Une découverte effrayante [ Toshi OS Terminé]

Toshi se trouvait comme d’habitude dans la bibliothèque, un mug de café à la main et, sur les genoux, un vieux bouquin qui sentait le moisi et qui racontait l’histoire de l’académie depuis les origines. C’était absolument passionnant tout ce qui avait pu se passer ici autrefois. Toshi ne regrettait pas du tout d’être venu enseigner dans un endroit aussi plein de souvenirs prestigieux.

N’ayant jamais vécu chez les surnaturels avant d’arriver à la Tsuki, Toshi écarquillait des yeux de gamin en apprenant les capacités de ses propres élèves. Des vampires, des naïades, des pyromanes, des elfes, des sorciers…c’était absolument passionnant ! Certes, il regrettait parfois de ne pas avoir des pouvoirs plus puissants car il ne faisait définitivement pas le poids devant ces jeunes et il craignait de ne rien pouvoir faire en cas de bagarre entre eux. Heureusement que le directeur était assez effrayant pour ramener le calme d’un seul regard !

Il trouva une note de bas de page mentionnant le titre d’un ouvrage sur les batailles mémorables qui avaient eu lieu aux abords de l’académie entre humains et créatures surnaturelles. Jamais fatigué (et pourtant il était 21 h !) Toshi déposa le livre et alla immédiatement chercher l’autre volume. L’énorme bibliothèque était composée d’étagères de quatre mètres de haut et pour atteindre le dernier rayon, il fallait utiliser une échelle coulissante. Toshi grimpa dessus maladroitement, les hauteurs c’était pas son truc et l’échelle lui semblait un peu bancale. Très bancale !

Alors qu’il se penchait sur la gauche en étendant le bras pour attraper son livre, son perchoir bascula :
- Aaaaaaah !!!
Boum !! Toshi entendit un bruit de ferraille et alla lui-même s’écraser sur un sol humide. Il poussa un gémissement de douleur. Il s’était cogné la tête et apparemment foulé le poignet en se recevant mal.
Mais pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? T_T

Lorsqu’il reporta son attention sur les environs, il s’aperçut qu’il n’était plus dans la bibliothèque mais dans le noir total. Il eut très peur tout à coup puis il pensa qu’il avait tout bêtement traversé le mur de la bibliothèque et que rien ne l’empêcherait de le refaire en sens inverse.

L’endroit où il était tombé ressemblait à une galerie qui sentait le renfermé et l’humidité. Lorsque ses yeux se furent habitués à l’obscurité, Toshi se rendit compte que des interstices dans la muraille permettaient de laisser passer un peu le clair de lune. Ce n’était pas grand-chose mais cela lui suffit pour décider d’aller voir un peu ce qu’était cet endroit. Son imagination devenue trop romanesque à force de lire lui faisait supposer qu’il s’agissait peut-être d’un passage secret. Il s’avança dans le passage à tâtons pour ne pas s’écraser le nez sur une éventuelle impasse. Son poignet le lançait, il gardait le bras gauche le long de son corps pour éviter d’avoir encore plus mal.

Il faillit glisser sur une marche en débouchant dans une petite pièce dont le toit était si usé qu’il était troué. A la lueur de l’éclairage lunaire qui s’y déversait, Toshi écarquilla les yeux : mais où donc était-il tombé ?

Il y avait des toiles d’araignées partout, on aurait dit un ancien laboratoire de chimiste (ou de sorcier vu le passé de l’endroit) avec plein de vieux chaudrons et de tubes à essais poussiéreux. Il y avait aussi des grimoires mangés aux mites.

Toshi s’approcha de la paillasse de travail et marcha tout à coup sur quelque chose de craquant. Il baissa la tête, deux secondes s’écoulèrent le temps qu’il distingue bien puis il fit un bond en arrière en poussant un cri : il y avait un squelette à ses pieds !! Un squelette de femme à en juger par sa robe à l’ancienne mode. Que faisait-elle là ?
Il s’est passé quelque chose d’affreux ici…pensa Toshi dont tous les poils se dressaient d’effroi.

Un grimoire l’intriguait particulièrement car il était ouvert, comme si le dernier utilisateur avait disparu au milieu d’une action. Cette femme peut-être ? Toshi tendit sa main valide tremblante pour prendre le livre couvert de poussière et en le déplaçant, il fit tomber une boule de verre remplie d’un liquide dont il n’aurait voulu connaître la composition pour rien au monde. Le bruit du verre cassé dans ce silence de mort lui glaça le sang. Il ramena vivement le bouquin vers lui et s’aperçut qu’il ne pouvait pas le lire faute de lumière.

Tandis qu’il plissait les yeux pour essayer de déchiffrer quelque chose, il entendit comme un bruit de coup sourd donné contre le mur de pierre. Il leva les yeux. Rien. Du moins pendant quelques horribles secondes durant lesquelles il s’attendit à entendre à nouveau le même coup inquiétant. Mais au lieu de ça, sous son regard terrifié, une espèce d’ombre blanche passa comme un éclair.
C’est la poussière sous la lumière de la lune. Voyons Toshi, tu es dans le monde surnaturel mais faut pas pousser quand même ! pensa le professeur pour se rassurer.
Mais c’était plus fort que lui, son corps était tendu par la peur. Et tout d’un coup, un coup de vent glacé s’infiltra par l’ouverture du haut et fit siffler sinistrement les tubes de verres. Un sifflement qui ressemblait à s’y méprendre à un murmure…Et la même ombre blanche passa encore sous le rayon de lune.

Toshi n’y tint plus. Tenant maladroitement le lourd grimoire dans une main, il fit volte-face et courut comme il n’avait jamais couru. Tout à coup, il reçut comme une espèce de choc immatériel. Il tomba à genoux, la respiration difficile et il paniqua totalement à l'idée qu'il y avait réellement un fantôme et que celui-ci venait peut-être de le traverser.

Il retraversa la galerie, repassa à travers le mur et se retrouver dans l’éclairage chaud et rassurant de la bibliothèque. Mais cela ne suffit pas. Emporté par une espèce de panique irrépressible, il courut encore à travers les couloirs pour se réfugier jusque dans sa chambre dont il ferma la porte en claquant. Puis il se laissa tomber le long de la porte, à bout de souffle, et le cœur cognant à lui sortir de la poitrine. Il se passa la main sur le visage : il était humide de sueur froide. Il devait sûrement être blanc comme un linge. Abandonnant le grimoire sur le sol, il se leva et alluma toutes les lampes de la pièce. Après la peur qu’il venait d’avoir, il n’allait sûrement pas réussir à fermer l’œil de la nuit.


[ Cher directeur, vous aurez bientôt la visite de ce pauvre Toshi ! ^^]