Le retour du roi. (Shinrei et Shun. Terminé)

Sugizo avait essayé de dormir mais n'avait fait que somnoler tellement il était nerveux à la perspective de la bataille.

Vers trois heures du matin, ce fut le branle-le-bas de combat sur les bateaux. Toutes les lumières furent éteintes pour être repérés le plus tard possible. Le soleil se levait tôt en cette saison, il ne restait plus que pour deux ou trois heures avant l'aube.

Debout sur le pont, Sugizo avait les yeux fixés sur les lumières de la côte qui se rapprochait. Il regrettait presque qu'il ne fasse pas jour pour qu'il puisse voir enfin son pays. Il se rappelait du jour où il avait traversé cette mer en sens inverse, proscrit, exilé et blessé.

Il était armé jusqu'aux dents. Personne à Samoel ne savait qu'il était là. On croirait à une attaque d'Arkorath pour anticiper celle de Garvin. Il se montrerait aux insurgés qui devraient se charger de répandre la nouvelle de son retour dans la capitale pour que les gens se soulèvent.

Il serra les doigts sur la poigne de son épée. L'attente devenait pénible, son coeur battait à tout rompre. Il avait hâte de se battre enfin.

Alors que tous les équipages se préparaient à accoster, Shinrei partit rejoindre son ami déjà prêt.
L'impatience se lisait dans chacun de ses gestes, et il posa une main sur son épaule, comme pour lui transmettre un peu de son courage.

- Nous y serons bientôt... Êtes-vous prêt ?

Pour lui, c'était la deuxième fois qu'il partait en guerre. Malgré tout, il ne se sentait pas plus rassuré. Il allait devoir diriger les troupes d'Arkorath une nouvelle fois...
Shun les rejoint bientôt, une lance à la main et une fiole dans l'autre.

- Tout est en place. Dans vingt minutes tout au plus nous pourrons débarquer.

Sugizo se tourna vers Shinrei :

- Je suis plus que prêt. Je n'ai pas peur, j'ai juste...envie que ça commence, c'est difficile à décrire. Faites attention à vous Shinrei, je ne voudrais pas vous retrouvez blessé lorsque j'en aurais fini avec mon oncle.

Puis il regarda la fiole de Shun :

- Qu'est-ce que c'est ?

Shinrei lui répondit par un simple sourire, et son frère répondit :

- Ah... Buvez-en. Ça me permettra de toujours connaître votre position et de savoir comment vous allez.

Et disant cela, il tendit la fiole à Sugizo.
Le commandant les interrompit en s'inclinant et dit :

- Les chariots sont en vue. Tout se passe comme prévu sires.

Shun le remercia et observa un instant son cadet avant de lui lancer :

- Allez ! Va donc rejoindre tes troupes et tâche de rester en vie. J'aurais autre chose à faire que d'assister à tes funérailles à la fin de cette guerre.

Sugizo but la potion puis, après un dernier adieu à Shinrei, il s'embarqua avec Shinrei dans une chaloupe qui devait les débarquer discrètement dans un coin de la plage. Dans le noir complet, personne ne s'apercevrait de rien et quand les gardes du rivage se rendrait compte de ce qu'il se passait, ils seraient déjà entrés dans Tuléar et l'assaut aurait commencé.

( Je stoppe là si jamais tu as envie d'écrire ce que fait Shinrei pour donner l'assaut et tout. Sinon moi je bouillonne d'idées pour la suite ! XD)

Shinrei regarda la chaloupe s'éloigner, le cœur battant d'appréhension.
Après avoir fermé les yeux et inspiré fortement, le prince se retourna vivement et empoigna sa propre lance.
L'armée d'Arkorath était célèbre pour ça. Dans les chansons, on les décrivait toujours avançant fièrement, lance tendue vers le ciel et les yeux brillants de fierté.
Cette idée en tête, il entendit ses soldats s'agiter, puis le commandant s'approcha pour lui tendre son heaume.

- Nous sommes prête sire.

Shinrei acquiesça d'un signe de tête, et ils jetèrent l'ancre.

- Rapprochons-nous de la cité tant que l'obscurité nous couvre. Une fois le soleil en vu, nous chargerons.

Le commandant inclina respectueusement la tête, et Shinrei grimpa sur le cheval qu'on lui avait fait apporté.

- Je compte sur vous Sugizo... Souffla t-il comme si son compagnon pouvait l'entendre.

