Se battre... [Toshi][Terminé]

Combien de temps?
Depuis combien de temps était-il parti?
Depuis combien de temps errait-il ainsi, comme une âme en peine?
Depuis combien de temps n'avait-il pas pu voir Toshi, le sentir, l'embrasser, l'aimer?

Quelques minutes?
Des heures?
Des semaines?

Plus peut-être...?

Il ne savait absolument plus, perdu dans une souffrance qu'il ne pensait pas avoir à ressentir un jour...
Tout, absolument tout lui manquait...
Toshi... leur avenir... l'école, ses enfants... Sa famille, sa vie...
Il avait tout perdu, délibérément.
Et après avoir goûté au bonheur, rien n'est plus cruel que de le perdre aussi soudainement...

Mais après tout, c'était mieux ainsi.
Il ne pouvait continuer à se leurrer, il ne pouvait pas poursuivre sur cette voix... Il fallait faire quelque chose, même s'il avait l'impression qu'il allait en crever...
Et pourtant, pourtant il savait qu'il devait continuer à vivre.
Pour Toshi.
Car il ressentait encore puissamment le lien qui les unissait et il savait pertinemment que s'il disparaissait, alors son ange partirait avec lui et ça... ça c'était absolument impensable...
Toshi devait vivre, il ne pouvait pas en être autrement et puis, à quoi bon faire tant de sacrifice si au final, il n'y avait plus rien?

Alors, alors il luttait malgré son envie de s'ouvrir les veines, de se noyer, sauter d'une falaise ou que sais-je encore!
Il luttait de toutes ses forces, ses maigres forces pour continuer à aller de l'avant.
Retrouver le goût de vivre... il n'y comptait plus mais, survivre encore un peu ça, il pouvait le faire...
Et puis, le jour où enfin Toshi ne l'aimerait plus, le jour où le lien se serait totalement effacé, là seulement il pourrait se laisser engloutir et sombrer enfin, pour toujours.

Mais pour le moment, il continuait simplement à avancer, ne sachant trop où aller.
Il avait bien des amis un peu partout qui seraient plus que ravis de lui ouvrir leur maison mais... il ne pouvait se résoudre à demander la charité et puis... Et puis il serait ainsi beaucoup trop facile de le retrouver.
Et s'il avait trouvé la force et le courage de partir une fois, il savait pertinemment qu'abandonner son amour une seconde fois serait au-dessus de ses moyens.
Il ne pourrait pas.
Déjà qu'en ce moment même, il se faisait violence à chaque seconde pour ne pas revenir sur ses pas et courir, courir comme jamais il n'avait couru, retourner à l'école, prendre Toshi dans ses bras, lui demander pardon...
Pardon pour tout mon amour...
Pardon d'être aussi faible.
Pardon de te faire du mal.
Pardon de ne pas réussir à m'éloigner de toi...

Mais il tenait bon, autant qu'il le pouvait, des larmes ravageant son beau visage torturé et amaigrit.
Depuis combien de temps n'avait-il rien avaler?
Il s'en foutait.
Pourtant, il savait qu'il allait devoir se nourrir, il risquait de devenir dangereux sinon mais... Mais il n'avait pas envie...
C'était comme si son âme voulait se laisser mourir, crever à petit feu et lui, lui ne faisait rien pour l'en empêcher...

Soupirant, épuisé, il se permis un instant de pause, s'asseyant sous un arbre alors qu'une fine pluie tombait du ciel pourtant clair.
Une pluie d'été, bienfaitrice pour les plantes assoiffées et pour les pauvres hommes qui devaient avoir bien chaud.
Mais cette chaleur, pourtant presque étouffante, lui paraissait divine par rapport aux flammes de l'enfer qui l'attendaient...

Son esprit vagabondant, il se demanda un instant comment allait Toshi en ce moment.
Il sentait toujours sa présence, dans son coeur... et le savait tourmenté mais, les choses semblaient avoir un peu changées depuis la puissante douleur qu'il ressentait à son départ.
Ce n'était plus non plus une colère froide et sourde... Plutôt une profonde rancœur, une sorte de désintérêt total...
Oh Toshi, mon amour, ne ferme pas ton coeur!
Léara a besoin que tu l'aimes, pour nous deux...

La pluie cessait petit à petit, remplacée par les larmes de Yoshiki qui semblaient ne jamais vouloir se tarir.
Il poussa un long gémissement, se recroquevillant sur lui-même, le visage dans ses genoux et pleurant tout son saoul.
Il avait l'impression que jamais, jamais il ne pourrait s'arrêter.
Comment retrouver un but alors qu'il avait atteint tous ceux qu'il s'était fixé... et qui désormais, appartenaient au passé?
Il tenait bon, pour eux mais... survivre était-il réellement un but en soi?


-Encore.

Le barman fit la grimace mais ne broncha pas.
Ce client était une vraie mine d'or après tout...
Depuis quelques semaines qu'il avait débarqué, il restait ici, de l'ouverture jusqu'à la fermeture, tous les soirs.... et enchaînait les bouteilles comme il n'avait jamais vu personne le faire.
D'ailleurs, il lui fallait désormais réapprovisionner ses stocks quasi quotidiennement pour tenir la cadence.
Il se demandait bien comme un homme pouvait supporter autant de litres d'alcool mais bon au fond, il s'en fichait.
Il payait cash après tout...

-Salut beau blond.

Yoshiki grogna mais ne releva pas la tête.
Probablement encore une pute, attirée par son argent et sa belle allure même si cette fois, la voix était masculine.
Il ricana intérieurement.
Non, je suis peut-être tombé bien bas mais, mon corps appartient à Toshi. Je lui avait promis une fidélité éternelle...

