter son incroyable histoire. Nul doute que cette révélation aurait fait le tour du pays dans quelques heures.

Héléna jeta un oeil à Vadius qui s'éloignait et répondit à Elwyr :

- Ton frère est assez...ombrageux, soupira-t-elle.

Elle sourit à Elwyr et prit son visage entre ses mains :

- Mon enfant...mon troisième enfant, comme je suis heureuse ! Tu es beau comme tout ! J'aurais voulu que ton père soit encore là pour te voir.

Elle ajouta :

-Reste ici, je vais voir Vadius pour lui demander ce qu'il pense de tout ceci.

Elle s'éloigna et se dépêcha de rattraper Vadius :

- "le sujet est donc clos" c'est tout ce que tu as à dire ? lui reprocha-t-elle. Quelle est ton véritable sentiment sur le retour de ton frère ? J'espère que tu ne le soupçonne pas encore de vouloir prendre ta place !

Ombrageux... Oui, c'était le moins qu'on puisse dire.
Il espérait sincèrement que ça s'arrangerait.
A la réplique de sa mère, Le garçon souffla :

- Je l'aurais également souhaité...

Sans doute que son arrivée ici aurait causé moins de remue ménage s'il avait été encore présent.
Il regarda Héléna s'éloigner pour aller rejoindre Vadius, puis sourit à Sylvia.
Gardant sa main dans la sienne, il courut vers Sugizo et s'inclina une fois devant lui.

- Je ne vous remercierais jamais assez de m'avoir emmené à Aphysias. Merci de m'avoir soutenu.

- Comptes-tu rester ici ? Demanda la nymphe.

- J'aimerais rester quelques jours si cela m'est permis. Mais je dois revenir à Samoel dans tous les cas. Je n'ai pas fini mon apprentissage avec Taliésin, et je dois retourner à la Tsuki Academy.

Le mage lui donna une pichenette sur le front.

- Chaque chose en son temps. Profite d'abord de tes retrouvailles avec ta famille. Conseilla t-il en désignant la princesse de la tête.

Un peu plus loin, Vadius venait de se faire rattraper par sa mère.

- Je ne soupçonne rien du tout mère. C'est juste que tout ça me semble trop beau. On dirait un conte de fée montait de toute pièce. Ne me demande pas de lui faire confiance aussi rapidement.

Sugizo sourit à Elwyr :

- Tu pourras rester ici pendant que nous serons à Arkorath et puis tu feras comme tu voudras. Que tu veuilles partir ou rester, c'est à toi de choisir ta vie. M'est avis que quelqu'un aura bien du mal à se séparer de toi ! ajouta-t-il en souriant à Sylvia.

Cette dernière fit une espèce de petite moue et s'accrocha de plus de belle au bras d'Elwyr. C'est sûr, elle n'allait pas le lâcher de si tôt ! ^^"

Elle n'avait pas vraiment fait attention à l'époque où Taliésin avait menacé le monde, aussi le regardait-elle avec plus de curiosité que de crainte. Comme pour Elwyr, elle sentait qu'il avait des pouvoirs mais alors 100 fois plus puissants que ceux de son frère. Elle le trouvait impressionnant mais elle avait du mal à imaginer qu'il puisse avoir été dangereux. Il avait l'air de beaucoup aimer Elwyr.

Après ça, le nouveau "prince retrouvé" devint la star de la soirée ! Tout les convives lui tombèrent dessus comme une volée de mouches curieuses !

Sugizo laissa Elwyr en profiter en souriant d'amusement. Surtout que Sylvia était sans cesse sur ses talons et semblait ne pas vraiment apprécier qu'on lui accapare son frère, d'autant plus qu'elle ne pouvait pas parler.

Plus loin, Héléna essayait toujours de rassurer Vadius :

- Ca semble trop beau, c'est vrai, admit-elle. Mais je sens que c'est vraiment lui. Il nous ressemble tant ! Et je ne peux pas croire que Sugizo puisse tremper dans un mensonge aussi ignoble que celui de nous faire accueillir un imposteur. Prends un peu de temps pour parler avec Elwyr. De toute façon, s'il y a quelque chose de louche, nous ne tarderons pas à le découvrir. Mais j'en doute vraiment...

Elwyr était aux anges !
Les gens présents le noyaient sous un flot de question, à tel point qu'il ne savait plus par où commencer.
Il aurait préféré des retrouvailles avec un comité plus restreint....

De son côté, Vadius avait croisé les bras et froncé les sourcils sous les dires de sa mère.
Il savait qu'elle avait raison... Elle avait toujours raison.
Mais tout de même.
Le danger survenait toujours de là où on s'y attendait le moins. C'était ce qu'on lui avait enseigné.
Un soupir passa ses lèvres, et il reprit la direction de la salle.

- Tu as gagné. Mais si ce garçon me fait avoir le moindre doute, alors je n'hésiterais pas à le bannir d'ici.

Il réapparut parmi les convives et annonça d'une voix forte :

- Le bal nocturne aura bientôt lieu. Je vous propose de rejoindre les festivités sur la place.

Les invités se déplacèrent alors vers la sortie, et Vadius en profita pour se placer devant Elwyr qui tenait toujours la main de la princesse.

- Ne me déçois pas. Si tu t'avères être un imposteur, et que tu brises l'espoir des deux femmes de ma vie, alors tu repartiras à Samoel plus mort que vivant.

Il ne supporterait pas de voir sa mère une nouvelle fois anéantie.
Et sa sœur semblait rayonner.
Il lui tendit sa main, et souffla :

- En attendant, bienvenue à Aphysias, Elwyr.

Le jeune homme lui serra la main de façon hésitante, puis le regarda s'éloigner.
Bon... C'était loin d'être gagné.