( Héhé c'est cool d'écrire une bataille ça change des histoire d'amour ! XD)

Comme il fallait se presser, Shun et Sugizo ne purent pas prendre le temps de voir qui étaient les hommes qui les accueillaient. On leur demanda de se cacher dans des chariots d'agriculteurs, cachés sous des caisses de dattes.

Ils furent transportés en bringuebalant pendant un temps qui sembla infini à Sugizo. Il espérait fortement qu'il ne s'agissait pas d'un piège.

En jetant un oeil sous la bâche qui le cachait, il reconnut immédiatement les rues de Tuléar qu'il parcourait et son coeur en fut remué. Que n'aurait-il pas donné pour pouvoir s'y promener librement ?

Les chariots entrèrent dans une cour privée et la bâche fut brusquement retirée. Là, Sugizo reconnut Tariq, le poète-résistant qu'il devait retrouver. Il se redressa, Tariq resta un moment bouche-bée avant de tomber à genoux avec des yeux brillants de joie :

- C'est vraiment vous sire...j'espèrais tellement que tout était vrai.

Sugizo le prit par les épaules et le releva :

- Je suis heureux de vous revoir mon ami...j'ai appris toutes les choses courageuses que vous avez faite. J'ai beaucoup de questions à vous poser, il faut que vous me racontiez tout les détails sur l'état du pays.

- Je le ferai sire, ma maison est la vôtre. Mieux vaut attendre que le jour se lève avant la suite des évènements.

Avisant Shun qui était descendu de son chariot, Sugizo le présenta aux gens qui étaient descendus dans la cour et qui regardait les deux arrivants avec des yeux effarés :

- Voici le roi d'Arkorath, sans qui je n'aurais jamais pu revenir.

Tariq s'inclina devant Shun :

- Alors ma maison sera doublement honorée. Venez, suivez-moi je vais tout vous expliquer.

( Ouais ! 8D Ça fait du bien ! ^^ )

Shun était habitué à ce genre de situation. Quand il avait fuit Arkorath, il avait du passer les frontières de son propre royaume...
Après une bonne demi heure de voyage, on retira enfin la bâche d'au dessus de leurs têtes, et plusieurs hommes les accueillirent.
La fameux Tariq s'avança alors jusqu'à eux, et salua avec un soulagement non dissimulé son souverain qu'il croyait disparu.
Alors qu'il observait ces retrouvailles d'un regard intéressé, Sugizo le présenta au chef de cette petite guérilla.
Shun inclina légèrement la tête en guise de remerciement, et suivit son compagnon d'arme à l'intérieur.
Là, ils prirent place autour d'une large table, et Shun eut toute l'occasion d'admirer les armes que ces hommes étaient parvenus à faire entrer dans la cité durant ces derniers mois.

- C'est impressionnant... Dit-il en posant ses yeux brillants sur Tariq.

On leur apporta un verre d'eau, et il but une gorgée avant de demander :

- Connaissez-vous un moyen rapide de prendre d'assaut le palais ? Mon frère a sûrement déjà du donné l'assaut. L'armée d'Arkorath est puissante, mais elle ne tiendra pas sur un long siège.

Tariq réfléchit :

- Je pensais que vous essayeriez de vous y introduire en douce en visant directement Garvin mais si vous préférez un assaut... Etant donné que notre armée est occupée ailleurs, je crois que le meilleur moyen serait de déclencher une révolte populaire. Une foule furieuse est inarrêtablet et si elle prend le palais pour cible, il ne tiendra pas longtemps.

Sugizo prit la parole :

- Je vous sais capable d'ameuter les gens et d'en faire ce que vous voulez. Vos talents d'orateur peuvent être d'une grande utilité pour ce projet.

Tariq hocha humblement la tête :

- Je pense en effet que je pourrais faire cela mais c'est surtout votre présence qui achèvera de convaincre les gens de se rebeller. Tout le monde déteste Garvin sire mais tout le monde en a peur aussi. Quand les gens sauront que vous êtes de retour, cette fois, ils n'hésiteront plus.

Il ajouta :

- Par ailleurs, vous avez bien fait d'être venu avec de l'aide. Garvin n'est pas fou. Il affame le peuple mais s'il y a un corps de métier qui a été choyé par lui, c'est bien l'armée car il sait que son pouvoir repose sur son soutien. Aussi, une fois que Garvin sera mort, ne croyez pas que les militaires vous rejoindront comme cela. Vous pouvez vous attendre à de la résistance.