-Je t'ai connu plus loquace...

Connu?
Ah...

-Alucard... souffla Yoshiki en daignant poser un regard sur l'homme qui avait nonchalamment pris place à ses côtés.

Ce sale monstre qui avait failli tuer Hiro!
Hiro...
Mon petit...

Un soupir franchit ses lèvres.
Tu dois avoir déjà tellement grandit toi aussi.

-Lui-même! fit l'autre avec un sourire plein de dents. Alors, ça gaze monsieur je sauve tout l'monde?
-... Dégage...
-Oh aller, je sais que tu me portes pas dans ton coeur et que nos méthodes... diffèrent légèrement mais tu vas pas me virer comme ça! Pis t'es tout seul j'te f'rais r'marquer.
-J'suis pas d'humeur...
-Même si je t'apprends que les lycans ont repris la guerre et que la cible première est ta chère petite école adorée?

Yoshiki en laissa tomber son verre qui alla se fracasser au sol dans un bruit sourd.

-Quoi? fit-il, perdu.
-Bah tu vois que t'as envie de parler!
-Fais pas le malin! Dis-moi quand?
-Je sais pas... Je croyais que ça t'intéressait pas...

Yoshiki était pourtant du genre diplomate habituellement mais en ce moment, il avait un peu les nerfs à fleur de peau.
Aussi se contenta-t-il de se lever brusquement, balançant sa chaise qui se brisa sous le choc et attrapant le sale petit vampire qui lui faisait face par le col, le décollant de sa propre chaise pour le plaquer contre un mur.

Le barman n'osa même pas intervenir tant la force qu'il dégageait était terrifiante.

-Je t'ai dit que j'étais pas d'humeur. souffla-t-il hargneusement. Alors tu vas me répondre bien sagement ou je te jure que je te fais payer ce que tu as fait à Hiro...

Alucard ne captait pas vraiment grand chose et ne savait même pas de qui Yoshiki parlait mais... la poigne qui enserrait sa gorge était plus que convaincante.

-Tu... m'étouffes...
-Rien à foutre! Réponds!

Heu, Yoshiki? Chéri?
Il peut pas trop parler là ^^"

-Sais... pas... agonisa presque le vampire.

Dans un reste rageur, Yoshiki le balança violemment à l'autre bout du bar, renversant des tables et brisant un miroir au passage.
Alucard toussa et se redressa péniblement.

-T'as complètement perdu les pédales! fit-il d'une voix rauque.
-Dis-moi ce que je veux savoir.
-Très bien, calmes-toi! Je t'ai dis, j'en sais rien... Mais ils ont repris la guerre, les batailles s'enchaînent et ils sont revenue beaucoup plus nombreux... On a des espions, c'est eux qui nous ont dit que ta putain d'école était une cible prioritaire. Apparemment, ils sont bien partis pour tenter de dominer le monde ou un truc du genre... Pis paraît que tu caches un je sais pas trop quoi de chaînon manquant à la con...

Chaînon manquant?
... Hiro?
Parfait mélange des races et futur être totalement surpuissant...

-Merde! ragea-t-il en enfonçant violemment son poing dans un mur.

Inutile de dire que le bar était désormais totalement vide...

-Tu te bats? demanda-t-il froidement à l'autre sans même le regarder.
-Oui, je fais toujours partie de l'opposition.
-Alors, je viens avec toi...


De nouvelles semaines s'étaient enchaînées.
Finalement, Yoshiki avait réellement réussi à retrouver un but dans sa vie.
Il était parti, pour protéger ceux qu'il aimait... alors, c'était ce qu'il faisait...

Alucard avait eu raison, les loups garous étaient revenus en nombre, bien plus puissants et beaucoup mieux organisés qu'auparavant, ayant apparemment réussi à tirer des leçon de leur cuisante défaite de la dernière fois...
Et Yoshiki se battait.
Inlassablement, jour après jour, il se battait avec une rage et une puissance qui laissait tout le monde sur le cul, littéralement.
Il était devenu l'un des meilleurs atouts du clan adverse, rapide, carnassier, fort... et surtout, terriblement intelligent, fin stratège qui raisonnait avec une logique froide et imparable.
Tous ceux qui l'avaient connu ne le reconnaissait que difficilement... Yoshiki avait toujours été un être de coeur, désormais, il n'était plus que cérébral et tuait ses ennemis sans aucun remords.
C'était... affolant...
Terrifiant...
Dangereux et... diablement excitant...
Les hommes et les femmes qui déjà en temps normal, lui courraient facilement après, se pâmaient désormais devant lui comme des midinettes en chaleur et tous se demandaient bien qui allait finir par avoir l'honneur de partager sa couche...
Mais Yoshiki ne baisait plus personne.
Ça ne l'intéressait pas, son seul et unique but étant d'anéantir définitivement l'armée adverse.

Néanmoins, tous n'avaient pas ses disposions de guerrier exceptionnel et les batailles étaient rudes...
Bon nombre de ses compatriotes furent gravement blessés, et tués... contrairement aux lycans qui semblaient chaque jour un peu plus forts... plus intelligents aussi...
Ils avaient repérés les espions dans leur clan et les avaient froidement exécutés pour certains...
D'autres avaient eu plus de chance en quelque sorte. Persuadés d'avoir échappé à la vigilance de ceux qu'ils espionnaient, ils étaient allés rapporter leurs informations... fausses, bien entendu.
Les plus gros carnages en avaient découlé.

Mais maintenant, ils ne savaient plus rien du tout et ne partaient se battre que lorsque les lycans étaient déjà arrivés sur le lieu d'une de leurs attaques, faisant un bon nombre de victimes avant même qu'ils puissent intervenir...

