Drocell "London Bridge is falling down, falling down, falling down..."

« Faisons la de sable mouillé, sable mouillé, sable mouillé… faisons la de sable mouillé, ma jolie maman… »

Drocell n’avait jamais trop comprit pourquoi ses parents le gardaient jalousement enfermé chez eux. Pourquoi son père restait distant, pourquoi sa mère, après avoir chanté sa berceuse préférée, allait se disputer avec son père de longues heures. Il ne comprenait toujours pas alors que, penché sur son cadavre, il voyait son corps disparaître derrière une couche de sable fin, mouillé. Mouillé comme les larmes qui coulaient de son regard turquoise. Il ne savait plus trop ce qu’il venait de se passer. Elle avait chanté et puis, un cri, profond, venu du salon, l’avait réveillé en sursaut. Descendant les marches, la première vision qu’il eut fut celle d’un canon de pistolet, pointé vers lui, puis le bruit de quelqu’un qui tirait.

« Meurs, monstre ! »

Mais il n’était pas mort. Drocell ne connaissait pas la douleur. Parce que lorsqu’il tombait, Il le protégeait. Il avait toujours été là pour lui. Le sable, le sable le protégeait alors, il n’était pas mort. L’enfant regarda autour de lui, ses parents étaient au sol et, il y avait ce liquide rouge qui coulait autour d’eux. Des hommes, habillés en noir comme si cela les protégerait de quoi que ce soit, avaient investi sa maison. Après, Drocell ne se souvient pas. Le Sable a reprit le dessus, et il s’est simplement réveillé allongé aux côtés de ses parents. Après avoir enseveli les siens dans le jardin, l’enfant s’est levé, et a marché. Longtemps, jusqu’à tomber de fatigue, couvert du sang d’autres personnes qu’il n’a pas ensevelies, elles. Non, il a juste marché…

« Eh Poil’de’Carotte ! Regardez c’est la Carotte ! T’es pas beau, t’es pas… AHHH… »

« Faisons-le de sable sec, sable sec, sable sec… Faisons le de sable sec… comme l’est son cœur… »

Longtemps seul dans les rues de Londres, Drocell a grandit sans doute grâce à l’esprit qui l’abritait. Sa chevelure rousse et son apparence un peu frêle ne l’aidèrent pas cependant à se faire l’ami des enfants de son quartier. C’est après cet accident avec l’un des enfants qu’il dû fuir, et trouver un autre endroit. Malgré ses 10 ans, il n’a jamais vraiment grandit, victime de son passé, enfermé dans son enfance, un bébé dans le corps d’un enfant clandestin. Sans avenir. Après le meurtre mystérieux d’un enfant broyé dans du sable, retrouvé enfermé dans une coque de la même matière, le petit roux de la vieille rue disparu lui aussi. Et encore une fois, Drocell marcha, longtemps. Très longtemps.

« Eh toi ! Tes statues, elles sont géniales ! Viens travailler pour moi. »

Deux ans plus tard, un transport clandestin et des kilomètres plus loin, Drocell vivait au bord d’une plage française. Là, il y avait tellement de sable… Il s’amusait à leur donner de jolies formes. C’est à ce moment qu’il est arrivé. Son vrai nom, Drocell n’a jamais su le prononcer. On l’appelait simplement Jocker, dans la Famille. La Famille, c’était une fête foraine où Drocell partit travailler. Il devait juste faire de belles sculptures et puis, on lui donnait de si beaux vêtements, Drocell n’en demandait pas plus que ça. C’était un peu comme une nouvelle famille. Seulement, les changements fréquents dans le caractère du jeune homme commençaient à agacer. Alors, à l’aube de sa 16ème année…

« Faisons les de sable rouge… sable rouge, sable rouge… Faisons les de sable rouge… Couleur de feu… »

Ce n’était pas de sa faute. Non, pas de sa faute. Il n’avait rien demandé. Il dormait simplement, dans sa caravane. Et puis, il avait fait chaud. Très chaud. Des flammes, partout. On avait mit feu à sa caravane. Pourquoi ? Parce que deux des forains l’avaient vu jouer avec le sable… Alors, il faut tuer le monstre n’est ce pas ? Mais Drocell… N’a jamais été blessé. Quoi qu’il arrive, lorsqu’il était en danger, le sable le protégeait… Et se vengeait. Il ne faudrait pas que Drocell pleure… Mais cette fois encore… Où aller ? Drocell se remit à marcher… A marcher longtemps.

London Bridge is Falling down, falling down… falling down…. London Bridge is falling down… my… fair… Lady…

Un an. Un an à aller de ça, de là. Sans arrêt. Changer de pays, ne jamais s’arrêter. Il ne s’accrochait à rien. Comme rêvant d’un papillon qu’il suivait, Drocell vécu en voyageur. Les nuits ne furent pas simple mais il avait passé une grande partie de son enfance dans les rues. Mais une nuit, quelques temps après son dix-septième anniversaire, il rencontra un homme. Cet homme, il connaissait un endroit où il pourrait aller, et où on ne le jugerait pas. Il devait juste empêcher le Sable de faire du mal aux gens… C’est ainsi que Drocell prit la route pour la Tsuki Academy.

« Il y a deux caractères en Drocell. Ce n’est pas qu’il est schizophrène. C’est qu’il y a deux « personnes » bien distinctes. Il y a Drocell, le petit garçon de 5 ans qui ne grandit pas. L’enfant, qui ne sait pas bien compter, pas vraiment lire et écrire, ce n’est pas vraiment ça non plus. Il aime les dessins, les jolies couleurs et c’est un grand joueur. Il adore les poupées et les peluches, ainsi que les beaux vêtements ! C’est vraiment un enfant avec un corps d’adolescent. Il n'a pas de conscience du bien et du mal. Enfin si il en a une mais, pas du tout la même que les gens "normaux.". Il lui arrive souvent de ne pas se souvenir de ce qu'il se passe quand l'esprit du Sable le contrôle.

Il s’en rend compte, et semble parfois avoir des moments de lucidité. Mais ils sont très rares.

L’autre, c’est l’Esprit du Sable. Il n’a pas vraiment de nom, puisqu’il n’est qu’un esprit habitant le corps de l’élémentaire. Il a cependant une volonté propre. Pour survivre, il prend possession du corps d’Elémentaire en mettant au monde l’humaine destinée à porter un tel enfant. Oui, la mère de Drocell fut infidèle. Cependant, cet esprit n’a pas de préférence sexuelle. Il s’amuse avec tout. Colérique, cynique, possessif et malin, l’Esprit n’a rien de l’enfant qu’il possède. Cependant il le protège jalousement alors attention… Contrairement à Drocell, il se souvient de tout ce qui a lieu quand c'est l'humain qui contrôle leur corps. Il est conscient aussi pendant ce temps. »