Sugizo soupira :

- Je vois... Je vais devoir faire preuve...de fermeté.

Tariq répondit d'un air sombre mais ferme :

- Sire, vous êtes un noble coeur et c'est ce qui fait de vous un bon roi. Mais en politique, il faut savoir parfois de montrer cruel. N'arrêtez pas Garvin, ne le bannissez pas non plus. Tuez-le ! Vous avez des ennemis mortels et vous êtes le dernier de la lignée ! Ne leur faites aucun cadeau car ils ne vous en feront pas et que deviendra le pays sans vous ? Soyez intransigeant, pour la paix et la sécurité du royaume !

Sugizo eut un faible sourire :

- Eh bien, quelle dureté pour un poète !

Tariq se pinça les lèvres :

- Je suis devenu chef de guerre par necessité...la guerre m'a appris que les bons sentiments ne sont pas les meilleurs moyens de gagner. Redevenez roi sire pour que je puisse redevenir tranquillement l'artiste pacifique que j'étais. Allons-nous pousser le peuple a prendre le palais d'assaut alors ?

Shun écouta calmement la discussion des deux hommes.
Tariq était un homme fiable, et ses paroles semblèrent redonner confiance à Sugizo.

- Si vous parvenez à soulever le peuple, nous pourrons beaucoup plus facilement nous introduire à l'intérieur du palais. Nous n'avons pas une minute à perdre.

Il se leva, comme pour appuyer ses paroles.

- La bataille fait rage, et je peux sentir toute son intensité grâce à mon frère...

Il ferma un instant les yeux, puis souffla :

- L'armée de Samoel semble avoir bien grandie durant ces dernières années...

Il gardait son inquiétude muette, mais toutes les émotions de son cadet se mêlaient aux siennes, le rendant plus impatient que jamais.

Tariq confirma :

- Hélàs oui, le budget de l'Etat est tout entier passé en armement. Ce mégalo ne s'est pas du tout préoccupé des campagnes. Il s'est enrichi aussi beaucoup avec la mine de diamants.

- Quelle mine de diamants ?! s'écria Sugizo.

- Ah vous n'êtes pas au courant sire ? On en a découvert une dans la province de l'est. Des diamants d'une exceptionnelle qualité. Garvin fait exploiter cette mine d'une façon qui ressemble à de l'esclavage. Evidemment, ça ne rapporte pas un sou au peuple mais il paraît qu'il a fait faire des travaux somptueux dans le palais.

- Bon sang...dit Sugizo en serrant les dents de colère. Je voudrais voir le palais et tout le pays pour mesurer ce que cette ordure a fait !

Tariq alla à sa fenêtre :

- L'aube se lève. Beaucoup de fenêtres sont allumées et il y a des gens dans la rue, inquiets de savoir que la bataille a commencé. Je pensais intervenir un peu plus tard mais peut-être que maintenant...

Il se tourna vers les deux rois :

- Si vous y êtes prêts, je vais vous fournir des salims pour que vous ressembliez un peu à des hommes du peuple, ça peut servir. Ensuite, j'essaierai d'ameuter tout le monde pour attaquer le palais. Sire, il vaut mieux que vous ne vous montriez pas en public pour le moment, on ne sait jamais.

Sugizo hocha la tête : en effet, au milieu d'une foule, une balle dans la tête était vite arrivée...

- Shun, ça te va comme plan ?

Une mine de diamants ?
C'était donc ça...
Grâce à cette découverte, Garvin pouvait fermer les frontières de son royaume sans crainte.
Il n'avait plus besoin d'échanges, ni de négociations avec les autres pays...
La voix de Sugizo lui fit alors relever la tête.

- Je vous suis. Le plus important reste d'agir le plus rapidement possible.

Il jeta un coup d'œil à sa lance qu'il avait laissé contre la table.
La discrétion était primordiale... Il allait donc devoir se séparer de son arme favorite ici.
Alors que sa main empoignait l'objet, une douleur fulgurante lui traversa l'épaule droite et il se laissa tomber à genoux.

- Shinrei... Haleta t-il en relevant les yeux.

Sugizo se précipita et entendit Shun appeler son frère :

- Shinrei est blessé ? J'espère que ce n'est pas grave !

Pas bon du tout ça...il fallait vraiment faire vite.