Aujourd'hui, Yoshiki échafaudait de nouvelles tactiques avec quelques uns des meilleurs stratèges de son équipe quand soudain, une violente douleur le pris, enserrant sa poitrine et son coeur dans un étau déchirant.
C'était une terreur, une douleur horrible.. .Et une seule image s'imposa à lui: Toshi.

Toshi avait peur.
Toshi avait mal.
Et pour la première fois depuis une éternité, Toshi le réclamait, lui.
Il, il avait tellement, tellement besoin de lui...

-Ils attaquent le village! fit un vampire en entrant brusquement dans la salle où Yoshiki arrivait à peine à tenir debout. L'école est en danger!

L'école?
Alors... c'était pour ça...

-Toshi... souffla-t-il, affolé.

Et avant que quiconque puisse le retenir, il était déjà parti, aussi rapide qu'un courant d'air.

Tiens bon mon amour, j'arrive.

Toshi en était à huit mois de grossesse. L'accouchement qui se rapprochait lui faisait peur surtout maintenant qu'il serait seul pour l'affronter.

Il ne sortait presque plus de l'école à cause du poids de son ventre. Il se trouvait vraiment hideux ainsi, avait du mal à marcher longtemps et se fatiguait vite. Non en fait...ce n'était plus la grande forme depuis trois mois qu'il avait été abandonné.

Il ne vit rien venir ce jour-là, enfermé comme d'habitude dans sa bulle de chagrin et d'apathie. Soudain le chaos s'abattit sur l'école. Il comprit ce qui se passait : c'était la plus grande crainte de Yoshiki, une attaque de loups-garous.

Par chance, c'était encore les vacances et il n'y avait que peu d'élèves. Mais ceuix qui étaient là ne risquaient pas de s'en sortir vivants.

Oh seigneur Uruha, Kaoru, Bou, les enfants...

Il avait peur comme jamais mais ses anciens réflexes de prof protecteur et responsable reprirent le dessus. Il était puissant lui-aussi, il devait aller aider ceux qui se battaient.

Alors il sortit et commença à user de toute la puissance de son pouvoir de foudre.

Partout les autres profs se battaient aussi. Toshi lâchait son pouvoir comme il ne l'avait encore jamais fait mais il était affolé de les voir si nombreux.

Un loup finit par lui sauter dessus et le mettre à terre. Il eut juste le temps de l'électrocuter avant qu'il le morde.

Et tout d'un coup...une terrible douleur au ventre.

Oh non...!

Les jambes coupées par la douleur, Toshi rampa et se cacha sous l'escalier qui montait aux dortoirs. La douleur ne cessait pas, elle l'empêchait de respirer. La bataille continuait mais il ne distinguait plus rien. Il gémissait, plié en deux et incapable de bouger. Oh non pas l'accouchement, pas maintenant !

Et les enfants ? S'il y avait des morts ?

- Non...gémit-il avec des larmes de peur et de douleur.

L'absence de Yoshiki lui parut plus innacceptable que jamais. A cours de solution, totalement paniqué, son esprit lança tout seul un appel de détresse.

Reviens...je t'en supplie reviens vite !!!

Yoshiki n'avait probablement jamais été aussi rapide.
Il volait presque, ses pieds ne touchant plus le sol alors qu'ils entait Toshi l'appeler inlassablement.
Mon dieu non... je, je ne peux pas... je n'ai pas vécu tout cela pour qu'il meurt maintenant!
Et Léara?
Mon bébé, ma fille, mon ange... Non...

Il sentait sa carapace s'effriter peu à peu alors qu'il atteignait le champ de bataille qu'était devenu son école.
Les larmes menaçaient de nouveau de couler et il sentait sa gorge se bloquer...

Toshi, Toshi... Où es-tu mon amour?

Reprenant ses esprits un instant, il ferma les yeux, se concentrant, et pu sentir la panique de son aimé, claire comme de l'eau de roche.
Alors ,il repris sa folle course, envoyant valser ces foutus lycans qui tentaient de l'attaquer avec une facilité déconcertante.
C'était fou ce que l'amour pouvait faire...

Et puis il le trouva.
Échevelé, fatigué et plié en deux par la douleur.

Une seconde, rien qu'une second,eil se figea en le voyant, son coeur se serrant mais... il y avait urgence...

Un des loups garous avait aussi repéré Toshi et il eut juste le temps de s'interposer alors qu'il lui sautait dessus se prenant une méchante balafre mais l'envoyant valdinguer, comme les autres.

Et puis, sans un mot, il souleva Toshi dans ses bras et couru vers les étages, bien décidé à le mettre à l'abri.

Toshi se tordait de douleur et pleurait.

Soudain, il se sentit soulevé et emporté mais pris de panique, il ne comprit pas tout de suite qu'il se trouvait dans les bras de son amant.

- Non..non...gémissait-il. Il ne faut pas, pas maintenant...Il reste encore un mois...et les enfants...

Il poussa un cri lorsqu'une contraction se déclara. Il se sentit déposé sur un lit et se rendit compte qu'il venait de perdre les eaux.

Il ouvrit brusquement les yeux, tremblants de tous ses membres pour apercevoir Yoshiki qui l'avait ramené dans leur chambre.

Le choc fut si violent qu'il en perdit la parole. Sauf pour gémir encore de douleur lorsqu'il y eut une autre contraction. Non qu'est-ce qu'il fichait là ?! De quel droit se ramenait-il comme Superman après ce qu'il lui avait fait ?!

- Fiche le camp !! Va aider les autres, va sauver les gosses mais laisse-moi tranquille pour l'amour du ciel ! Tu m'a fait assez de mal comme ça, de quel droit tu oses....

Yoshiki filait, paniqué mais étrangement calme.
Toshi passait avant tout, Léara aussi...

Il sentait tellement fort la panique et la douleur de son aimé qu'il manqua en chuter plusieurs fois mais il parvint à arriver à ses anciens appartement et déposa son pauvre fardeau sur ce qui avait été leur lit.

Seulement, Toshi, tout paniqué qu'il était, avait apparemment gardé un semblant de lucidité et ses paroles le blessèrent étrangement bien plus qu'il ne l'aurait cru..

Il soupira mais ne flancha pas.

-J'en ai tué déjà pas mal. dit-il d'une voix étrangement douce. Je sens la présence de ma mère ici, elle est forte, elle les fera fuir et les miens sont en route. Toi par contre, tu es seul... Alors je repartirais dès que possible puisque tu le souhaites mais, maintenant, tu n'as que moi, fais ton choix Toshi. Tu veux vraiment accoucher seul?

Ses mains tremblaient mais il les cacha derrière son dos.
Toshi...

Toshi avait une envie terrible de l'engueuler comme du poisson pourri :

- Non mais je rêve ?! Tu m'abandonnes pendant trois mois, tu me laisses crever de chagrin, t'as laissé en plan tous les gens qui t'aiment et maintenant tu te ramènes en disant que j'ai besoin de toi pour accoucher ! Eh ben détrompes-toi, je me débrouillerai tout seul ! Comme je me suis débrouillé tout seul depuis que tu t'es enfui !

En fait, accoucher seul le terrifiait mais la présence de Yoshiki lui faisait revenir tout le désespoir qui l'avait envahi lorsqu'il était parti. Il n'écoutait plus que ses émotions exacerbées et sa rancoeur accumulée. Il pleurait convulsivement, à la fois de chagrin et de souffrance :

- Dégage ! Je t'ai attendu...pendant des semaines et tu n'es pas revenu. Alors maintenant ne ramène pas ta tête enfarinée en croyant que je vais te pardonner !

La baffe partie toute seule.
Et Yoshiki s'en voulu avant même qu'elle ne touche la joue de son ancien amant.

Mais voilà, il avait craqué.
Parce que... Parce qu'il savait tout ça, il savait à quel point il avait fait souffrir Toshi, il l'avait senti mais... mais...
Non, c'était faux, il ne l'avait pas laissé seul ,il y avait des gens avec lui alors que lui... Lui avait lutté, désespérément seul et...
Et les paroles de Toshi lui avaient enfoncé un poignard dans le coeur...

-Je ne demande pas ton pardon, Toshi. dit-il simplement. Je ne te demande rien. Mais j'ai tout fait pour vous protéger, absolument tout et il est hors de quetsion que je te laisse mettre ta vie et celle de notre fille en danger.

Il l'avait frappé.
Il ne l'avait jamais fait auparavant.
C'était vraiment le sumum et si Toshi avait été en meilleur état, cette baffe au lieu de le calmer aurait encore augmenté sa colère.

Mais la douleur le torturait de plus en plus alors il ne put que décocher un regard noir à Yoshiki en serrant les dents.

Il ne pouvait pas rester comme ça, il fallait que...il se prépare à l'accouchement.
Seulement, il ne voulait pas que Yoshiki le touche.

Merde...ça ne devait pas se passer comme ça !

- Des serviettes...sinon je vais ruiner le lit...dit-il les dents serrés en se redressant pour retirer son jean.

Il ne regardait plus Yoshiki en faisant ça. Il l'avait vu nu des centaines de fois mais maintenant, se déshabiller devant lui le gênait. Il aurait voulu ficher le camp mais il était bel et bien coincé.

Yoshiki était totalement anéantit.
Tout s'écroulait, et encore plus que ce qu'il aurait pu penser...

Toshi, Toshi allait avoir son bébé et... Il n'avait même pas le droit de l'approcher. Il ressentait comme une tornade la rancœur, la colère... la haine que le brun avait envers lui et il fut pris d'un haut le coeur.

C'est bien au moins, toi tu auras réussi à te protéger.
Moi, mon coeur s'éteint mais tu ne dois même pas le sentir... heureusement.

Je... Je meurs Toshi...

- Des serviettes... sinon je vais ruiner le lit...

Mais Yoshiki ne bougea pas, incapable.
Il était... figé sur place par la douleur qui étreignait son coeur... et un mince filet de sang coula de sa lèvres.

Il s'enfuit.

Lorsque Toshi vit le sang sur la bouche de Yoshiki, il comprit qu'il avait fait une erreur.

Son amant s'enfuit avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit pour le retenir et il se retrouva seul, en proie à présent non seulement à la douleur mais aussi à une épouvantable angoisse relative à l'état de Yoshiki.

- Oh non, non...qu'est-ce que j'ai fait ? gémit-il.

Une autre contraction lui fit serrer les dents.

- MERDE !!!!

Luttant contre la douleur, il se désabilla et tenta de calmer sa panique pour se rappeler de ce qu'il avait appris sur la façon de respirer pour l'accouchement. Il ne pouvait plus faire autrement que de rester là en priant pour que la petite naisse vite et que Yoshiki ne fasse pas de bêtises en attendant.

Que quelqu'un veille sur lui par pitié !

Yoshiki était à bout de force.
Il en pouvait pas rester... Toshi ne voulait plus de lui et puis... Et puis sa présence risquait même d'être dangereuse, il ne pouvait se permettre de le mettre dans tous ses états alors qu'il vivait un instant pareil...
Et il devait les protéger...

-Ma... man...

Anélya se battait comme une furie et elle avait réellement fait un vrai carnage.
Les cadavres des loups garous se contaient par dizaines et le clan de Yoshiki, enfin arrivé, maîtrisait de mieux en mieux la situation.