- Tariq, il faut qu'on y aille maintenant, donnez-nous les salims !

Tariq s'exécuta et leur tendit de longues étoffes de chanvre qui ressemblaient à des ponchos pourvus d'une vaste capuche. Aucun risque qu'on les reconnaisse là-dessous.

- Attendez-moi ici pendant que j'essaie de secouer la rue. Vous pourrez vous glisser dans la foule quand il y aura assez de monde et vous en profiterez lorsque nous aurons forcé les portes. Nous risquons ensuite d'être assez occupés avec les gardes du palais.

- Oui en effet et moi je m'occupe du reste. Je connais le moyen de m'introduire dans le palais subrepticement.

Du moins, si les petits "passages secrets" de son enfance étaient toujours là...

- Merci Tariq et surtout...restez en vie.
- Oh vous avez, je serais fier de mourir pour ça ! lança le poète avant de disparaître dans la rue.

Shun se redressa lentement, la douleur se dissipant peu à peu.

- Ce n'est pas une blessure mortelle...

Shun enfila le salim que Tariq leur avait fourni, et à peine quelques secondes plus tard, le poète disparaissait fièrement pour aller accomplir sa mission.
Le souverain d'Arkorath se rapprocha de Sugizo et souffla :

- Beaucoup d'hommes semblent prêts à mourir pour toi... Ne rend par leurs sacrifices inutiles et tue Garvin dès que tu en auras l'occasion.

Il savait que Sugizo était le même genre d'homme que son jeune frère... Toujours à donner une dernière chance.

Sugizo se tourna vers Shun :

- Oui je sais. Et je ne veux pas que beaucoup de gens meurent pour moi alors, même si ça m'écoeure, je me montrerai sans pitié car il ne s'agit pas uniquement de mon sort.

Dehors, Tariq était monté sur une marche d'escalier et avait annoncé à une population médusée le retour du véritable roi. Celui-ci était en train de se battre avec les forces d'Arkorath.

Aussitôt, des dizaines et des dizaines de gens plein d'espoir se rassemblèrent en commentant la nouvelle. Tariq était connu comme meneur d'hommes, on l'écoutait et on le croyait. La foule fut bientôt si grosse qu'elle envahit la rue sur toute sa longueur. Tariq se mit à réclamer l'attaque du palais :

- Nous devons aider notre roi que nous avons si injustement chassé ! Le tyran ne peut plus rien faire désormais ! Prenons le palais d'assaut, vengeons-nous de ce que nous avons souffert ! Il va venir et tuer le monstre, ouvrons-lui la voie !!

Aussitôt, une immense clameur monta qui donna des frissons à Sugizo, caché dans la foule. La colère d'un peuple était quelque chose d'impressionnant. Déjà beaucoup réclamaient la mort du tyran, sa lapidation publique, sa pendaison et autres... Non c'était lui qui les en débarasserait. Les hommes de Tariq s'occupaient de distribuer autant d'armes qu'ils en avaient.

- Etes-vous d'accord pour rétablir notre ancien roi ?
- Oui ! criait la foule. On ne mourait pas de faim quand il était là !
- Garvin nous a trompé !
- Nous voulons la paix comme avant !
- Alors en avant ! cria Tariq. Tous au palais !

Il n'en fallut pas plus pour qu'une foule immense se mette en marche, grossissant au fur et à mesure que d'autres venaient s'y joindre.

Lentement, un sourire illumina le visage de Shun et il se retint de ne pas courir au devant de la foule pour faire encore accélérer le mouvement.
Il sentait l'excitation faire bouillir son sang !

- Mettons-nous en marche. Nous ne sommes plus que tous les deux à présent... Je couvrirai tes arrières. A toi de nous guider jusqu'à la victoire maintenant.

Il avait hâte.
Cette ambiance lui avait terriblement manqué au fond.

Sugizo suivit le mouvement de la foule mais elle était si compacte qu'il dut attraper Shun par le poignet pour éviter qu'ils soient séparés. De son autre main, il rabattait sa capuche sur ses yeux pour éviter d'être reconnu.

Les gens vociféraient, brandissaient leurs armes ou leurs poings. Bientôt, on atteignit les murailles et les hautes grilles du palais contre lesquelles la foule commença à se jeter.

Sugizo sentit son sang se glacer en entendant des coups de feu et des cris.

- Les misérables, ils tirent sur la foule !!