-Yoshiki? s'étonna-t-elle.
-Ma... man... Toshi...
-Oh mon dieu Toshi!

Mais quelle idiote! Elle l'avait laissé seul!
Et si...?

-Mais restes pas planté là andouille, aides-moi à le chercher!
-Il est... là-haut... Maman il faut... que tu l'aides...

Anélya se calma un peu et se rapprocha de son fils.
Ce fut à cet instant qu'elle pu réellement constater les dégâts...
Yoshiki était maigre et encore plus pâle que son père... et son coeur...
Oh mon dieu son coeur!
Il était en train, de mourir, elle le sentait...

-Yoshiki... vas le rejoindre, il a besoin de toi.
-Non... Il ne veut plus... de moi...

Une violente douleur le pris et il se courba en deux, lâchant une impressionnante gerbe de sang au sol.

-Il me... hait, maman...
-Yoshiki...

Anélya avait désormais les larmes aux yeux.
Non, non... ce n'était pas possible, on ne pouvait lui enlever son fils ainsi, pas maintenant, pas comme ça...
Tremblante, elle vint le serrer dans ses bras.

-Yoshiki non... Tu dois te battre, pour ta fille au moins.
-Non... souffla-t-il. Maman je... Je l'aime, tellement...
-Je sais mon ange.
-Maman... S'il te plaît je... Je vais les retenir... Vas-y, vas... l'aider... Sauves mon bébé. finit-il dans un murmure rauque à son oreille.

Anélya ferma douloureusement les yeux, mettant quelques secondes à accepter tout cela, puis acquiesça en se redressant, adressant un mince sourire triste et amer à son fils alors qu'elle ne parvenait pas à tarir ses larmes.

-Je te le promets. souffla-t-elle en l'embrassant doucement sur la joue.

Et puis, elle fit volte face, persuadée que c'était la dernière fois qu'elle verrait son fils en vie.
Elle grimpa à l'étage à une vitesse hallucinante, rejoignant le pauvre Toshi qui souffrait le martyr.

-Je suis là chéri, je suis là. fit-elle aussi tendrement que possible malgré les larmes qui brouillaient sa vue. Ça va aller, on va y arriver, tous les deux d'accord? Laisses-moi voir ça...

De son côté, Yoshiki s'était jeté à corps perdu dans la bataille, y mettant toute sa rage, toute sa haine, tout son amour et surtout, ses dernières forces pour protéger la vie de ses anges.
Ses coups se faisaient de moins en moins précis mais restaient toujours aussi meurtrier alors qu'un voile noir commençait à se poser sur regard.
Bientôt, il ne serait plus...

( J'étais partie pour faire accoucher Toshi tout seul mais bon va pour la maman alors XD )

Toshi déchirait les draps à force de tirer dessus et il accueillit l'arrivée d'Anelya avec un immense soulagement.

Elle avait mis deux enfants au monde, elle saurait sûrement quoi faire.

- Ca fait tellement mal....Je suis sûr que c'est pas normal...Anelya...

Le mélange explosif de douleur, de peur et même de terreur que lui provoquait le double drame le submergeait complètement et lui faisait perdre tous ses moyens.

- Yoshiki était là...je l'ai jeté...j'ai peur qu'il fasse une bêtise...

Anélya était une femme forte.
Elle l'avait toujours été mais là elle tremblait sans pouvoir s'en empêcher.
Seulement, un enfant innocent allait venir au monde et elle était la seule à pouvoir lui sauver la vie...a lors elle le ferait, par amour pour son fils qui avait donné sa propre vie pour protéger ceux qu'il aimait.

- Ça fait tellement mal....Je suis sûr que c'est pas normal...Anélya...
-Tu es un homme Toshi. fit-elle d'une voix erraillée par le chagrin. Ton corps se transforme pour laisser passer le bébé, tu vas souffrir bien plus que n'importe quelle femme et vu les conditions, je ne peux rien te donner pour te soulager, je suis désolée... Mais ça va aller, tu verras.

On y arrivera, je suis là.

Elle commença donc à s'installe rentre les jambes de son gendre pour regarder où le travail en était.
Toshi ne saignait pas, c'était déjà ça et puis, elle se figea.

- Yoshiki était là...je l'ai jeté...j'ai peur qu'il fasse une bêtise...
-C'est trop tard... murmura-t-elle. C'est lui qui est venu me chercher pour que je te vienne en aide... Il avait peur, pour toi et pour le bébé... Il m'a supplié de vous sauver alors je l'ai laissé... Je ne pouvais rien faire de toutes façons, il est... condamné...

Prononcer ces mots était probablement la chose la plus difficile qu'elle eut à faire de sa vie.
Des flashs semblaient lui revenir, comme ce jour, il y avait plus de mille ans de cela, où ils avaient trouvé, avec l'amour de sa vie, un refuge... Et où elle avait mis Yoshiki au monde.
Aujourd'hui, c'était à lui d'avoir un enfant, même s'il ne le mettait pas directement au monde et, par amour pour lui, elle ferait en sorte que tout se passe bien.

-Toshi, mon petit... reprit-elle en tentant de maîtriser les tremblements de sa voix. Il va falloir y aller maintenant alors tu prends de grandes respirations et quand tu sens une contraction, du pousse d'accord?

Une vie pour une vie...
Quand tu seras née, petite Léara... Ton papa ne sera plus...

Condamné ?

Toshi crut que son coeur allait s'arrêter de battre. Yoshiki était en train de mourir.
Et il savait très bien pourquoi.

Il se mit à crier :

- NON ! YOSHIKI ! Yoshiki reviens !!! Ne me laisse pas encore une fois !!

Il criait autant à voix basse que mentalement en espérant que son amant l'entendrait d'une façon ou d'une autre.

Ne meurs pas non !!! Reviens, reste avec moi ne m'abandonne pas !!!

- Oh mon dieu, pleurait-il. C'est moi qui l'ait tué ! Qu'est-ce que j'ai fait...

Au même instant, il sentit un mouvement dans le bas de son ventre et crut que son corps se déchirait en deux. La pire étape de l'accouchement commençait.

Malgré ses centaines d'années de self contrôle, Anélya n'arrivait pas à taire ses larmes et désormais, elle sanglotait doucement, incapable de faire autrement alors que les paroles de Toshi, qui arrivaient trop tard, lui brisaient le coeur.
Yoshiki... Mon bébé..
Pourquoi es-tu aussi borné? Et aussi sensible.
Pourquoi l'aimes-tu autant?
Pourquoi l'abandonner ainsi, tous nous abandonner...?

Elle avait envie de hurler contre l'injustice de cette foutue planète mais la douleur de Toshi la ramena à la réalité et elle repris sa place de sage-femme.

-C'est bien Toshi... c'est bien... Continues comme ça... Aller pousse!

Pousses bonhomme, bientôt tu seras papa...

Toshi poussait. Mais son esprit et son corps faisaient deux choses différentes. L'un donnait la vie et l'autre pleurait, hurlait mentalement en appelant Yoshiki.

Maintenant il réalisait qu'il sentait le mal de son amant, il avait le sentiment de mourir avec lui.

Yoshiki ne me laisse pas...je ne m'en sortirai jamais sans toi. Pardonne-moi reviens...

Le sang de l'accouchement tachait les draps, il haletait sous la douleur mais il sentait le bébé qui descendait.

Le travail avançait, lentement mais sûrement et Anélya faisait appel à tout son sang froid pour garder son calme.

-Je vois la tête! s'écria-t-elle soudainement. Aller, encore un effort!

Et bientôt,ce fut enfin la délivrance.
Anélya reçu dans ses mains un bébé, vraiment petit mais qui semblait bien vivant et qui ne mis pas longtemps à hurler à pleins poumons.
Sa grand mère l'enveloppa rapidement dans une serviette, la débarbouillant au plus gros et puis, elle la posa contre la poitrine de son père qui avait perdu beaucoup de sang.

-Là... ça y est, c'est finit... fit-elle en pleurant de plus belle. Elle est ... magnifique Toshi... Félicitation...

Pourquoi n'arrivait-elle pas à être heureuse?

De son côté, Yoshiki agonisait.
Il s'était pris des coups, il ne tenait plus debout mais de toutes façons, la bataille était quasiment finie... Et ils avaient gagné...
Les autres vampires faisaient prisonnier le peu de loup-garous survivants et lui, lui sentait son dernier souffle de vie lui échapper...

-Toshi... murmura-t-il faiblement en fermant les yeux...

Il revoyait son visage, son sourire... Mentalement, il pouvait redessiner chacune de ses courbes, il sentait la douceur de sa peau sous ses doigts, sous ses lèvres il... Il le sentait là, tout au fond de son coeur.
Celui qui il n'y a pas si longtemps que cela, l'aimait encore plus que tout...

Il rentrouvrit un peu les paupières, attendant la mort en se vidant de son sang, jetant un dernier coup d'œil sur ce qui l'entourait quand son regard fut attiré par une ombre qui semblait s'échapper et monter...
Monter?
...
... Toshi...

Avec l'énergie du désespoir, mutilé et agonisant, Yoshiki se releva tant bien que mal, crachant du sang et laissant une longue traînée carmine derrière lui.

Dans la chambre, la porte s'ouvrit à la volée et Anélya sursauta.
Un lycan...

Voulant protéger son gendre et sa petite-fille, elle se jeta sur lui mais fut évincée comme une vague poussière.
Le loup garou était en colère, très en colère et apparemment affamé, prêt à se jeter sur Toshi...

Seulement, un homme l'en empêcha.
La main de la bête, prête à arracher le nouveau-né, se referma sur des intestins... Il avait transpercé Yoshiki de part en part.
Yoshiki qui le regardait en souriant doucement.

Et puis, le bras se retira... et il s'effondra au sol alors que son clan faisait prisonnier le dernier lycan encore en liberté...

Dans un dernier accès de souffrance, Toshi sentit enfin le bébé sortir.

Hélàs lui non plus n'eut pas la force de se réjouir autant qu'il l'aurait fallu. Dire qu'il avait imaginé cet instant comme l'un des plus beaux moments de sa vie.

Endolori de partout, faible, il prit immédiatement son bébé contre lui lorsque Anelya le lui tendit. Il était tout petit mais aussi ravissant que dans son imagination.

Il l'embrassa plusieurs fois, sur son tout petit front en pleurant:

- Oh ma chérie te voilà enfin...! Je suis désolé...de ne pas t'accueillir comme il se doit. J'ai fait une terrible erreur si tu savais. Je dois essayer de sauver ton père.

Il tendit le bébé à Anelya :

- Prenez-la un instant, je vous en supplie ! Je voudrais prendre le temps de la regarder mieux mais je ne peux pas, je dois sauver Yoshiki quoi qu'il m'en coûte !!

Hélàs, il n'en eut pas le temps car à sa grande horreur, un lycan débarqua dans l'appartement, visiblement attiré par lui et le bébé.

Il reprit Léara contre lui, prêt à tout pour la protéger. Et quand il releva la tête....Yoshiki était là. Il avait tué le lycan...mais il avait un énorme plaie dans le ventre.