Mais sous une pression pareille, les grilles ne pouvaient pas tenir. Elles finirent par céder et le flot furieux envahit la cour du palais et engagea un combat sans merci avec les troupes de gardes qui tiraient à tout va.

Sugizo entraîna Shun le plus vite possible sous les arcades, en direction des cuisines. Il priait de toutes ses forces pour qu'elle y soit encore : Myriam, la cuisinière...Elle avait été sa nounou presque sa maman de substitution quand il était petit. S'il lui restait encore une personne fidèle dans ce palais c'était elle. Et dans la cuisine, il y avait un passage très pratique...

Il passa par la porte des domestiques et se retrouva nez à nez avec...une immense poele à frire.

- On ne bouge pas mes gaillards ! Où croyez-vous aller comme ça ?!

Myriam ! Toujours aussi en forme et énergique malgré ses 65 ans ! Sugizo ôta son capuchon :

- Eh bien, quel accueil ! Vous savez bien défendre votre territoire ! XD

De surprise, elle lâcha sa poele qui tomba sur le sol en un grand clang !

- Par tous les dieux c'est vous sire !!! Alors la rumeur était vraie !

Elle se mit à verser des larmes de joie :

- Oh je n'y croyais plus quel bonheur !

Sugizo la prit par les épaules :

- Myriam, je voudrais pouvoir prendre le temps de discuter mais le temps presse. Je dois aller nous débarasser de Garvin le plus vite possible !
- Le passage est toujours là mais par pitié faites attention à vous. Garvin est retord ! Et puis cette foule de sauvages va vous saccager votre palais !
- En fait, c'est moi qui ait voulu qu'ils viennent. Ne vous inquiétez pas, vous me reverrez très vite ! Shun viens vite !

A partir de l'instant où ils se mêlèrent à la foule, tout se passa très vite.
Les cris, les coups de feu, la pression... Shun aurait certainement pris part à toute cette agitation si Sugizo ne le tenait pas fermement par le poignet.
Au bout de plusieurs minutes, les deux compagnons se retrouvèrent dans ce qui semblait être les cuisines du palais, et le souverain d'Arkorath fit la connaissance d'une dame au caractère bien trempé.
Là encore, tout se passa rapidement, et il suivit Sugizo jusqu'à un passage.
Toute sa concentration revint d'un seul coup.
Un poignard sortit, Shun passa derrière lui, ses yeux guettant le moindre danger.

Sugizo ne sortit pas son épée mais son révolver car il avait compris que tout les gardes de Garvin étaient armés.

- J'empruntais toujours ce couloir quand j'étais petit, expliqua-t-il à Shun. Il débouche non loin de la salle du trône. Il faut qu'on se dépêche, dehors des gens se font tirer dessus.

Il était extrêmement nerveux mais il se forçait à se calmer. Bientôt, ils parvinrent à une porte qu'il ouvrit avec précaution. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il y avait des gardes qui semblaient n'attendre que son apparition. Sugizo referma la porte juste à temps avant que les balles ne les atteignent :

- Merde !! Ils sont cinq ou six de l'autre côté ! Shun tu as une arme à feu ?

Des coups de feu ?
Shun fit une grimace de dégoût, fit passer Sugizo derrière lui et rouvrit brusquement la porte.
Il jeta une boule noir au sol qui libéra une épaisse fumé aux couleurs de l'onyx.
Les yeux du souverain brillèrent d'un bleu éclatant, et l'instant d'après, on entendait plus que le bruit d'homme tombant à terre.
Shun dissipa la fumé d'un geste et souffla :

- Ce genre d'arme, c'est pour les lâches...

Il se retourna vers Sugizo et dit :

- La voie est libre.

Sugizo observa avec intérêt les effets de l'arme de Shun. En effet, le couloir était désert. Tandis qu'ils le traversaient en rasant les murs, il demanda :

- C'était quoi comme arme ? Est-ce que ces hommes sont morts ?

La porte de la salle du trône. Sugizo sentit son corps faire un bond lorsqu'en collant son oreille à la porte, il reconnut la voix de Garvin qui tonnait :

- Achevez-moi ces chiens jusqu'au dernier s'il le faut ! Utilisez les mitraillettes et dépêchez-vous !