Toshi poussa un cri de désespoir. Il posa le bébé sur le lit et, tenant à peine sur ses jambes, vêtu seulement de la chemise qu'il avait gardée, il se jeta dans les bras de Yoshiki :

- Yoshiki ne meurs pas NON ! Pardon, pardon...Je n'aurais jamais dû être aussi cruel ! Je t'aime, je t'aime plus que tout, je t'aime aussi fort qu'avant !! Regarde elle est née, elle est jolie comme un coeur !!! Il faut que tu tiennes pour nous, je t'en supplie. !!!

Il le tenait dans ses bras, lui caressait les cheveux et l'embrassait, le corps convulsé de sanglots.

Ils étaient couverts de sang.
Leurs beaux habits étaient en miettes mais ils avaient survécus.
Ils s'étaient bien battus, se protégeant mutuellement et les autres aussi...
Oh bien sûr, ils avaient quelques blessures, superficielles, mais dans le fond, ils allaient bien.
Seulement, ils avaient perdu de vu Toshi et leur grand mère au tout début de la bataille et ils étaient terrifiés...

Ils cherchèrent partout avant de se diriger vers l'appartement que Toshi occupait toujours, entendant du bruit à l'intérieur.
Mon dieu, faites que tout aille bien!

Ils entrèrent, entendant un bébé pleurer... et sourirent.
Leur petite sœur était née alors?

Mais quand ils atteinrent la chambre, ils se figèrent sur place.
Leur père, méconnaissable, était là, gisant sur le sol dans une marre de son propre sang et Toshi semblait, désespéré.

-Papa... murmura Hizaki. Papa! Papa!!!!!

Kamijo eut un mal fou à retenir sa Princesse qui se précipitait sur le corps sans vie de son père.

-Hizaki arrête!
-NON! Non... Papa non il ne peut pas... Non Kami non...

Hizaki fondit en larmes,chutant à genoux et son frère le rejoignant pour le serrer douloureusement dans ses bras.

Anélya, elle, tentait de calmer la pauvre Léara, affolée par tout ces cris et encore bien faible.
Après tout, elle était si petite...

-Hizaki. souffla-t-elle. Prends ta sœur Princesse, s'il te plaît je... Je dois m'occuper de Toshi, il va se vider de son sang sinon...

Hizaki redressa un visage ruisselant puis, les mains tremblantes, acquiesça et pris le petit ange contre elle, le berçant en continuant à pleurer.

Anélya, elle, s'agenouilla près des deux corps enlacés.
Yoshiki avait encore les yeux ouverts, il n'y avait pas de doutes, c'était le visage de Toshi qu'il avait vu en dernier, juste avant de mourir, et cela lui fit avoir un maigre sourire alors que du bout des doigts, elle fermait ses paupières.

-Toshi... souffla-t-elle en posant une main sur son épaule. Arrêtes... Ça ne sert plus à rien maintenant, il est parti...

Et je sais que tu l'aimes mais le lien qui vous unissait n'est plus le seul maintenant et celui qui te lie à ta fille te maintiendra en vie malgré ta douleur...

Toshi n'entendait plus rien, ne voyait plus rien.
Hébété, il fixait les yeux sans vie de son amant.

Il continuait de saigner, il se sentait de plus en plus faible mais il ne luttait plus.
Plus rien d'autre ne comptait. Yoshiki n'était plus là.

Plus là... alors pourquoi n'était-il pas mort en même temps que lui ? Il aurait dû ressentir un déchirement, n'importe quoi et pourtant il n'y avait rien eu.

Il n'avait même plus la force de pleurer. Il resserra encore plus Yoshiki contre lui.

- Il n'est pas mort...souffla-t-il avant de perdre connaissance.

Léara était vraiment minuscule...
Comment un aussi petit bébé pouvait-il vivre?
Hizaki se le demandait, la maternant tant qu'il pouvait alors que le pire drame qui soit se jouait juste à côté d'eux.
Toshi était totalement anéanti et Anélya se sentait prête à s'évanouir de chagrin.
Mais une nouvelle âme vint faire son apparition dans la chambre.

-Grand-père... souffla Kamijo en le voyant arriver.
-Tout le monde va bien? s'inquiéta-t-il. J'ai entendu les gens, parler de l'attaque alors je suis venu...

Anélya se jeta à son cou en sanglotant violemment.

-Keigo... Oh mon dieu Keigo, il est mort... Mon bébé, mon petit bébé....
-Hein?

Anélya qui avait fait tant d'efforts jusque là semblait désormais inconsolable...

-Papa. souffla le Prince qui arrivait encore à articuler. Il... Il nous a quitté...

Keigo se figea sur place, une douleur sourde dans le fond du coeur.
Yoshiki?
Yoshiki était... mort?
Non... Impossible il... Non...

Se dégageant de l'étreinte de sa femme qui chuta au sol, le visage entre les mains pour y pleurer tout son saoul, Keigo se dirigea vers l'endroit où gisait le cadavre de son fils.
Toshi était là aussi, inconscient et si faible...
L'esprit encore presque clair, il le remis doucement sur le lit.
Yoshiki n'aurait pas aimé qu'on le néglige.
Et puis, il se pencha sur son fils.

Son corps était dans un état lamentable...

-Yoshiki... souffla-t-il comme une prière. Mon petit homme... Reviens, je t'en prie...

Tu as été notre miracle Yoshiki, tu n'as pas le droit de nous faire ça...

-Anélya, je n'y connais rien moi... Dis-moi ce qu'il faut faire, il y a forcément quelque chose à faire!

Mais la pauvre femme, mère qui venait de perdre son enfant, semblait sourde.

Alors, Keigo la rejoignit, la prenant par les épaules et la forçant à se lever.

-Anélya! cria-t-il fortement. Bordel réveilles-toi! Il n'est peut-être pas encore trop tard, tu le sais... Les morts ne le sont pas tout de suite alors réfléchis! Qu'est-ce qu'il faut faire pour le ramener?
-... Je peux... rien faire... murmura-t-elle.
-Qui alors? Qui?!
-Il faut... il faut...

Ses yeux s'écarquillèrent soudain.

-Toi...
-Quoi moi?
-Toi... Tu es, tu es le seul... Keigo, tu es le seul à pouvoir le ramener!

Les jumeaux levèrent la tête, intrigués et effrayés à la fois.

-Comment ça?
-Ton sang tu... Yoshiki est plus puissant que nous tous... Sauf toi... Ton sang, ton sang est pur, si pur Keigo tu, tu peux le ramener il faut... Il faut le laver, arrêter les hemmoragies et... Il faut que tu lui donnes ton sang Keigo.
-Et bah voilà!

Aussi tôt dit, aussitôt fait.
Hizaki resta avec Léara dans les bras, veillant sur Toshi alors que les trois autres faisaient aussi vite que possible, effaçant le sang des lycans sur le corps du directeur,recousant à l'arrach' ses plaies et puis, une minute plus tard environ, Keigo s'ouvrait le bras profondément.
Les vrais vampires n'avaient que très peu de sang dans leur veines et plus le temps passait, moins ils en avaient... ce fut difficile d'en faire couler dans la bouche de Yoshiki mais ils y parvinrent, Keigo devant finir par mordre son propre petit fils pour rester lucide. Kamijo s'offrit volontiers à lui.

-Et maintenant?
-Maintenant, on attend...

Pendant ce temps, Anelya, à demi pâmée de chagrin, avait soigné Toshi et l'avait recouvert décemment d'un peignoir avant de le coucher.

Il fallut un long moment avant qu'il reprenne connaissance mais dès qu'il eut ouvert les yeux, son premier mot fut :

- Yoshiki...

Il tourna péniblement la tête vers Hizaki et vit qu'il tenait son tout petit bébé. Il tendit les bras.

- Donne-là moi s'il te plaît...je...je dois m'occuper d'elle...

Il était totalement anesthésié par le chagrin mais une sorte d'instinct le poussait à s'occuper de son bébé coûte que coûte.

Keigo ne savait pas quoi faire... l'attente semblait interminable quand Toshi s'éveilla enfin réclamant son fils... Puis le bébé qu'Hizaki, encore chancelant, vient lui déposer délicatement dans les bras.

-Merci. murmura-t-il. Tu nous as offert la plus magnifique des petites sœurs...
-Ça marche!

Tous se retournèrent vers Keigo, au chevet de son fils.
Le sang coulait de nouveau, de sa bouche et de quelques unes de ses plaies... Il coulait...
Bon dieu son coeur battait!
Faiblement, certes, mais il battait!

Hizaki s'évanouit.

Toshi ne réussit qu'à faire un sourire triste en réponse à Hizaki.

Il prit son bébé qui gémissait doucement, se coucha sur le côté et le mit sur contre sa poitrine, enveloppé dans les pans de son peignoir mais tout contre sa peau.
C'était incroyable comme sensation, il en avait tant rêve de pouvoir tenir ainsi contre lui son bébé qu'il avait tant attendu.

Léara, blottie dans sa chaleur, s'endormit, ses poings minuscules serrés de chaque côté de son visage. Toshi posa sa joue sur sa tête douce et écouta ce qui se passait dans la pièce.

Il était incapable de se lever et pour lui, il n'y avait plus d'espoir. Ses yeux trahissaient un chagrin passé au-delà des larmes et de l'expression.

Et puis, il y eut un miracle. Il entendit que le coeur de Yoshiki battait de nouveau.

Il se redressa dans son lit et fixa le corps de Yoshiki, sans un seul mot, hésitant à croire en un espoir qu'il ne supporterait pas de perdre de nouveau.

Hizaki s'évanouit. Sûrement dû à l'émotion mais il ne pouvait pas l'aider. Ses forces se résumaient juste à rester assis là, Léara contre lui, à attendre une nouvelle qui lui apporterait un véritable espoir ou un deuil éternel.

Kamijo eut à peine la présence d'esprit de retenir son frère, totalement sous le choc alors qu'Anélya poussait un cri.
Oh mon dieu Yoshiki, mon bébé, mon tout petit...

Oubliant les autres, elle se précipita sur son fils, constatant l'étendue des dégâts.

-Il faut le soigner. balbutia-t-elle. Vite il, il ne tiendra pas longtemps...

Le sang de Keigo avait beau être puissant, il ne pourrait venir à bout de tout cela...

Aidé de son mari, Anélya sorti toutes les potions cicatrisantes qu'elle trouva, tous les bandages,les compresses et les désinfectant possible.
Et pendant une éternité, elle le soigna tendrement, nettoyant ses plaies, les pansant, faisant disparaître les plus minimes, soupirant en voyant les autres... Tout ce qu'elle espérait, c'est que Yoshiki tiendrais le coup...

Et puis, quand ce fut finit, elle demanda à Keigo de le transporter dans une autre chambre pour qu'il soit au calme en dans des draps propres ce qu'il fit sans broncher.
Anélya s'était enfin calmée finalement, et elle s'assit au chevet de Toshi avec un doux sourire, posant une main sur sa joue.

-Ça va aller... murmura-t-elle. Il, il est vivant,on va le soigner...
-Il va vraiment... vivre? balbutia Kamijo qui ne savait plus où donner de la tête.
-Il est faible... Et blessé très gravement. répondit-elle. Aussi bien physiquement que psychologiquement et puis, ses pouvoirs en ont pris un coup mais... Il est vivant alors, il y a encore de l'espoir. Nous ferons tout ce qu'il faut pour le sauver.