Un bruit de pas se rapprocha et Sugizo eut tout juste le temps de tirer Shun contre le mur. La porte s'ouvrit et les cacha derrière pendant qu'une dizaine d'hommes partaient au pas de charge.
A présent, il savait que Garvin était seul dans la pièce et il regarda Shun :

- N'interviens pas, c'est à moi de m'en occuper, d'accord ?

- Ce n'est pas une arme. C'est un artifice magique. Cette boule produit une fumée créait à partir de poussière d'onyx. On en trouve beaucoup à Arkorath. Je suis le seul avec mon frère et mon père à pouvoir voir au travers. Pour les autres, c'est comme si on les plongeait pour un instant dans l'obscurité totale. Pour le reste, il m'a simplement fallu un poignard et de la rapidité.

La voix de Garvin mit un terme à son discours, et Sugizo le tira subitement contre le mur.
Un peu plus, et leur plan tombait à l'eau...
Ne pas intervenir ?

- Je te le promets... Sauf si bien sûr je considère la situation trop périlleuse pour toi. Je te rappelle que ta survie est primordiale pour que notre victoire soit absolue.

( Quel homme ! *_* )

Sugizo acquiesça et tira son épée. Le moment était venu.

Il s'introduisit rapidement dans la salle du trône. S'il avait mieux regardé, il y aurait vu les changements fous que Garvin y avait fait mais il avait l'esprit trop préoccupé pour s'en soucier pour l'instant.
Immédiatement, ses yeux tombèrent sur son oncle, en train de vociférer près de l'immense balcon qui donnait sur la cour intérieure.

- Garvin !!

C'était un homme qui touchait presque au vieillard mais qui se tenait encore droit et qui semblait avoir encore beaucoup de vigueur. Il eut une expression stupéfaite qui se changea en un rictus mauvais :

- Sugizo....quelle surprise...Je me disais bien que l'imbécile que j'avais envoyé pour te tuer avait échoué et que tu étais derrière tout ça.
- Assez parlé espèce de traître ! Prends ton épée et viens te battre si tu en as le courage ! Je suis là pour reprendre mon trône !

Garvin ne bougea pas d'un poil mais dit d'un ton insinuant :

- Mais dis-moi aurais-tu oublié dans quelle conditions tu l'as perdu ? Tu as été chassé par le peuple lui-même souviens-toi ! On ne veut pas de toi ici, tu es un mauvais roi, faible et incapable de gouverner. Tu parles de te battre alors que tu as fui d'ici comme un lâche ! Qui te dit que le peuple acceptera de te suivre ?

Ces mots firent mal à Sugizo évidemment. Il n'avait pas digéré la mauvaise réaction qu'il avait eue lors du coup d'état. Il n'aurait jamais dû partir. Sentant le regard de Shun dans son dos, il serra la poignée de son épée : trop de gens comptaient sur lui maintenant...

- Ce dont je suis sûr c'est qu'à présent, c'est de toi dont ils ne veulent plus ! Tu as mené ce pays à la ruine ! Tu entends ces hurlements dehors ? C'est après toi qu'ils en ont tous ! Maintenant tu vas payer !

Il se jeta sur Garvin en brandissant son épée mais le viei homme avait été la plus fine lame du royaume et il avait encore de beaux restes. Un combat sans merci s'engagea.

( xDDD )

C'est sans plus un regard en arrière que Sugizo entra dans la salle du trône et défia Garvin sans une once d'hésitation.
Cet homme ne mâchait pas ses mots... Mais son compagnon ne se laissa pas abattre pour autant, utilisant sa rage pour engager le combat.
Malgré son âge, Garvin magnait parfaitement l'épée.
Absorbé par le combat, Shun ne décrocha ses yeux de la scène qu'en entendant des bruits de pas précipités.
Des gardes ?
Un sourire en coin naissant, le souverain d'Arkorath tira sa propre épée de son fourreau et se lança sur les hommes qui voulait défendre leur actuel seigneur.
Autant dire qu'il n'en laisserait passer aucun.

Sugizo se battait comme un lion mais Garvin était plus tenace qu'il n'en avait l'air.

Soudain, la lame de l'épée de son adversaire trouva une faille et lui entailla le bras.

Sugizo ne poussa pas une plainte mais sentit sa rage croître, alimentée par le rire sardonique de Garvin :

- Et nul à l'épée en plus ! Tu ne vaux vraiment rien ! Je vais bientôt en finir avec toi !

Nul à l'épée hein ?

Sugizo redoubla la force de ses coups, obligeant Garvin à reculer.